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Mutilations, dents arrachées, trous énormes: le dentiste de l'horreur condamné

Mutilations, dents arrachées, trous énormes: le dentiste de l'horreur condamné
 
 

En France, le dentiste de l'horreur a été condamné à 8 ans de prison par le tribunal correctionnel de Nevers. C'est un Néerlandais qui s'était installé dans la Nièvre en 2008 et qui, en quelques années, avait mutilé des dizaines de patients contre des remboursements toujours plus importants de l'assurance maladie. Il est aussi condamné à l'interdiction définitive d'exercer.

Le Néerlandais Mark Van Nierop, surnommé le "dentiste de l'horreur" pour avoir mutilé des dizaines de patients dans la Nièvre, a été condamné mardi à huit ans de prison par le tribunal correctionnel de Nevers. Le tribunal, devant lequel il avait été jugé en mars, a ordonné le maintien en détention du prévenu et assorti sa peine d'une interdiction d'exercer définitive et de plusieurs amendes d'un montant total de 10.500 euros.


"L'absence de compassion (de M. Van Nierop) et son mépris"

Le jugement, qui fait 130 pages, reconnaît que 85 patients ont subi des violences, dont 45 des mutilations. 61 personnes ont été considérées comme victimes d'escroquerie, sans compter les organismes sociaux. "Cela fait quatre ans que nous sommes partis en guerre, et c'est une sacrée victoire car nous n'étions pas sûrs qu'il écope de huit ans, même si cela ne paraîtra jamais suffisant pour les personnes handicapées à vie", a déclaré à l'AFP Nicole Martin, présidente du "Collectif dentaire" qui regroupe des victimes. Pour l'avocat de ce collectif, Me Charles Joseph-Oudin, c'est aussi "une très grande satisfaction sur la peine. Les gens attendaient avec impatience la réponse pénale. Ils considèrent qu'elle est adaptée à la gravité des faits, à l'absence de compassion (de M. Van Nierop) et son mépris".


"Violences dont le but ultime était d'obtenir des remboursements"

Lors du procès, du 8 au 14 mars, la procureur de la République à Nevers, Lucile Jaillon-Bru, avait requis huit ans de prison en faisant écho à une expertise psychologique selon laquelle la personnalité du dentiste néerlandais alliait "absence totale de compassion" et "cupidité". La magistrate avait dénoncé le "désastre sanitaire" causé par cet homme de 51 ans, auteur de "violences dont le but ultime était d'obtenir des remboursements" toujours plus importants de l'assurance maladie.

Avant l'audience, des victimes avaient raconté à l'AFP leurs souffrances, évoquant "huit dents" arrachées d'un coup, un "trou énorme" laissé dans la bouche et des infections à répétition. Des souffrances payées au prix fort et qui perdurent encore pour beaucoup. Contactée via son cabinet, l'avocate du prévenu, Me Delphine Morin-Meneghel, n'était pas joignable dans l'immédiat. A l'audience, Mark Van Nierop, au visage bouffi, était resté quasi mutique dans le box, se bornant à répondre à la plupart des questions par un laconique "pas de commentaire". Son avocate avait plaidé qu'il avait "besoin de paraître pour être".


Dès 2011, les plaintes de patients commencent à s'accumuler

En 2008, c'est un homme avenant, à la carrure de rugbyman et qui menait grand train, que les habitants de Château-Chinon ont vu débarquer. Dans ce désert médical notoire, l'arrivée du dentiste, recruté par un chasseur de tête, était une aubaine. Mais dès 2011, les plaintes de patients commencent à s'accumuler. Ceux-ci dénoncent des soins douloureux et mal réalisés, ainsi que des surfacturations et diverses malversations. Sous l'impulsion d'un de ces malheureux patients, un collectif est créé. Il recensera jusqu'à 120 victimes.


Il avait fuit au Canada

Inquiété par la justice française en 2013, Mark Van Nierop prend la fuite au Canada. Il y est interpellé en septembre 2014 alors qu'il tente de mettre fin à ses jours, avant d'être remis à la justice néerlandaise puis française. Sur une centaine de victimes, la procureur avait retenu des mutilations pour 53 d'entre elles, demandant une requalification des faits pour 20 autres, notamment en "violences avec préméditation", et trois relaxes.

Au final, le prévenu a été relaxé des faits de violences sur six victimes et de certains faits d'escroquerie, le tribunal ayant aussi requalifié les faits pour deux patients. Le tribunal a statué sur une partie seulement des préjudices et renvoyé pour le reste à une audience, prévue le 16 juin, "pour statuer sur les préjudices patrimoniaux".


 

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