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Jan Jambon et Koen Geens reconnaissent des erreurs: des ministres qui ont posé leur démission sont-ils encore légitimes?

Jan Jambon et Koen Geens reconnaissent des erreurs: des ministres qui ont posé leur démission sont-ils encore légitimes?
 
 

Les ministres de l’Intérieur et de la Justice ont présenté leurs démissions hier au premier ministre, ce que ce dernier a refusé. Un cas de figure particulier qui mérite l'éclairage d'un politologue. Pascal Delwit de l'ULB était sur le plateau de l'édition spéciale RTLINFO.

Des ministres qui ont posé leur démission sont-ils encore légitimes ? C'est la question qu'a posée notre journaliste Caroline Fontenoy au politologue Pascal Delwit. Le Premier ministre Charles Michel, a refusé la démission des ministres de l'Intérieur et de la Justice, Jan Jambon et Koen Geens, qui se sont retrouvés sous pression, après avoir admis des "erreurs" dans la lutte antiterroriste. Le spécialiste apporte son éclairage: "Dès lors que le premier ministre l’a refusé, dès lors qu’ils ont accepté le refus du premier ministre, parce qu’un ministre qui présente sa démission, qui veut vraiment démissionner, le premier ministre ne refuse pas, ils sont légitimes tant qu’ils sont en poste, mais l’acte de dépôt de la démission est quand même déjà en soi un élément qui les a fragilisés, ça c’est incontestable".


L’opposition a fait entendre sa voix, une commission d’enquête parlementaire va faire la lumière sur ces révélations. Est-ce que cette commission d’enquête était souhaitable et nécessaire ?

"Je crois qu’elle est souhaitable et nécessaire, la transparence est absolument indispensable aujourd’hui, on a quand même vécu cette semaine quelque chose de particulièrement dramatique, qui a touché toute la communauté nationale, et tout un chacun. Savoir s’il y a eu des manquements et simplement avoir un peu de transparence est vraiment indispensable pour tout le monde".


Comment expliquer la démission des deux ministres hier, est-ce que c’est un aveu de faiblesse quelque part ?

"C’est une séquence pour le moins paradoxale, c’est-à-dire que sans information officielle on a une présentation de démission de deux personnalités importantes, monsieur Geens et monsieur Jambon, respectivement ministres de la Justice et de l’Intérieur, avec refus du premier ministre avant même un examen absolument rigoureux des informations qui sont venues hier en provenance du président turc. Qu’en est-il exactement ? C’est une forme de reconnaissance qu’il y a eu un dysfonctionnement sans qu’on ait une information très claire sur le possible dysfonctionnement et sa nature".


On peut aussi s’interroger sur le moment qu’ont choisi ces deux ministres pour présenter leur démission, même si vous l’avez évoqué, il y a cette polémique avec le président turc. Néanmoins, en pleine crise comme on le vit actuellement, est-ce qu’il n’était pas sûr quelque part que cette démission soit refusée ?

"Ce qui est un peu dur à comprendre, c’est que de deux choses l’une, soit les deux ministres sont convaincus que le dysfonctionnement est vraiment important et présentent leur démission, alors la logique c’est qu’elle soit acceptée, soit ils considèrent que l’information n’est pas suffisante ou que le dysfonctionnement est relatif, alors on ne comprend pas très bien pourquoi ils ont présenté leur démission maintenant. On est un peu dans l’expectative par rapport au comportement qu’on a observé ce matin qui est plutôt inhabituel dans la vie politique belge".


Pourquoi Jan Jambon et Koen Geens veulent-ils démissionner?

Depuis hier soir les ministres de la Justice et de l’Intérieur se demandent s’ils ne sont pas responsables en partie de ce qui s’est passé cette semaine à Bruxelles. Ils évoquent donc une démission avec le premier ministre lors d’une réunion de crise au Lambermont.. Dans un premier temps, ils n’ont pas de réponse. Ce matin, le point a été abordé en conseil restreint. Dans son ensemble le conseil refuse les démissions : ce n’est clairement pas le moment.

Mais pourquoi Jan Jambon et Koen Geens veulent-ils quitter leur poste ? Tout est parti de cette déclaration du président turc Erdogan, concernant l’un des kamikazes de l’aéroport de Bruxelles. "En dépit de notre mise en garde sur le fait que cette personne était un combattant terroriste, les autorités belges n’ont pas été en mesure d’établir de lien avec le terrorisme".


En revenant de Syrie, El Bakraoui n'est pas inquiété

La Turquie a donc intercepté Ibrahim El Bakraoui en juin 2015 alors qu’il voulait se rendre en Syrie. Il est ensuite expulsé à sa demande vers les Pays-Bas, mais la Turquie prévient la Belgique de cette expulsion via l’officier de liaison belge à Ankara. El Bakraoui est donc aux Pays-Bas. Il n’est inquiété ni interrogé par personne, pourtant il revient de Syrie, il est en plus en libération conditionnelle, une peine de 9 ans, pour avoir tiré sur des policiers à la kalachnikov.

Un mois après son arrivée à Amsterdam, la Belgique se rend compte que Bakraoui est revenu, et qu’il ne respecte pas les conditions de sa libération conditionnelle. Pourtant, rien n’est fait. Ce 22 mars, l’homme s’est fait sauter à l’aéroport. Qui porte donc la responsabilité de ces erreurs en cascade ? C’est une commission d’enquête parlementaire qui sera chargée d’apporter la réponse.


 

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