En ce moment
 
 

Les travailleurs de Fedasil dénoncent le manque de lits pour les migrants et demandeurs d'asile: "C'est inhumain"

  • 9 mineurs étrangers à la rue devant le Petit-Château à Bruxelles

  • "Il faut une place pour les jeunes et du personnel qui puisse les accompagner, c''est essentiel"

 
 
 

Plus d'une centaine de personnes selon la police et jusqu'à 200 selon les organisateurs ont manifesté ce jeudi matin aux abords de la zone neutre abritant plusieurs ministères et le cabinet du Premier ministre, pour appeler le niveau fédéral à contenir les effets de la crise de l'accueil actuelle. Elles s'adressent en premier lieu au secrétaire d'État en charge de l'Asile et la Migration Sammy Mahdi.

Un lit était disposé au centre du groupe. Les manifestants ont fait du bruit avec des sifflets, des sonneries de réveil et en tapant sur des casseroles. Ils avaient de multiples pancartes avec des messages comme "Sammy, réveille-toi", "Sammy tu dors, des humains dorment dehors" ou encore "Vous avez tellement poussé les murs que les lits sont dans la rue".

Ils ont froid et ont besoin d'aide

Cette action était organisée par les travailleurs de Fedasil, l'agence fédérale en charge de l'accueil des personnes demandant une protection internationale, avec le soutien de partenaires comme l'ONG Médecins du Monde et la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiées qui assurent une gestion humanitaire des laissés pour compte. "Ils ont le droit de demander l'asile et de recevoir une aide matérielle, mais ils ne la reçoivent pas et c'est inhumain", déplore une personne qui travaille dans les centres Fedasil. 

"Ils ont froid et ont besoin d'aide. Tous les travailleurs ici veulent aider ces gens, mais n'ont pas la possibilité de le faire. On travaille beaucoup et c'est dur, mais c'est plus dur au niveau du cœur encore".

Tous les jours on doit choisir qui va rentrer et qui va devoir rester dehors

Danaé Coquelet, porte-parole au centre d'arrivée du Petit-Château, s'est exprimé au nom de l'ensemble des travailleurs. "On ne peut plus continuer comme cela, avec une gestion au jour le jour. Ce n'est plus possible car cela ne respecte pas les droits des demandeurs de protection internationale, ni les droits des travailleurs du secteur de l'accueil. Les travailleurs sont épuisés, mais tiennent bon car ils ont envie d'accueillir décemment les demandeurs, ce qui n'est plus possible car tous les jours on doit choisir qui va rentrer et qui va devoir rester dehors. Les places arrivent aux compte-gouttes alors que les demandeurs de protection internationale continuent à affluer. On a une saturation à 97% de tous les centres en Belgique."

 On fait face à une pénurie de places depuis des semaines

Michel Genet, directeur général de Médecins du Monde, explique pour sa part qu'il y a eu un transfert de capacités pour les victimes des inondations, que des places ont été réservées pour les demandeurs d'asile en quarantaine Covid et que l'arrivée des Afghans s'est fait ressentir avec un décalage de plusieurs semaines avec la prise de pouvoir par les talibans. "On est très loin de l'importance de la crise de 2015 et on fait quand même face à une pénurie de places depuis des semaines, ce qui est scandaleux. En attendant d'ouvrir des capacités dans des centres, il aurait été possible d'ouvrir des places dans des hôtels, qui sont peu remplis. Ce n'est pas le cas, parce que cela bloque au niveau du gouvernement. On voit des autorités bruxelloises qui se retrouvent à gérer cela. On a jusqu'à présent travaillé sur une base bénévole au Petit Château, mais on envisage de dédier une à deux personnes en permanence à cela. On est prêt à faire un peu d'humanitaire, mais on ne veut pas se substituer à l'État et pallier ses carences."

La réponse du secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration

Le secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration Sammy Mahdi dit, dans un communiqué, "comprendre que les employés de Fedasil connaissent une charge de travail élevée" mais souligne qu'il "fait tout son possible pour créer des places et les pourvoir en personnel". Un centre doit ouvrir à Molenbeek cette semaine, un à Marcinelle la semaine prochaine et un autre à Evere avant Noël, assure-t-il. "Pour l'hébergement de nuit, un accord a été conclu avec la ville de Bruxelles. Il s'agit de lieux temporaires où les personnes peuvent séjourner après avoir été hébergées à long terme. Les bourgmestres de ces sites coopèrent sans problème", ajoute le communiqué du secrétaire d'État.

La Croix-Rouge va aussi déployer des volontaires dans les centres qui manquent de personnel. M. Mahdi a reçu une délégation des manifestants pour leur exposer ses actions en matière d'asile et de migration.


 

Vos commentaires