Elio Di Rupo, le président du Parti socialiste, était l'invité du RTLinfo 19H ce jeudi. Suite à l'annonce du cdH de se retirer des gouvernements régionaux, l'ancien Premier ministre a répondu aux questions d'Hakima Darhmouch sur la crise politique.
"Il sent qu'au sein de son propre parti, il y a des divisions et de la faiblesse"
Nous avons d'abord confronté Elio Di Rupo à l'enregistrement des déclarations de Benoît Lutgen. Le président du cdH avait annoncé ce lundi le retrait de son parti des gouvernements régionaux. À la région wallonne, le cdH partageait le pouvoir avec le PS, tout comme à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Au gouvernement de la région de Bruxelles-Capitale, le cdH était allié au PS et à DéFI (ex-FDF).
Le président du cdH a annoncé vouloir créer une rupture et dénoncé la présence du Parti socialiste au pouvoir depuis 30 ans. Un élément qui a choqué Elio Di Rupo. "Quand il dit qu'on est là depuis 30 ans, eux, le PSC (ndlr: ancien nom du cdH), le cdH, ils sont là depuis 1830. J'ai calculé qu'ils sont là depuis 149 ans. Et c'est vrai que parfois, à la lumière de leur attitude, il serait grand temps qu'ils se retirent. D'ailleurs, c'est parce qu'il y a une grande faiblesse au sein du cdH qu'il a agi comme il a agi", a répliqué le président socialiste.
Elio Di Rupo n'en est pas resté là, et a dénoncé les cadavres dans le placard du cdH. "Au cdH, il y a eu des affaires. Que ça soit à l'égard des déchets avec le ministre Di Antonio, ou que ce soit d'autres situations que je ne vais pas citer… À chaque fois, le Parti socialiste est resté extrêmement correct. Nous n'avons jamais poussé nos partenaires, parce que nous les respectons", a déclaré Elio Di Rupo. "Ce qui est insupportable dans ce qu'il dit, c'est qu'il accuse ses partenaires simplement parce qu'il sent qu'au sein de son propre parti, il y a des divisions et de la faiblesse, et il veut essayer de faire un grand coup médiatique", a-t-il ajouté, visiblement en colère.
Les ministres PS et cdH doivent encore travailler ensemble…
Suite au départ du cdH, une phase de transition s'est ouverte. Les gouvernements régionaux doivent effectivement poursuivre le travail, car une autre majorité gouvernementale n'a pas encore été présentée dans les parlements régionaux. "J'ai demandé à l'ensemble de mes ministres et présidents d'assemblée de continuer le travail. Nous voulons aller au bout du bout. Nous travaillons avec calme et sérénité, mais reconnaissons qu'une attitude comme celle-là n'est pas digne. Ce n'est pas digne pour nous, Francophones, de donner cette image à la face du monde, et à la face des Néerlandophones", a déclaré Elio Di Rupo.
Elio Di Rupo et Ecolo veulent se rencontrer
Après avoir rencontré le président du MR Olivier Chastel ce mercredi, Benoît Lutgen s'est entretenu avec les co-présidents d'Ecolo ce jeudi à Namur. Elio Di Rupo a d'ailleurs publié un tweet ce jeudi: "Propositions ECOLO sur démocratie et pratiques politiques: je me réjouis de constater que nos approches se rejoignent sur de nombreux points".
Hakima Darhmouch a questionné le président socialiste sur ce point. "Vous lancez un appel solennel à DéFI et Ecolo pour former de nouvelles majorités?", a-t-elle demandé. "Nous n'en sommes pas là. Je pense qu'il faut laisser le temps au temps, mais je dois dire que je suis heureux de l'initiative d'Ecolo. Je les verrai lundi, à leur demande. On discutera de la gouvernance, des nouvelles attitudes à avoir dans le monde politique", a révélé Elio Di Rupo. "Ils ont 17 mesures. Je pense qu'il faut les regarder. Le Parti socialiste a tiré lui-même les leçons de ce qui s'est passé. J'ai provoqué un congrès, et le bureau du parti a décidé qu'il y aurait décumul, et le congrès va concrétiser cette mesure", a-t-il ajouté.
Après les déclarations d'Elio Di Rupo, Ecolo nous a finalement précisé que la rencontre aurait bien lieu en début de semaine prochaine, mais pas lundi.
Reste à savoir s'il s'agit de décumul intégral, ou décumul des rémunérations, ce qu'a demandé notre présentatrice. "Justement, c'est une question qui se pose. Regardez Charleroi, la fédération a voté à l'unanimité pour le décumul intégral", a précisé Elio Di Rupo. "Mais ce que je veux expliquer, c'est que le Parti socialiste n'a pas attendu, ni Ecolo ni une autre formation. On a pris les devants et provoqué un congrès. Et quand nous avons dit qu'il fallait décumuler, au cdH, ils ont dit non", a affirmé le président socialiste. Hakima Darhmouch a ensuite précisé que Benoît Lutgen était en faveur d'un décumul des rémunérations. "Sachez simplement que quand nous l'avons proposé, ils se sont crispés", a rétorqué Elio Di Rupo.
Mayer et Peraïta, toujours socialistes?
La présentatrice Hakima Darhmouch a ensuite interrogé Elio Di Rupo sur les cas de Pascal Peraïta et d'Yvan Mayeur, récemment éclaboussés par le scandale du Samusocial à Bruxelles. "Sont-ils toujours membres du PS?", a-t-elle demandé. "C'est une commission de vigilance bruxelloise qui analyse leur situation. Sachez simplement que M. Mayeur n'est plus membre du bureau du Parti socialiste, il a démissionné", a-t-il répondu.
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