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Kévin, propriétaire d’une Audi "propre", se sent lésé par les changements dans les taxes de circulation: "C’est incompréhensible"

Kévin, propriétaire d’une Audi "propre", se sent lésé par les changements dans les taxes de circulation: "C’est incompréhensible"
 
 

Kévin estime que sa voiture, une berline diesel équipée d'un système AdBlue, se trouve désavantagée par la réforme de la fiscalité automobile; notamment en comparaison avec le mode de calcul du côté flamand.

Le week-end dernier, le Gouvernement de Wallonie a approuvé les principes de la réforme modifiant la fiscalité automobile (la taxe de circulation et la taxe de mise en circulation). Un nouveau système de calcul censé "favoriser l’achat de véhicules neufs ou d’occasion moins lourds, moins puissants et émettant moins de CO2", annonce le cabinet de Philippe Henry, ministre wallon de la Mobilité, dans un communiqué. Des changements qui laissent Kévin dubitatif. "Si je comprends bien en Wallonie, on va taxer en fonction des chevaux et du poids du véhicule, tandis que la Flandre va taxer en fonction du rejet de CO2", s’étonne-t-il via le bouton orange Alertez-nous.

Kévin dénonce une réforme qui dévaloriserait son véhicule sur le marché de l'occasion

Une fois votée, la réforme s’appliquera uniquement aux nouvelles immatriculations. Or Kévin a acheté son véhicule — une Audi A5 190 chevaux diesel Euro 6 — en 2017. Mais le jeune homme du Hainaut estime que ces changements dévaloriseront son véhicule à terme : "Pour revendre la voiture, ça va être plus difficile", croit-il. Une "perte" qu'il envisage de compenser en "gardant plus longtemps la voiture".

Un point de vue partagé par Serge Istas, secrétaire général de la Fédération automobile "Traxio" : "Une voiture qui devient chère en taxe devient invendable. Donc, qu’est-ce qui va se passer ? Les gens vont les garder puisqu’elles n’auront plus de valeur de marché et ne rachèteront pas de voiture neuve, ne revendront pas leur occasion. Résultat le parc va encore vieillir et devenir de plus en plus polluant par rapport à la moyenne européenne", expliquait-il au micro de notre journaliste Hanan Harrouch.

Des taxes calculées différemment en Wallonie et en Flandre

Kévin désapprouve la logique de cette réforme. D'après lui, avec un véhicule tel que le sien, la taxe de circulation serait moindre en Flandre. "Je serais moins taxé, car je consomme peu de CO2 avec mon véhicule équipé de l’AdBlue", affirme-t-il.

En Flandre, le calcul de la taxe de mise en circulation tient compte des caractéristiques environnementales du véhicule (rejet en CO2 et en particules fines, type de carburant, norme Euro et présence d’un filtre à particules) et de l’âge du véhicule. La législation prévoit notamment une réduction des montants en fonction de la norme euro du véhicule. Mais l’AdBlue n’est pas spécifiquement cité. "C’est une solution d’urée qui réduit la pollution atmosphérique (en gros, les NOx). Ça n’a aucun impact sur les émissions de CO2", affirme Eric Bierin, porte-parole du ministre Philippe Henry.

En Wallonie, la réforme vise à encourager l’achat de véhicules moins polluants, mais aussi "les véhicules plus légers, plus petits", expliquait Philippe Henry sur les ondes de Bel RTL ce lundi 27 juin. "N’est-il pas opportun de taxer en fonction du rejet de CO2 vu la situation du réchauffement climatique ?", interroge Kévin. "On tient compte aussi des émissions CO2 dans la formule de la TMC", souligne Eric Bierin, porte-parole du ministre Philippe Henry. Et les véhicules plus légers et plus petits émettent moins de Co2, ajoute-t-il.

Le projet de réforme prend donc bien en compte les émissions de C02, mais pas la norme Euro (respectée par la voiture de Kévin). C'est l'une des critiques du secteur automobile contre ce projet"Tous les gaz réellement dangereux et polluants que sont les particules fines, les NOx ou autres Benzene ne seront pas considérés. Pour autant qu’elles soient relativement légères et qu’elles n’émettent pas trop de CO2, c’est bon", déplore Serge Istas.

Une réforme qui prend en compte des aspects de sécurité

Les véhicules plus petits sont moins dangereux, fait valoir Eric Bierin. Le nombre d’accidents "peut être corrélé aux caractéristiques des véhicules", note le porte-parole. Le nombre d'accidents "augmente avec la masse, la puissance et la surface frontale du véhicule", précise-t-il, invoquant le concept de "LISA car".

LISA Car (light and safe car, c’est-à-dire voiture légère et sûre) est une initiative de la Fédération Inter-Environnement Wallonie (IEW) et l’association Parents d’enfants victimes de la route (PEVR). Ils se sont fixés pour objectif de sensibiliser le monde politique à la nécessité de limiter certaines caractéristiques des voitures — la masse, la puissance, la vitesse de pointe et le "design" de la "face avant" des véhicules — afin de réduire l’impact sur la sécurité routière et sur l’environnement. L’IEW et le PEVR ont visiblement été entendus.

Pas d'uniformisation nécessaire ?

Kevin regrette les différences de législation entre la Flandre et la Wallonie concernant la taxe de mise en circulation. Une des multiples conséquences du mille-feuille institutionnel belge. "Est-il impossible de se mettre d’accord au niveau fédéral ?", interroge le jeune homme. "Les taxes de mise en circulation et taxes de circulation sont de compétence régionale et ne nécessitent pas d’accord de coopération entre régions, ni d’uniformisation", se contente de répondre le porte-parole du ministre Philippe Henry.

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