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La France et l'Allemagne se "préparent" à un arrêt potentiel des livraisons de gaz russe

La France et l'Allemagne se "préparent" à un arrêt potentiel des livraisons de gaz russe
 
UKRAINE
 

L'Allemagne et la France se "préparent" à un potentiel arrêt des importations de gaz russe, alors que Moscou exige, à partir du 1er avril, un paiement en roubles (monnaie russe) des livraisons, ce que les Européens refusent, a déclaré jeudi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, à Berlin.

"Il peut y avoir une situation dans laquelle demain, dans des circonstances très particulières, il n'y aura plus de gaz russe (...) c'est à nous de préparer ces scénarios là, et nous les préparons", a-t-il détaillé, lors d'une conférence de presse avec le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck.

L'Europe continuera à payer le gaz russe en euros ou dollars, assure Scholz

Les pays européens continueront de payer le gaz russe en euros et dollars comme cela est "écrit dans les contrats", a répondu jeudi Olaf Scholz à Vladimir Poutine, qui exige des paiements en roubles.

"Il est écrit dans les contrats que les paiements se font en euros et parfois en dollars", a expliqué le chancelier allemand lors d'une conférence de presse avec son homologue autrichien, Karl Nehammer. "J'ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi" et "les entreprises veulent pouvoir payer en euros et le feront", a-t-il ajouté.

Dès vendredi, les pays "inamicaux" devront avoir des comptes en roubles pour avoir du gaz

Vladimir Poutine a annoncé jeudi que les acheteurs de gaz russe de pays "inamicaux" devront à partir de vendredi payer en roubles depuis des comptes en Russie sous peine d'être privés d'approvisionnements, mesure touchant surtout l'Union européenne. Le prix du gaz reste cependant libellé dans la devise des contrats en cours, soit le plus souvent en euros ou en dollars. "Ils doivent ouvrir des comptes en roubles dans des banques russes. Et de ces comptes ils devront payer le gaz livré et cela dès demain", a déclaré Vladimir Poutine à la télévision après avoir signé un décret en ce sens. Il a ajouté qu'en cas de refus, "les contrats en cours seront arrêtés".

"Si ces paiements ne sont pas effectués, on considérera que ce sera une infraction aux obligations de la part de l'acheteur, et cela aura toutes les conséquences qui s'imposent", a insisté M. Poutine.

La Russie reste fidèle à ses obligations contractuelles, en volume comme en prix


Il a rappelé que cette mesure était une réponse au gel de quelque 300 milliards de dollars des réserves en devises dont la Russie disposait à l'étranger, une sanction décidée par les Occidentaux en représailles à l'offensive russe en Ukraine. Moscou a publié début mars une liste de pays "inamicaux" qui comprend notamment les Etats-Unis, les membres de l'Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon, la Suisse, Taïwan, la Corée du Sud, la Norvège et l'Australie.

Les Etats de l'UE sont les principaux consommateurs de gaz russe. M. Poutine a insisté sur le fait que le paiement en roubles n'aurait aucun effet sur les volumes ou les prix, alors que ceux-ci sont formulés dans la plupart des contrats en devises étrangères.

Le rouble reprend des couleurs

De facto, comme l'avait expliqué le Kremlin jeudi matin, les consommateurs de gaz russe devront effectuer une opération de change en Russie. "Pour celui qui reçoit le gaz russe, qui paye les livraisons, il n'y a dans les faits aucun changement. Ils acquièrent juste des roubles pour le montant en devise qui est prévu dans le contrat", a souligné Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. "La Russie reste fidèle à ses obligations contractuelles, en volume comme en prix", a-t-il dit, précisant que M. Poutine et le chancelier allemand Olaf Scholz, ainsi que leurs conseillers, avaient discuté en détail du nouveau système la veille. Le gaz russe est crucial pour l'UE, qui cherche depuis le début de l'offensive de Moscou en Ukraine à trouver les moyens de se défaire de cette dépendance.

La décision de passer à une facturation en roubles doit permettre à la Russie de soutenir sa monnaie nationale, chahutée par les sanctions, mais la privera d'une source de devises. D'ores et déjà, la Russie oblige ses exportateurs, y compris Gazprom, à convertir 80% de leur chiffre d'affaires en roubles.

Ces mesures et un taux d'intérêt directeur à 20% ont permis à la monnaie russe de se reprendre. Après avoir considérablement dévissé dans la foulée du début de l'offensive russe le 24 février, elle revient à des niveaux proches de ceux enregistrés avant l'assaut.

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