Inconnu des Français il y a à peine trois ans, Emmanuel Macron a remporté dimanche le premier tour de l'élection présidentielle avec 23,7 % des voix. L'ancien ministre de l'Economie de François Hollande va entamer ces deux dernières semaines de campagne dans l'habit du favori et pourrait devenir, à 39 ans, le plus jeune président de l'histoire de la Cinquième République.
Le 26 août 2014, les Français découvrent le visage de leur nouveau ministre de l'Economie. Emmanuel Macron, alors âgé de 36 ans, remplace Arnaud Montebourg à Bercy. Par cette nomination, le Premier ministre Manuel Valls entend marquer le tournant social-libéral décidé par le président François Hollande.
Jamais élu et ayant quitté le PS depuis 2009, l'ancien banquier d'affaires revêt un profil libéral atypique dans l'exécutif socialiste. Son charisme et son intelligence vont rapidement en faire l'un des membres les plus visibles et les plus populaires du gouvernement Valls II, au point de faire de l'ombre au Premier ministre et au président. Il ose prendre ses distances par rapport à la ligne officielle à plusieurs reprises, mais François Hollande, qui l'a pris sous son aile depuis 2006, rechigne à désavouer publiquement son protégé. Une attitude qui aura sans doute permis à Emmanuel Macron de s'émanciper plus rapidement de son mentor politique et de prendre ses distances avec un quinquennat dont le bilan suscite le courroux d'une majorité des Français.
Un parricide qui met fin aux ambitions de François Hollande
Après avoir fondé son mouvement En Marche ! en avril 2016, il annonce qu'il fait acte de candidature à l'élection présidentielle le 16 novembre, alors que François Hollande n'a pas encore communiqué ses intentions. Ce parricide constituera le dernier clou dans le cercueil des ambitions électorales du président, qui indiquera renoncer concourir pour un second mandat deux semaines plus tard.
Depuis lors, les étoiles semblent s'aligner sur le chemin présidentiel du natif d'Amiens. D'abord, les primaires de la droite et du centre débouchent sur la victoire de François Fillon, dont le programme économiquement libéral et sociétalement conservateur rebute les modérés.
En janvier, les primaires de la Belle Alliance populaire sacrent Benoît Hamon, un frondeur positionné à la gauche du Parti socialiste qui s'est aliéné l'aile réformiste chère à Hollande et Valls.
"Ni de droite, ni de gauche"
Centriste revendiqué, Macron qualifie sa politique "ni de droite, ni de gauche". Face au spectre d'une victoire de Marine Le Pen, François Bayrou a renoncé à se présenter pour soutenir le jeune ambitieux. Des personnalités politiques allant de l'ancien secrétaire national du Parti communiste Robert Hue à l'ancien ministre de la Justice Dominique Perben en passant par l'écologiste Daniel Cohn-Bendit et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian ont également choisi de prendre parti pour le fondateur d'En Marche !
Seul candidat ouvertement proeuropéen dans cette campagne, Emmanuel Macron est partisan d'une société et d'une économie ouvertes. Parti de nulle part, il pourrait devenir le premier candidat à occuper la magistrature suprême française sans avoir bénéficié du soutien d'un des deux grands partis qui structurent la vie politique française depuis soixante ans.
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