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Il a mutilé et ruiné des patients dans son cabinet: qui est Mark Van Nierop, le "dentiste de l'horreur"?

Il a mutilé et ruiné des patients dans son cabinet: qui est Mark Van Nierop, le "dentiste de l'horreur"?
Capture d'écran du site néerlandais omroepwest.nl
 
 

Mutilations, violences sur personnes vulnérables, escroqueries, faux en écriture: le Néerlandais Jacobus Marinus - dit Mark - Van Nierop, surnommé "le dentiste de l'horreur" dans la Nièvre, est jugé à partir de mardi par le tribunal correctionnel de Nevers.

A Château-Chinon (Nièvre), désert médical notoire, l'installation en 2008 de ce praticien, recruté par un chasseur de tête, était une aubaine pour les habitants, obligés depuis plusieurs années de faire près de 20 km pour réaliser des soins dentaires. Belle plaque en cuivre, cabinet moderne. Lui, carrure de rugbyman, est décrit comme avenant. Sa femme opère comme prothésiste.

Il s'installe dans une maison bourgeoise à 25 km et entame d'importants travaux pour construire notamment une piscine intérieure et une cave à vin. Une ancienne voisine, qui a requis l'anonymat, se souvient l'avoir vu arriver "avec des choses énormes: un gros 4X4, un gros chien, un gros cigare".

Désormais, les rideaux restent tirés et à l'extérieur, les matériaux ont été abandonnés par les artisans.

"Il a fait de gros dégâts", confie la jeune femme en évoquant "des personnes âgées qui ne peuvent plus parler" depuis qu'elles sont passées entre les mains de M. Van Nierop. Elle-même, après des soins, a été "sensible au chaud et au froid pendant six mois et ne pouvait plus boire", mais elle n'a pas voulu porter son cas devant la justice.


Il faisait une "petite piqûre" à ses patients: "On était endormi, lessivé, on avait la moitié de la figure endormie pendant cinq ou six heures"

Dès mars 2011, l'Ordre des chirurgiens-dentistes a lui déposé plainte pour pratiques illégales, l'épouse exerçant sans diplôme. Et les plaintes de patients commencent à affluer, tandis que se constitue un "collectif dentaire" autour de Nicole Martin. Sa première visite chez M. Van Nierop, pour un composite, cette retraitée de l'enseignement l'évoque comme "l'entrée dans un système, presque de gourou".

"Toutes les fois, il nous faisait ce qu'il appelait 'un petit piqûre' et on était endormi, lessivé, on avait la moitié de la figure endormie pendant cinq ou six heures et quand on sortait, on trouvait un post-it pour un rendez-vous le lendemain ou le surlendemain", raconte celle qui a eu des "dents saines dévitalisées, des dents arrachées à cause d'abcès" et s'est vu poser une couronne "trop petite".

Sous prétexte de mettre à jour sa carte Vitale, le Néerlandais en profita même pour réclamer 1.400 euros de soins à sa mutuelle, s'étrangle-t-elle.

Surtout, la facturation de "quinze soins" en une seule visite sème le "doute" chez Mme Martin qui apprend par une assistante dentaire qu'elle n'est pas seule dans son cas.


120 victimes se sont manifestées

Au total, 120 victimes se sont signalées auprès du collectif, conseillé par un des avocats de la retentissante affaire du Médiator, Me Charles Joseph-Oudin. Fin juillet 2012, le Néerlandais prétend avoir le bras paralysé après une chute et son cabinet reste alors porte close. Le 7 juin 2013, il est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Le 26 décembre 2013, sa compagne signale sa disparition et un mandat d'arrêt international est délivré à son encontre. L'homme avait fui au Canada, où il est interpellé en septembre 2014, tentant alors de mettre fin à ses jours.


Il prétend avoir tué sa femme et être transsexuel

Extradé vers les Pays-Bas, M. Van Nierop, 51 ans aujourd'hui, "a dit avoir tué sa première femme, il a joué la folie, il a dit être transsexuel... Il a joué le tout pour le tout" pour ne pas être renvoyé en France, où il encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende, souligne Mme Martin.

Selon la cour d'appel de Bourges, la demande d'entraide judiciaire adressée aux Pays-Bas a révélé que Jacobus Van Nierop y avait fait l'objet de sanctions disciplinaires après des plaintes.


Pas d'explication de sa part: ses gestes horribles restent un mystère

Pour Me Joseph-Oudin, le procès doit permettre de "comprendre comment on en est arrivé à de tels comportements", les explications de M. Van Nierop étant "inexistantes ou farfelues". L'indemnisation des victimes reste, elle, un "problème" selon l'avocat, le dentiste étant insolvable et son assurance ayant annulé son contrat. Sur ce point, un arrêt de la cour d'appel de Bourges est attendu mi-mars.

"Il faut surtout que ce procès serve d'exemple pour que plus jamais on n'installe quelqu'un, en ville ou à la campagne, sans vérifier en amont ses compétences", estime Mme Martin.

L'audience doit durer une dizaine de jours.


 

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