Le conseiller provincial André Stein (MR), premier des six membres des comités de secteur et du conseil d'administration (CA) de Publifin entendus ce jeudi par la commission d'enquête du parlement wallon, a décrit le CA comme une simple chambre d'entérinement des décisions stratégiques préparées par le bureau exécutif de Nethys, et s'est défendu d'une responsabilité dans les dysfonctionnements des comités de secteur.
"Je siège dans plusieurs CA", a rappelé celui qui est aussi, entre autres, président de l'Association francophone de tennis (AFT) ainsi qu'administrateur et trésorier du Comité olympique et interfédéral belge (COIB). "Partout, le rôle d'administrateur est important, pour décider des stratégies, faire des propositions, etc. Pour le CA (de Publifin), c'est différent: cette intercommunale n'est plus chargée des compétences d'une intercommunale, c'est une entreprise commerciale et industrielle. La stratégie n'y appartient pas au CA, mais au comité exécutif et aux experts. Juridiquement, le CA peut tout bloquer. Mais dans le contexte, c'était impensable."
André Stein a expliqué que la grande réforme de la structure du groupe adoptée lors du CA du 21 juin 2013 ne lui a été présentée qu'une heure avant ce CA par Georges Pire (MR), en précisant qu'il y avait un accord des partis politiques et des membres du gouvernement wallon. "Vu les explications données, j'ai eu la conviction que c'était une bonne chose pour l'entreprise".
Pourtant, M. Stein reconnaît que les membres du CA n'étaient pas suffisamment armés pour juger de la stratégie. "Au pied levé, donner un avis pertinent sur toutes ces problématiques, c'est impensable."
Pour Christiane Vienne (PS), ces administrateurs sont à tout le moins "peu curieux, voire impuissants". Elle parle de complaisance et de dilettantisme. "C'est un rôle d'hommes de paille", a renchéri Pascal Baurain (cdH), ce qu'a réfuté André Stein. Il assure que le CA restait actif sur la comptabilité ou les procédures disciplinaires.
5 euros la minute
Quant aux comités de secteur, André Stein a tenu à préciser que le concernant, le calcul aboutit à une rémunération nette de près de 5 euros la minute, encore que cette forme de calcul ne soit pas "très intelligente" à ses yeux.
"5 euros la minute, c'est probablement beaucoup trop, mais ça n'est plus les 516" qui ont été avancés. "C'est 100x moins". Il assure que ces comités n'étaient pas "bidon", mais reconnaît dans le même temps qu'ils n'étaient qu'informatifs et qu'ils se réunissaient trop peu, ce dont il avait d'ailleurs alerté son président de comité, Claude Emonts (PS).
Lorsqu'il a demandé des explications sur la hauteur des rémunérations fixes, il s'est satisfait de la réponse qui lui a été fournie, selon laquelle ce fixe valait pour l'ensemble de son activité au sein du groupe (CA, AG, comités de secteur). "Si j'avais eu une boule de cristal, j'aurais provoqué un point au CA", a-t-il ajouté.
"On a tous vécu dans la certitude que c'était légal. Cette certitude a été ébranlée il y a peu, quand l'administration wallonne est venue dire ici que c'était probablement irrégulier". M. Stein ne parle pas de remboursement à cette heure, et renvoie à de futures décisions de justice, auxquelles il se pliera. Une information judiciaire est ouverte au parquet général de Liège.
Interrogé par Frédéric Gillot (PTB) sur les rémunérations de dirigeants du groupe, André Stein a reconnu que c'était un sujet tabou et qu'il ne connaissait pas leur montant avant leur publication dans la presse, ni n'avait cherché à les connaître. "On parle quand même d'argent public! ", s'est insurgé le député.
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