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Triple meurtre à Visé: l'ADN de Troiano retrouvé sur les douilles, mais...

Triple meurtre à Visé: l'ADN de Troiano retrouvé sur les douilles, mais...
 
 

Deux experts en analyses ADN ont témoigné mercredi matin devant la cour d'assises de Liège au procès d'Amédeo Troiano, accusé du triple assassinat de Visé. L'ADN de l'accusé a bien été identifié sur quatre douilles retrouvées sur le lieu des faits. Mais les experts émettent certaines réserves et confirment qu'il ne peut être tiré de conclusions avec des certitudes absolues.

L'expert en identification ADN Angelo Abati a décrit la manière dont les recherches en ADN ont été effectuées sur 5 douilles. Lors de l'analyse, l'expert a opté pour la réalisation d'un seul prélèvement sur quatre douilles afin d'augmenter les chances de retrouver des cellules permettant d'identifier les ADN. Si ces douilles avaient été analysées individuellement, l'expert aurait eu peu de chances d'identifier un profil ADN. Une cinquième douille a été analysée séparément mais elle n'a pas livré de résultat en termes de présence d'ADN.

L'expertise a démontré la présence sur les quatre douilles concernées d'un mélange de quatre profils génétiques. L'analyse démontre que le profil ADN de Benoît Philippens et celui d'Esteban Counet se retrouvent sur les douilles. La présence de leur profil s'explique par une contamination intervenue directement sur la scène de crime. Les douilles éjectées ont probablement roulé sur le sol où se trouvaient d'importantes quantités de sang des victimes.

L'expert en identification ADN a surtout identifié le profil génétique d'Amédeo Troiano sur les douilles. Tous les allèles (les éléments qui représentent l'ADN) de l'accusé ont été retrouvés dans l'analyse, même si Amédeo Troiano est le contributeur minoritaire dans le mélange de quatre personnes.

Le quatrième profil présent dans le mélange n'a pas été identifié.

Un autre spécialiste en identification ADN a été consulté par la défense. Le conseiller technique Grégory Schmit a soutenu qu'il ne peut être tiré de conclusion de l'expertise ADN avec une certitude absolue. L'expert Abati a nuancé et a précisé que la particularité d'un mélange génétique composé de quatre personnes implique qu'il est difficile de tirer des conclusions en termes de statistiques de probabilité. "Mais je suis interpellé car je retrouve tous les allèles du suspect dans le mélange de profil génétique", a précisé l'expert.


Les secouristes toujours traumatisés: "Ça a mis fin à ma carrière d'ambulancière"

Les jurés de la cour d'assises de Liège ont également pu entendre ce mercredi les urgentistes intervenus sur les lieux des faits. Les ambulanciers et les médecins ont indiqué qu'ils sont toujours marqués par la particularité de cette intervention.

Plusieurs services de secours d'urgence sont intervenus sur les lieux des faits pour tenter de sauver les victimes. Les ambulanciers, les infirmiers et les médecins qui ont posé les premiers gestes se souviennent tous de la particularité de leur intervention. Le premier ambulancier arrivé sur place a directement découvert Esteban Counet. L'homme a pratiqué un massage cardiaque sur l'enfant, en vain. L'ambulancier se dit toujours marqué par cette intervention. "J'ai vu beaucoup de choses en 16 ans de carrière. Mais ce jour-là, c'était l'enfer. J'ai été plus marqué que d'habitude et je fais encore des cauchemars", a-t-il indiqué. "C'était horrible de tomber sur un enfant de 9 ans qui a été atteint d'une balle dans la tête. Cette intervention n'était pas comme les autres. Elle a mis fin à ma carrière d'ambulancière. Je n'ai plus voulu faire ce métier", a indiqué une autre secouriste.

Les différents intervenants ont évoqué les premiers mots de Carol Haid, toujours consciente à leur arrivée. Elle criait et disait qu'elle ne savait plus bouger ses jambes. Elle a rapidement été placée dans une ambulance mais elle souffrait de difficultés respiratoires. Carol Haid s'inquiétait des états de santé de son mari et de son filleul. Sa situation s'est dégradée durant le trajet vers l'hôpital. Carol Haid est ensuite décédée sur la table d'opération.Une infirmière urgentiste qui a secouru Carol Haid a encore confirmé le souvenir traumatisant de l'intervention. "Cette intervention laisse un souvenir beaucoup plus marquant car elle touche un enfant. La situation n'était pas belle à voir", a-t-elle précisé.

Les enquêteurs présenteront ce mercredi à partir de 14h00 la première partie de leur exposé. Sept heures d'intervention sont annoncées.

Amédeo Troiano est suspecté d'avoir commis les assassinats de Benoît Philippens (36 ans), de son épouse Carol Haid (38 ans) et du filleul de cette dernière Esteban Counet (9 ans). Ce couple de banquier et leur filleul avaient été exécutés de plusieurs tirs d'arme à feu le 18 avril 2014 vers 22 h 20 alors qu'ils se trouvaient dans l'allée de leur villa située rue de Berneau à Visé.


 

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