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Un Bruxellois s’est fixé pour objectif de vivre un an sans produire de déchet: "Si moi je peux le faire, tout le monde peut le faire"

Un Bruxellois s’est fixé pour objectif de vivre un an sans produire de déchet: "Si moi je peux le faire, tout le monde peut le faire"
(c) Quentin Van der Vennet
 
 

Marc Sautelet, Bruxellois de 31 ans, relève le défi de vivre pendant un an sans générer de déchets. Il nous a raconté les débuts de son expérience et expliqué ses motivations.

"Un an, zéro déchet." La résolution de Marc pour l’année 2016 est ambitieuse, et le chemin semé d’embûches. Il le sait et se lance dans l’aventure en toute connaissance de cause. "J’aime les défis", lance-t-il. Ce trentenaire originaire de Wavre a d’ailleurs déjà tenté une expérience similaire, mais bien plus courte, lors d’un voyage en Nouvelle-Zélande : le Plastic Free July (un mois sans plastique). Et si Marc a l’impression d’avoir toujours eu une "conscience écologique", s’il est celui qui a "toujours tanné (ses) parents pour faire le tri", c’est lors de ce voyage que le déclic s’est produit.


Un premier défi et une prise de conscience de la pollution au plastique

En 2013, Marc se décide à partir en Nouvelle-Zélande pour "changer d’air", "découvrir d’autres mode de vie". Il est attiré par l’image verte de cette terre lointaine, ses paysages de rêve. Il passe six mois à bourlinguer, puis s’installe à Auckland, la plus grande ville du pays, pour travailler en tant que chargé de communication à l’Alliance française. "En rentrant du boulot un 1er juillet, ma coloc me parle de ce challenge, je me renseigne et je décide d’y participer", raconte-t-il. "Cela a ouvert grands mes yeux sur la problématique du suremballage et de l’omniprésence du plastique dans notre société, sachant que celui-ci n’est pas recyclable dans l’immense majorité des cas", écrit-il sur son blog. Depuis lors, il lui faut "réprimer une crise d’urticaire à la vue d’emballages plastiques, surtout quand ils ne sont absolument pas nécessaires."

Marc est de retour en Belgique en septembre 2015, avec l’envie d’aller "plus loin et de voir ce qui est réellement possible d’accomplir en termes d’éradication des déchets". Il vit actuellement dans un kot bruxellois et est à la recherche d’un emploi, si possible dans une ASBL ou une ONG qui travaillerait sur des thèmes liés à l’écologie. En parallèle, il s’intéresse au mode de vie Zero Waste (zéro déchet) et à ceux qui mènent déjà cette expérience, dont Bea Johnson, pionnière et icône mondiale de la chasse aux emballages. Les détritus de sa famille représentent notoirement moins d’1kg par an. A titre de comparaison, chaque citoyen belge produit en moyenne 400 kilos de déchets par an. Un chiffre en constante en augmentation…

"Je suis très inquiet de l’impact de ces déchets sur l’environnement", nous confie-t-il. On estime que neuf millions de tonnes de produits en plastique sont jetés à la mer chaque année, avec des effets désastreux sur la faune marine qui ingère ces produits en plastique. Un phénomène que Marc a observé sur les plages de Nouvelle-Zélande, où de nombreux pingouins meurent ou développent des maladies après avoir ingéré trop de plastique. Un voyage au Sénégal, où il a vu "des sacs plastiques qui restaient accrochés aux arbres", a aussi contribué à sa prise de conscience.


"On peut être plus heureux avec moins"

Si les défis qui prolifèrent sur les réseaux sociaux n’ont bien souvent pas d’autre but que le simple divertissement, celui de Marc n’est pas anodin, et sous-tend certaines convictions. "Le mode de vie occidentale n’est pas tenable à l’heure actuelle, déclare-t-il. Il faudrait trois planètes pour subvenir à nos besoins (…) Si les Chinois et les Indiens commencent à consommer comme nous, ça ne va pas être tenable."

Marc est partisan de la simplicité volontaire, un mode de vie qui consiste à consommer moins en vue de se recentrer sur des valeurs essentielles. Une idée portée par des penseurs et philosophes comme St François d’Assise, Gandhi, Léon Tolstoï, ou plus récemment Pierre Rabhi, dont Marc a lu l’ouvrage "Vers la sobriété heureuse" — qui dénonce l’aliénation de l’homme par le travail et l’argent. "On peut être plus heureux avec moins", assure-t-il. Il en a fait l’expérience lors de ses voyages (Nouvelle Zélande, Amérique du Sud…) pendant lesquels, muni d’un simple sac à dos, il a éprouvé une grande sensation de liberté, "libéré de trop de besoins", avec la richesse des rencontres et la beauté des paysages.

En revanche, Marc se reconnait moins dans l’idéologie de la décroissance, qu’il voit comme une volonté politique de changer le système. Au contraire, son projet s’adresse directement aux citoyens : "à votre échelle, voilà des pistes pour améliorer votre quotidien", résume-t-il. En effet, il s’agit de donner aux gens "l’envie d’avoir des expériences de vie", de "changer les mentalités" et mettre en valeur le culturel, non le matériel. 


Béa Johnson, un modèle à suivre

En 2016, Marc s’est résolu à appliquer les 5 règles principales érigées par Béa Johnson, porte-parole internationale du zéro déchet :

1. Refuser;
2. Réduire;
3. Réutiliser;
4. Recycler;
5. Composter.

Des règles à appliquer dans l’odre. En effet, la méthode consiste à réduire les déchets en amont pour éviter leur traitement en aval. Le "precycling" plutôt que le "recycling", selon les termes de Béa Johnson.


Un défi excitant malgré quelques appréhensions

Marc a baptisé son projet "Waste Side Story" et ouvert une page Facebook pour raconter "ses aventures, découvertes et frustrations". Alors que l’expérience ne fait que commencer, il évoque "un mélange de traque et de joie", un "stress positif": "Il y a ce saut dans l’inconnu, on ne maitrise pas tous les paramètres. Et ça, c’est très exaltant". Sa plus grande crainte vient des situations sociales gênantes qui pourraient découler de sa démarche. "Les gens qui ont déjà fait ça, très souvent, ce sont des gens avec une cellule et une structure familiale stable. Ils sont chez eux en famille et c’est plus facile à structurer. Moi je suis un jeune célibataire avec beaucoup d’activités. Je ne suis pas toujours chez moi", explique-t-il. Une crainte qui est à la fois son plus grand défi : "Je veux montrer que si moi je peux le faire, tout le monde peut le faire."


Le zéro déchet au quotidien

Concrètement, les débuts se sont bien passés. Le 1er janvier, il est allé chez un marchand de kebab avec des amis et a pu obtenir un durum sans emballage après avoir discuté de son projet avec le vendeur. Même chose pour une gaufre achetée dans une camionnette. "Mais c’est difficile parce qu’on n’a pas toujours le temps d’expliquer. Parfois il vaut mieux passer pour un OVNI que passer 3, 4 minutes à expliquer."

Pour faire ses courses, Marc se rend surtout dans les marchés, notamment le marché des tanneurs, à Bruxelles, où tout est vendu en vrac (pattes, vins, café, céréales…). "Au Colruyt, ça ennuie un peu les caissiers, mais c’est possible", note-t-il. Heureusement, dans les magasins BioPlanet de la même chaine, il est désormais possible d’amener ses propres contenants (bocaux en verre, Tupperware, etc.), explique-t-il. Marc s’est donc acheté quelques bocaux. Il essaye de se procurer tous les outils qui lui seront utiles à son défi mais insiste sur le fait que sa démarche consiste en premier lieu à "refuser", "diminuer", "se débarrasser".

Rare concession: ses lentilles de contact. "C’est un confort que je ne suis pas à même de sacrifier", admet-il. "Mais j’envisage de passer à l’opération des yeux", ajoute-t-il immédiatement. Quant au compost, il a déjà l’habitude d’utiliser un lombricomposteur d'appartement — une tour à vers qui transforme les déchets organiques en engrais liquide.

L’éventualité d’une invitation à dîner se présentait comme un sujet épineux pour Marc. Mais il a pu interroger Béa Johnson sur le sujet le 30 novembre 2015, lors d’une conférence à Namur. Si elle-même accepte de dîner à la table de ses amis pour un repas pas forcément préparé selon les principes du zéro déchet, alors il se l'autorisera aussi. "Le but n’est pas d’imposer mon mode de vie à mes amis et ma famille", souligne Marc. Mais son défi suscite déjà de nombreuses discussions, ses amis lui posent de nombreuses questions et sa famille a déjà promis de faire des efforts quand il rentrera manger à la maison. "Donc, c’est déjà une victoire", se réjouit-il.

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