Ce mercredi après-midi, un individu a utilisé un véhicule pour heurter plusieurs personnes sur le pont de Westminster, au cœur de Londres, avant de pénétrer dans l'enceinte du Palais de Westminster et de poignarder un policier. L'assaillant présumé a ensuite été touché par balle par les forces de l'ordre.
"La Grande-Bretagne est l'une des grandes démocraties occidentales"
Le Royaume-Uni est une cible prioritaire de l'Etat islamique. Spécialiste en contre-terrorisme, Claude Moniquet a expliqué pourquoi dans l'édition spéciale du RTLinfo 19H. "La cible numéro 1 en Europe reste la France, mais on peut dire que la Grande-Bretagne est quasiment ex-aequo. Parce que la Grande-Bretagne est l'une des grandes démocraties occidentales. C'est un allier des États-Unis, c'est un pays qui a été en Afghanistan, qui a été en Irak, qui est encore aujourd'hui en Irak et en Syrie, donc c'est une cible traditionnelle", a-t-il expliqué. "Et puis nous avons également des centaines de djihadistes britanniques qui ont rejoint l'Etat islamique", a précisé l'expert.
"L'Etat islamique cherchait à recruter du monde mais avait des problèmes de recrutement, de ressources humaines si on peut dire, et manifestement ces problèmes, ce soir, ont été réglés", a expliqué Claude Moniquet.
"C'est le type d'action individuelle que l'Etat islamique prône"
L'attentat de Londres n'a pas encore été revendiqué, mais pour l'expert, le mode opératoire semble indiquer que Daesh serait derrière l'attaque. "C'est le type d'action individuelle que l'Etat islamique prône depuis 2014. 'Si tu n'as pas la possibilité de trouver armes et explosifs, prends ta voiture, un couteau et attaque l'infidèle', avait dit l'Etat islamique", explique Claude Moniquet.
Plus récemment, le groupe terroriste avait lancé un nouveau message. "Ils disent 'Ne tentez pas de venir en Syrie ou en Irak, on n'a pas besoin de vous, c'est difficile. Frappez dans les pays dans lesquels vous êtes'. Et cette après-midi mon équipe a repéré beaucoup de bruits et d'agitation sur les réseaux sociaux, liés à l'Etat islamique, sur Telegraph ou autre, avec des échanges de messages qui ressemblent beaucoup avec ce qu'on avait vu après les attaques réussies de l'Etat islamique en Europe", a ajouté l'expert en contre-terrorisme.
Les précédentes attaques au Royaume-Uni
- Juillet 2005 : les transports londoniens visés.
Le 7 juillet, quatre attentats suicide coordonnés à l'heure de pointe dans trois rames de métro et un bus londoniens font 56 morts, dont les quatre kamikazes, et 700 blessés. Un groupe se réclamant d'Al-Qaïda revendique les attaques.
Quinze jours plus tard, quatre attentats manqués, au mode opératoire similaire, sont menés de manière coordonnée et quasi-simultanée dans trois rames de métro de Londres et dans un bus. Les bombes artisanales n'explosent pas en raison d'une erreur de calcul dans la fabrication des explosifs.
Selon la justice, les deux séries d'attentats sont liées.
- Juin 2007 : à l'aéroport de Glasgow.
Le 30 juin, une voiture-bélier remplie de bouteilles de gaz est précipitée contre le principal terminal de l'aéroport de Glasgow (Ecosse), très fréquenté en ce début de vacances scolaires, sans exploser. Un Indien qui conduisait le véhicule est grièvement brûlé après s'être aspergé d'essence. Il décède un mois plus tard. Le passager, un médecin irakien, est arrêté. Il sera condamné en 2008 à la prison à vie.
La veille, deux Mercedes piégées, remplies de bidons d'essence, de bouteilles de gaz et de clous avait été découvertes garées près de Piccadilly Circus, au coeur de Londres. Un problème de connexion dans le dispositif de détonation avait empêché les deux voitures d'exploser, selon les enquêteurs.
- Mai 2013: un soldat tué à Londres.
Le 22 mai, deux Londoniens d'origine nigériane renversent en voiture un jeune soldat de 25 ans, Lee Rigby, dans le sud-est de Londres avant de le larder de coups de couteau et de tenter de le décapiter. Sur une vidéo filmée juste après l'agression, l'un des meurtriers déclare avoir voulu venger les "musulmans tués par des soldats britanniques".
- Décembre 2015: dans le métro de Leytonstone.
Le 5 décembre, Muhaydin Mire, 30 ans, né en Somalie, blesse au couteau deux personnes, dont une grièvement, à l'entrée de la station de métro de Leytonstone, dans l'est de Londres, deux jours après les premires frappes aériennes britanniques visant le groupe Etat islamique (EI) en Syrie. L'attaque est qualifiée de "terroriste" par les autorités. Il sera condamné à la prison à vie.
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