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Les militaires débarquent dans trois prisons du pays: une situation inédite

  • 120 militaires appelés pour remplacer les gardiens de 3 prisons en grève

  • Refus du plan de Koen Geens par les gardiens et poursuite de leur grève

  • L

  • Réaction des syndicats de la Défense après la réunion avec leur ministre

  • Situation précaire à Lantin à l

 
 
 

Après les policiers, ce sont les militaires qui ont été assignés ce lundi à trois établissements pénitentiaires affectés par un mouvement de grève des gardiens de prison depuis deux semaines. Une situation inédite dans notre pays. Les représentants des gardiens jugent cette décision du gouvernement fédéral incompréhensible. Une nouvelle réunion avec le ministre de la Justice n'a visiblement rien donné. Le mouvement de grogne continue.

Les 120 militaires réquisitionnés pour sécuriser les prisons de Lantin, Forest et Saint-Gilles font partie du contingent de 1.832 militaires participant à l’opération Homeland, pour remplacer les gardiens en grève. Le gouvernement fédéral avait annoncé dimanche qu'il réquisitionnait six pelotons pour "fournir un soutien humanitaire" aux détenus. Leur déploiement était effectif ce lundi en matinée à la prison de Lantin et en milieu d'après-midi aux prisons de Saint-Gilles et Forest. 


Photo de notre journaliste Sébastien Degrave (prison de Saint-Gilles)

Les syndicats condamnent le recours à l'armée

L'envoi de militaires dans les prisons touchées par le mouvement de grève révèle un déficit de concertation sociale et démontre un manque d'intérêt pour la qualité des services publics, ont réagi ce lundi plusieurs syndicats. Ils appellent le gouvernement à "enfin agir de manière responsable".

D'après la CSC Services Publics, la grève dans les prisons wallonnes et bruxelloises s'explique par "les économies aveugles prônées par le ministre de la Justice et son gouvernement", qui obligent les agents à travailler "dans des conditions de sécurité intolérables". L'organisation syndicale juge les dernières propositions du ministre "inacceptables" et réclame l'application du plan de personnel 2014 (remplissage des cadres à 7.222 statutaires) ainsi que l'arrêt du processus de rationalisation. "Le conflit social d'aujourd'hui est le symptôme d'un choix politique inadapté", insiste la CSC Services Publics.

La FGTB condamne également la "militarisation des services publics" et déplore un manque d'investissements "dont le département de la Justice est une des premières victimes". "Le gouvernement Michel a systématiquement privilégié le coup de force à la concertation sociale", cingle l'organisation syndicale. "Les lenteurs de la Justice, la surpopulation carcérale et les conditions de vie inhumaines dans nos prisons, indignes d'une société développée, sont de l'entière responsabilité de ce gouvernement."


Les agents pénitentiaires rejettent à l'unanimité le protocole d'accord

Et cette situation inédite risque de se prolonger puisque le bras de fer continue entre les autorités et les grévistes. Les agents pénitentiaires de la prison de Saint-Gilles ont rejeté à l'unanimité le protocole d'accord du ministre de la Justice Koen Geens et ont voté en faveur de la poursuite du mouvement de grève lors d'une assemblée générale organisée ce lundi après-midi, a indiqué Helmut Van Hoorne, délégué syndical ACV.

Dès 13h, environ 200 agents pénitentiaires se sont rassemblés à l'entrée de l'établissement. Parmi eux figuraient des membres du personnel des prisons d'Andenne, de Leuze, d'Ittre et de Forest. Un barrage filtrant a symboliquement été mis en place pour sensibiliser le personnel qui entrait travailler. "La situation est tendue à Saint-Gilles, avec la chaleur notamment", a remarqué Helmut Van Hoorne. "On travaille déjà dans des conditions difficiles. Avec la rationalisation, on aura encore moins de temps pour faire toutes les activités avec les détenus. A Saint-Gilles, on est à 10% en dessous du cadre prévu."


Aucun commentaire à l'issue d'une nouvelle réunion entre le ministre et les syndicats

En début de soirée, ni le ministre de la Justice, Koen Geens, ni les représentants des syndicats n'ont fait de commentaire à l'issue d'une nouvelle réunion qui s'est terminée peu avant 19h00. Le mouvement de grève dans les prisons de Wallonie et de Bruxelles, entamé il y a plus de 2 semaines, se poursuivra donc bel et bien demain.

"Pas de commentaire", a déclaré Koen Geens à sa sortie de la réunion qui s'est tenue au SPF Emploi. Le ministre a toutefois répété qu'il n'avait "plus un euro à offrir aux gardiens de prison". Mutisme identique du côté syndical où l'on indique que d'autres rencontres devraient avoir lieu dans les jours à venir.

Le Conseil de l'Europe a classé en mars la Belgique deuxième en Europe en termes de surpopulation carcérale, après la Hongrie, sur la base de chiffres datant de 2014. Cette surpopulation est plus marquée en Wallonie et à Bruxelles qu'en Flandre.


 

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