Le Département de la nature et des forêts de la Région wallone avait donné son accord pour les éliminer, mais le ministre de l'Agriculture s'y oppose. Plusieurs associations montent aussi au créneau.
Une famille de castors installée sur la Dyle dérange le parc d'attractions Walibi, car ces animaux rongent des arbres qui pourraient chuter sur le Loup-Garou, des montagnes russes en bois.
Lundi, alors que le Département de la Nature et des Forêts de la Région wallonne (DNF) avait donné son accord à l'euthanasie des rongeurs, le parc animalier Pairi Daiza annonçait sur sa page Facebook "être prêt à accueillir ces animaux protégés". Mais pour plusieurs associations environnementales, dont Natagora, ni l'euthanasie ni le déplacement des castors n'ont de sens car "supprimer une famille ne ferait qu'ouvrir un espace pour une nouvelle".
"Les castors sont en effet implantés tout le long de la vallée", explique Natagora mardi dans un communiqué. "Tant qu'une famille est installée, elle garde sa zone et empêche de nouvelles implantations". En Wallonie, "au vu de l'état actuel de saturation des bassins et au vu de la dynamique des populations, les sites potentiels seront tous, à plus ou moins brèves échéances, naturellement recolonisés. Il n'est donc pas nécessaire de délocaliser des individus d'autant plus qu'il est difficile d'identifier a priori des sites où la cohabitation se passera sans problème", analyse l'association de protection de l'environnement.
"Walibi pourrait valoriser cette présence"
Natagora prône plutôt des aménagements destinés à sécuriser le site, comme la protection des arbres. L'ONG, qui vient de lancer un groupe de travail dédié aux castors, se dit prête à entreprendre elle-même ces travaux de sécurisation. "Plutôt que de signer l'arrêt de mort d'animaux sauvages, Walibi pourrait ainsi valoriser cette présence et en profiter pour informer les familles qui visitent le parc", souligne-t-elle.
Si la solution du déplacement devait tout de même être choisie, Natagora se propose d'accueillir les castors dans sa réserve naturelle de Virelles-Nature plutôt que de les enfermer à Pairi Daiza.
Plus généralement, la décision d'euthanasier des castors est "dans la droite ligne des velléités de rouvrir la loi sur la conservation de la nature", s'inquiète Natagora. René Collin, le ministre wallon de l'Agriculture, envisage en effet d'ajouter le castor, de même que le blaireau, le héron cendré, le grand cormoran, la pie et la corneille, à la liste des espèces chassables.
La Ligue dénonce "l'hypocrisie du gouvernement wallon"
Alors que Carlo Di Antonio, le ministre wallon en charge notamment du Bien-être animal, s'était félicité lundi de la proposition de Pairi Daiza de sauver les castors de Walibi, la Ligue royale belge pour la protection des oiseaux (LRBPO) dénonce elle aussi "l'hypocrisie" du gouvernement wallon. "Pourquoi tromper les citoyens en leur faisant croire que le gouvernement sauve les castors alors qu'il veut adopter une loi pour en tuer plus?", demande la Ligue. René Collin et Carlo Di Antonio appartiennent pourtant au même parti (le cdH), relève-t-elle, avant d'inviter les citoyens à signer une lettre marquant leur opposition à l'avant-projet de décret modifiant la loi sur la conservation de la nature.
Sur sa page Facebook, Walibi a fait savoir qu'il s'en remettra à la décision de la DNF. Le sort des castors "et la façon de procéder dépendent entièrement de cet organisme officiel. Walibi ne prend aucune décision en la matière et sa seule responsabilité est d'assurer la sécurité de ses visiteurs", affirme-t-il. De nombreux arbres ont déjà dû être abattus à cause des rongeurs. Mais il soutiendra la décision de la DNF "d'autant plus si elle va dans le sens du bien-être animal", précise-t-il.
Plusieurs solutions à l'étude
Le dernier recensement de 2015 fait été de 2400 individus en Wallonie. Un nombre qui ne cesse de croître pour les associations de la nature, il est urgent de gérer la cohabitation avec le castor tout en minimisant les risques.
"Par exemple, en protégeant les arbres qui pourraient tomber là on ne veut pas, protéger les infrastructures. C'est quelque chose qui est plus coûteux et plus compliqué à faire au départ. Mais c'est sur du plus long terme. Si on enlève les castors, on aura le même problème dans quelques mois", estime Jean-Yves Paquet, directeur du département Etudes-Natagora.
Essentiellement présents dans les bassins de la Meuse, de la Dyle et de Lourde, ces rongeurs peuvent causer des dégâts très importants. "Quand, ils font des terriers dans les digues d'étang avec le danger de rupture de la digue, quand il y a des barrages près des infrastructures routières pouvant entraîner des inondations de route et quand ils abattent des arbres", explique Catherine Hallet, responsable de la direction Nature-Wallonie.
En Wallonie, si le castor reste une espère protégée malgré une dérogation les quatre rongeurs de Wallonie pourraient échapper à l'euthanasie. Le département Nature et Forêt étudie toujours plusieurs solutions pour les déplacer.
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