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Attaques de Paris: samedi soir morose et bars déserts dans la capitale

Attaques de Paris: samedi soir morose et bars déserts dans la capitale
Un couple venu rendre hommage aux victimes des attentats de Paris, Place de la République à Paris, le 14 novembre 2015ERIC FEFERBERG
 
 

Terrasses vides, trottoirs déserts, rideaux tirés: malgré quelques irréductibles qui ont tenu à sortir pour "continuer à vivre", le silence qui règne samedi soir dans les rues de Paris porte la marque du deuil, 24 heures après les attentats les plus meurtriers jamais commis en France.

"On va faire la fête jusqu'au bout de la nuit". Pas question pour Jean Manuel Miquel de Flores, trompettiste-chanteur de 26 ans, d'annuler son concert de musique cubaine. "On va jouer ce soir, on fait juste notre boulot et on n'a pas envie d'arrêter de le faire. C'est sûr que y'aura du monde", assure-t-il, à l'entrée d'un bar d'une des "rues de la soif" de la capitale, la rue Oberkampf.

Majide Kerzazi, le patron confirme: "On va pas leur donner raison, on va leur montrer que, nous, on est en vie. On a mis une petite bougie pour ceux qui sont partis, explique-t-il, désignant un photophore. La meilleure façon de soutenir ceux qui sont morts, c'est de continuer à vivre. On va pas rester dans la politique de la peur".

Résister face à la morosité. Mais les fêtards se font rares. Les chaises en terrasses des restaurants ou bars restent vides.

"D'habitude, c'est blindé, on a 300 places. Et là regardez, y'a deux personnes. Les gens ont cédé à la peur. On va fermer à 20H30", explique Manseri Bachir, le patron du Café de Paris.

"Fermer ? Hors de question", assène Antoni Durand, directeur d'exploitation du pub la Mercerie. "Même si on a tous peur, j'ai pas envie d'être dans une peur tétanisante, il faut garder la tête haute". Mais à l'heure des "happy hours", de l'apéro, quand les tables sont normalement prises d'assaut, La Mercerie est beaucoup trop calme.

Sur le trottoir d'en face, les portes du "nouveau Casino", un club qui ouvre à minuit, resteront closes.

"Le restaurant Pierre Sang in Oberkampf est fermé exceptionnellement aujourd'hui samedi 14 novembre par respect pour les victimes des attentats. Merci de votre compréhension", affiche un restaurant un peu plus bas dans la rue.

A quelques centaines de mètres du Bataclan, c'est l'effervescence, au milieu des camions de télévision, des dizaines de journalistes venus du monde entier enchaînent leurs plateaux.

- L'endroit le plus sûr au monde -

Sur le boulevard Richard Lenoir, le bar "Chez Gaston" est plein. Sur les tables, des cahiers, du matériel audiovisuel trahit la profession des rares clients attablés, des journalistes.

Rachel, 25 ans et Sam, 39 ans, sirotent un verre de vin en terrasse. Ces deux Anglais arrivés vendredi soir à Paris tenaient à "voir l'endroit, rendre hommage. Jusqu'à midi, on ne savait pas quoi faire, on était à l'hôtel devant la télévision".

"Ici, c'est l'endroit le plus sûr au monde ce soir. Ils ne vont pas revenir ici", assure Rachel. Les deux amoureux ne vont pas aller en discothèque ce soir, ce qu'ils auraient fait "en temps normal".

Au comptoir du pub "The Cork And Cavan", le long du canal Saint Martin, à deux pas des lieux de l'attaque des rues Bichat et Alibert où au moins 15 personnes ont été tuées, Benoît explique qu'il avait pour "habitude d'aller au Carillon tous les samedis soirs. On y est même passé pour se recueillir".

"On a envie de faire semblant que tout va bien, de partager, de ne pas rester tout seul. Ça fait trois heures que je suis dans ce bar, et tout le monde ne parle que de ça". Le jeune homme de 26 ans ne va cependant pas s'attarder.

A ses côtés, Julien lui coupe la parole en levant sa bière "Jamais renoncer. Surtout pas!"

"Par principe, demain, s'il y a un concert d'un mec que j'aime, j'irai". Benoît lui rétorque que "c'est pas Charlie Hebdo, là, c'est monsieur Tout le monde. C'est ça qui a changé. Je me sens persécuté en tant que Monsieur Lambda".


 

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