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VIDEO du dépôt Genson bloqué: ce chauffeur dénonce les grévistes ET la direction du TEC Charleroi

 
 

"Je suis chauffeur du TEC Charleroi et nous ne pouvons travailler", dénonce Eric (prénom d’emprunt), qui nous a envoyé la vidéo ci-dessus via notre bouton orange Alertez-nous. S’il a souhaité rester anonyme pour se protéger, Eric nous a expliqué pourquoi il jette aujourd’hui ce pavé dans la marre de son propre syndicats (car oui, il est affilié à la CGSP) et de son employeur : d’une part, pour que les usagers des TEC ne prenne pas tous les chauffeurs pour "des glandeurs", et d’autre part, car il n’est plus payé…


"Je serai considéré comme gréviste"

Sur la vidéo, on le voit arpenter un dépôt fantôme, où tous les bus sont disposés de façon à empêcher les travailleurs de prendre leur service. "Les syndicalistes rouges viennent à 4h du matin et placent les bus de sorte qu’on ne puisse plus accéder aux bureaux." Puis ils désertent les lieux. Ce samedi, "ils sont revenus à midi faire un barbecue puis sont repartis", explique Eric. Quand il est arrivé pour prendre son service, "j’ai fait la procédure de base : j’ai téléphoné au dispatching, où les appels sont enregistrés. Mais le dispatcheur, qui est le chef des contrôleurs, m’a bien dit que même si j’étais venu me présenter en temps et en heure pour prendre mon service, je serai considéré comme gréviste." Une situation qui n'arrange pas Eric puisqu'il ne touchera alors pas son salaire, mais seulement une compensation du syndicats de l'ordre de 30€ par jour.


"Pas payés"

En effet, un document officiel de la direction des TEC Charleroi à ses gestionnaires de planning, dévoilé par la télévision locale Télésambre jeudi, en atteste. En voici un extrait : "Aucun chauffeur ne sera payé s'il ne sait pas (...) sortir avec le bus. (...) Les ordres de marche ne peuvent être donnés. (…) Les chauffeurs désirant attendre doivent être au courant qu'ils ne seront payés qu'au moment où le piquet sera levé. Il ne faut pas les inciter à affronter le piquet pour le faire sauter." Un document qui a fait dire aux autres syndicats, chrétien et libéral, que la direction était de mèche avec le syndicat socialiste. La direction, elle, s'en était défendue en parlant d'un document visant justement à apaiser la situation.


"On ne peut pas bouger les bus"

S’ils ne sortent pas du dépôt, les chauffeurs qui veulent travailler (et qui seraient grandement majoritaires selon les non-grévistes) perdent donc leur salaire. Mais puisqu’aucun gréviste ne les empêche de rentrer dans le dépôt, pourquoi ne déplaceraient-ils pas eux-mêmes les bus mis en quinconce pour prendre leur service ? "On n’en a pas le droit", nous confie Eric. "Pour pouvoir sortir du dépôt, il nous faut le feu vert du chef de sortie. Et il n’est pas présent."


Et le droit au travail?

Eric souhaite, comme certains de ses collègues, consulter un juriste. Pour lui, ces pratiques vont à l’encontre du droit au travail. "Je pense qu’il est bien stipulé que toute personne qui se présente à l’heure au travail pour commencer celui-ci est censé être payé. On est considérés comme grévistes alors qu’on ne l’est pas. Nous on se bat pour que la mauvaise réputation des chauffeurs change. Mais je peux comprendre les usagers. Et quand on peut rouler alors que d’autres font grève, c’est nous qui nous faisons insulter à longueur de journée", déplore-t-il.


"Il n'y a pas eu de vote hier"

Pour Eric, il y a aujourd’hui dans les dépôts de Charleroi "une dissension totale entre les grévistes et les autres chauffeurs des TEC qui veulent travailler". Il en veut pour preuve l’attitude de la CGSP hier jeudi : "A l’assemblée générale d’hier, il m’a été rapporté par plusieurs personnes présentes que le personnel n’a pas pu voter. Les « rouges » ont éludé toutes les questions de ceux qui réclamaient un vote et ont simplement imposé la poursuite de la grève au moins jusqu’à la prochaine réunion qui aura lieu mardi. Pourtant, beaucoup de collègues, et beaucoup sont CGSP dedans, refusent de bloquer le dépôt. Ils ne sont pas d’accord d’empêcher ceux qui veulent travailler de le faire. Mais ça a failli en venir aux mains, c’était tendu…", dénonce-t-il.

Une information étonnante puisque la direction des TEC assure avoir, elle, reçu les chiffres du vote...

Et à cette même assemblée générale, les chauffeurs auraient également appris que non seulement ils ne peuvent démarrer un bus sans l'aval de leur chef de sortie, mais que le faire serait considéré comme une faute grave...


 

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