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Nous avons testé le numéro vert anti-radicalisation créé pour les profs: les choses sont loin d'être au point

 
 

Il y a tout juste un an, pour aider les professeurs à combattre le radicalisme des jeunes, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles annonçait un plan de prévention. La première mesure était l'ouverture d'une ligne téléphonique pour les enseignants et les directeurs d'écoles qui ont besoin d'aide. Un numéro vert d'assistance que nos journalistes Arnaud Gabriel et Eric Poncelet ont testé… Et les choses sont loin d'être au point.

Pour aider les enseignants à lutter contre la radicalisation, un numéro vert est à leur disposition, une ligne directe baptisée "assistance école". L’objectif est de répondre à toutes leurs questions. Nous avons donc testé ce service en nous faisant passer pour un professeur bruxellois.

Dès le premier échange, le sujet semble compliqué et les intervenants plutôt inexistants. "Ah ok on parle de radicalisation, ok", répond l'interlocutrice. "Hum… Ce que je peux vous conseiller de faire, c'est peut-être d'appeler le coordinateur des équipes mobiles. Ah mais en vous parlant, je me rappelle qu'il est malade, mais vous pouvez toujours appeler sa collègue, qui sera disponible seulement cette après-midi", explique la dame, d'une voix incertaine.


"Je viens en fait de discuter avec une collègue qui a suivi une formation sur la radicalisation…"

Après avoir lancé la conversation, nous posons une première question: quels signes pourraient attirer notre attention? Un très long "euh…" se fait entendre sur la ligne. "Très honnêtement… Euh… Vous permettez un instant?", lance alors l'interlocutrice. La question semble embarrassante et nous sommes mis en attente sur la ligne. Il faut en réalité prendre son mal en patience.

La réponse est finalement hésitante et peu convaincante. "Je viens en fait de discuter avec une collègue qui a suivi une formation sur la radicalisation, et on lui avait conseillé de faire attention quand un jeune tient certains propos, ou après un changement vestimentaire aussi, et même de comportement, de façon générale", explique la dame. Elle reconnaît ne pas être en mesure d'en dire plus, et conseille de prendre contact avec l'un de ses collègues.


"Des mesures seront prises pour rendre le numéro vert beaucoup plus professionnel"

Face à ces réponses très vagues, la seule réaction politique vient de la Ministre de l’Education. "Le cabinet Milquet précise que les nouveaux postes de 'référents radicalisme' ont été créés suite aux attentats de Charlie Hebdo. Des mesures seront prises dès lundi pour rendre le numéro vert beaucoup plus professionnel", annonce Joëlle Milquet par communiqué.

Pourtant, il y a un an, lors de la présentation de ce plan contre la radicalisation, tous les ministres de la fédération Wallonie Bruxelles ou presque étaient présents. 365 jours plus tard, c’est une évidence, le service connait des faiblesses.

Une deuxième version de ce plan vient d’être approuvée. 20 personnes supplémentaires vont être engagées et un budget de 1,6 million d'euros va être déboursé. C’est le prix à payer pour tenter de se professionnaliser.


 

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