"On ne confie pas une formule 1 à un Etat". Ces mots sont ceux d'Alain Hubert, qui contre-attaque, aujourd'hui, dans le conflit qui l'oppose à l'État belge, sur la gestion de la station Princesse Elisabeth, en Antarctique. Sa fondation polaire introduit une action, en référé, pour suspendre l'arrêté royal qui l'écarte du projet.
Alain Hubert a fait sa première apparition en télévision sur le plateau du RTLinfo 13H depuis qu'il a été écarté par l'État belge du secrétariat polaire. L'explorateur et ingénieur ne mâche pas ses mots: c'est sa fondation, et non l'État, qui est propriétaire de la station polaire. Il va attaquer l'État belge. "L'État avait voté un arrêté royal pour éjecter le privé du secrétariat polaire, et la fondation en même temps en tant qu'opérateur de l'État belge", explique Alain Hubert, interrogé par Alix Battard.
"Cette action est illégale et aujourd'hui nous introduisons un référé au tribunal de première instance de Bruxelles", affirme Alain Hubert sur le plateau du RTLinfo 13H. "Cette station est la propriété de la fondation, du secteur privé, et de tous les gens qui ont participé à sa construction. Il y a plus d'un million de Belges derrière ce projet", ajoute-t-il.
Le conflit dure depuis deux ans
Cela fait maintenant deux ans que dure le conflit. Il a été lancé par une plainte de l'État en 2013. L'ancien patron de la politique scientifique accusait l'explorateur de conflit d'intérêt. Alain Hubert est à la fois président de la fondation et du secrétariat polaire qui la finance. Ce dernier s'en est toujours défendu, il persiste.
Alain Hubert compte se rendre dans la station en novembre
L'action en justice vise aussi à contraindre l'Etat à mettre à disposition de l'IPF le budget "valablement voté" par le dernier Conseil stratégique de mars pour la campagne 2015-2016, qui débutera en novembre. "La base ne peut pas être abandonnée. Les pertes sèches s'élèveraient minimum à 1 million d'euros", estime Alain Hubert. La fondation a par ailleurs déjà rassemblé des fonds et compte bien sur l'Etat pour lui verser ses arriérés (2,3 millions d'euros).
Alain Hubert annonce qu'il retournera dans la station polaire en Antarctique. "L'expédition est prête. Nous partons dans un mois et demi. En fait, on ne peut pas non plus nous empêcher de partir. J'ai entendu qu'on n'aurait pas de permis environnemental, mais nous sommes tout simplement propriétaires d'un bien en Antarctique", explique l'explorateur. "Notre responsabilité est de l'entretenir et de l'opérer. Beaucoup de scientifiques qui ne sont pas financés par la politique scientifique belge comptent sur nous", ajoute-t-il.
Elke Sleurs reste ferme: elle avancera ses pions au tribunal
Du côté de la secrétaire d'État en charge de la Politique scientifique, la réponse est sans équivoque. "Nous ferons valoir nos arguments au tribunal et non via les médias. Je peux affirmer que l'Etat belge détient 999 millièmes de la station polaire et que l'IPF en détient toujours symboliquement une part. La station polaire appartient au domaine public et le gouvernement peut changer les règles si cela s'avère nécessaire à sa bonne gestion, ce qui était bien le cas", explique Elke Sleurs dans un communiqué. "Le gouvernement fédéral prend ses responsabilités et garantit la continuité et la survie de la station. Les budgets sont maintenus et la campagne 2015-2016 sera organisée par le gouvernement. Le secrétariat polaire et Belspo se chargent de la préparation scientifique tandis que la Défense en organisera la logistique", précise le communiqué.
Confier la logistique à l'armée? Impossible selon Alain Hubert
Quant à l'idée de confier l'offre logistique de la prochaine campagne à l'armée, l'explorateur juge cela impossible sur un terrain aussi dangereux que l'Antarctique. Selon Alain Hubert, l'armée ne dispose d'aucune expérience en la matière.
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