Marine Le Pen, qualifiée pour le 2e tour de l'élection présidentielle française avec 21,7% des voix, n'a pas eu une enfance banale. Benjamine des trois filles que Jean-Marie Le Pen a eues avec Pierrette Lalanne, elle a huit ans quand une charge d'explosifs détruit l'immeuble parisien de la famille, ne faisant miraculeusement que des blessés légers. Nous sommes en novembre 1976 et l'actuelle candidate du Front national à l'élection présidentielle française, vient de comprendre qui est son père.
"Il a fallu cette nuit d'horreur pour que je découvre que mon père faisait de la politique. C'est là, à l'âge des poupées, que je prends conscience de cette chose terrible et incompréhensible pour moi: mon père n'est pas traité à l'égal des autres, nous ne sommes pas traités à l'égal des autres", écrit-elle des années plus tard dans son autobiographie.
L'attentat n'est pourtant pas lié à la politique mais à une histoire d'héritage, celui que le chef du clan Le Pen a touché après la mort de Hubert Lambert, un militant d'extrême-droite millionnaire qui lègue à la famille la demeure de Montretout à Saint-Cloud.
Quelques années plus tard, Marine Le Pen, dont l'adolescence est marquée par le départ de sa mère et ses déclarations et clichés tapageurs dans la presse à scandales, s'inscrit à l'université Panthéon-Assas où elle réussit une maîtrise de droit avant de brièvement devenir avocate au barreau de Paris. Parallèlement, elle adhère au Cercle national des étudiants de Paris, un mouvement proche du Front national.
Régulièrement présente aux côtés de son père lors d'apparitions publiques, il lui reste à se faire un prénom. Elle se présente pour la première fois aux élections législatives de 1993 où elle obtient un score de 11% des voix. Cinq ans plus tard, elle devient conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais puis prend la tête de l'association Génération Le Pen, à laquelle elle ajoute un "s" afin de moderniser le parti et, déjà, de le "dédiaboliser" à une époque où Jean-Marie Le Pen multiplie les provocations.
Inexorablement mis de côté, le vieux menhir nomme sa cadette vice-présidente du FN. En 2004, tête de liste FN en Ile-de-France, elle décroche un siège au Parlement européen où elle est rééelue en 2009. En 2011, elle accède enfin à la présidence du FN, aux dépens de Bruno Gollnisch. Dans la foulée, elle se présente à l'élection présidentielle de 2012 où elle obtient près de 18% des suffrages. Battue au premier tour, elle affiche néanmoins le meilleur résultat du Front national à une élection présidentielle, devant son père qui s'était qualifié pour le second tour face à Jacques Chirac lors de l'élection de 2002.
En 2014, elle réitère sa fidélité au clan Le Pen, affirmant, sur le plateau de TF1, "on naît la fille de Le Pen, on meurt la fille de Le Pen. C'est l'homme de ma vie." L'année suivante, pourtant, après de nouvelles déclarations polémiques de son père, elle soumet au vote des adhérents un projet de réforme des statuts du parti supprimant notamment la fonction de président d'honneur, occupée par Jean-Marie Le Pen. Ce dernier sera finalement exclu du FN à l'été.
Aux élections régionales suivantes, elle récolte plus de 40% des suffrages dans le Nord-Pas de Calais-Picardie mais est battue au second tour après que tous les autres partis lui eurent fait barrage. En février 2016, elle annonce enfin sa candidature à l'élection présidentielle de cette année, malgré les affaires d'emplois fictifs au Parlement européen dans lesquelles elle est empêtrée.
2017 sera l'année de la consécration pour le FN, vocifère-t-elle régulièrement, elle qui pense tout avoir mis en œuvre pour dédiaboliser le parti. La stratégie a toutefois ses limites et le maquillage fait long feu. Entre obsession sécuritaire, dénonciation sans nuance de l'immigration, mensonges éhontés et polémiques historiques - le Vel d'Hiv après le détail de l'histoire -, le fond de commerce de Marine Le Pen reste bel et bien celui de l'extrême droite.
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