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Les prisonniers belges consomment beaucoup d'antidépresseurs: "En sortant, ils sont accros aux médocs"

Les prisonniers belges consomment beaucoup d'antidépresseurs: "En sortant, ils sont accros aux médocs"
© RTL INFO
 
 

Les médecins de la prison de Tilburg, aux Pays-Bas, ont dressé un constat alarmant. Les détenus belges qu'ils ont accueilli consommeraient 14 fois plus d'antidépresseurs que les autres prisonniers. Ces chiffres se vérifient-ils en Belgique? Comment expliquer cette situation? Eléments de réponse.

Dans les établissements pénitentiaires belges, certains détenus ont une panoplie complète de produits autorisés via un avis médical: antidépresseurs, anxiolytiques ou produits de substitution à la drogue.

Contacté par téléphone et sous couvert de l'anonymat, un prisonnier explique qu’il carbure aux antidépresseurs. "C'est surtout pour le moral. Parce que bon, le moral descend très vite. Ça m'aide à rester à flot. Je ne vais pas dire voir la vie en rose, mais mieux vivre", confie le détenu.

En sortant, ils sont accros aux médocs

D’après un autre prisonnier contacté la prise de médicament provoque une accoutumance incontrôlable pour certains détenus. "Celui qui tombe dedans, pour finir il ne sait plus s'en passer. Et quand ils sont dehors ils sont obligés de continuer le traitement. Alors que lorsqu'ils étaient rentrés ils ne prenaient pas de médicament. Mais en sortant, ils sont accros aux médocs", indique un autre prisonnier.

Les moyens qu'on donne aux prisons pour réinsérer les détenus sont ridiculement bas

Nous avons interrogé deux membres de la commission de surveillance de la prison d'Ittre. Leur rôle est de veiller au respect des droits des détenus.

A côté des stupéfiants du style cannabis, les médicaments psychotropes apparaissent en prison comme une alternative pour tenter d’apaiser le détenu qui mentalement tourne en rond. "On est souvent dans un cercle, à ruminer tous ses problèmes, sa culpabilité, sa haine, ses problèmes, ses projections dans l'avenir, ses craintes. Ce n'est certainement pas positif de laisser les détenus mijoter dans leur jus", explique Pierre Leveque, membre de la commission de surveillance de la prison d'Ittre.

Pour ces membres de la commission de surveillance, le taux élevé d’utilisation de médicaments dans les prisons belges est le signe d’un problème plus profond. "Les moyens qu'on donne aux prisons pour réinsérer les détenus, pour essayer de faire une formation, pour essayer d'occuper le temps de façon constructive, ils sont ridiculement bas. Donc on a du mal à faire en sorte que les prisonniers s'intéressent à leurs journées", réagit Bernard Vercruysse, lui-même ancien médecin.

Un sparadrap sur une plaie parfois béante

Difficile pour les équipes médicales d’effectuer un travail de fond. En moyenne, la consultation accordée à un détenu ne dure que 7 minutes, avec au final, souvent, une prescription de produits. "C'est sûr qu'on n'arrive pas à faire une politique de soins de santé digne de ce nom en 7 minutes. On n'a pas du tout le temps de faire le tour de la question. Donc la prescription est le plus facile et le moyen de pouvoir quelque part mettre un sparadrap sur une plaie parfois béante", précise Delphine Paci, membre de la section belge de l'observatoire international des prisons.


L'administration pénitentiaire reconnaît la situation, mais refuse d'en dire plus

Contactée par nos soins, l’administration pénitentiaire reconnait que la Belgique est particulièrement touchée par une augmentation de l’utilisation de médicaments psychotrope. Elle refuse cependant de détailler les données internes.


 

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