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Petits transporteurs: "Soit le gouvernement nous donne satisfaction, soit on bouche encore"

 
 

Les quelques centaines de camionneurs wallons qui ont participé ces dix derniers jours aux blocages routiers se sont structurés en un collectif aidé par le député indépendant André-Pierre Puget. Ils ont déposé lundi matin un cahier de revendications aux ministres wallons concernés.

Les interventions policières qui ont accompagné la demande de levée des barrages la semaine dernière n'ont pas entamé la détermination des petits transporteurs. Fabrice Ausloos, l'un des porte-voix de ce "Collectif des petits transporteurs", qui dit représenter 300 à 400 entreprises de transport et autres agriculteurs du sud du pays, l'assure. Et, si ces petits patrons se sentent lâcher par les fédérations professionnelles de camionneurs, comme la Febetra ou l'UPTR, ils sont affermis par l'appui de la population. "Les gens comprennent que nous nous battons pour travailler à salaire correct", avance Fabrice Ausloos.


Trois revendications essentielles

1. La principale revendication des camionneurs est d'instaurer une période de transition de six mois pendant laquelle la Région prendrait en charge la redevance, le temps d'en évaluer la charge sur le secteur et la population. 

2. Le Collectif réclame aussi de rendre les routes nationales gratuites pour les routiers belges, une demande qui pourrait se heurter aux exigences européennes de non-discrimination, pour cette redevance dont l'une des motivations est de faire contribuer aussi les routiers étrangers à l'entretien du réseau (auto-)routier des trois Régions.

3. Les petits transporteurs demandent encore que la Wallonie ne soumette pas la redevance à la TVA comme c'est le cas en Flandre, selon eux.

Ils veulent en outre diverses mesures en faveur des agriculteurs, dépanneurs ou forains. Les 23 millions d'euros de mesures d'accompagnement déjà dégagés par le ministre du Budget Christophe Lacroix avant l'instauration de la redevance sont jugés insuffisants par ces entrepreneurs qui se disent toujours menacés dans leur existence.


Un cahier de revendication remis lundi aux politiques concernés

Le collectif est épaulé par le député indépendant André-Pierre Puget (ex-PP), qui a rédigé leur cahier de revendications.
Leur délégation a été reçue successivement lundi matin aux cabinets des ministres Christophe Lacroix (Budget) et Maxime Prévot (Travaux publics) - tous deux absents - avant de rencontrer à midi le ministre-président Paul Magnette à l'Elysette.        

Ils espèrent une réponse lors de la réunion du gouvernement wallon de ce jeudi 14 avril. "Certains de nos membres l'ont dit: si la moitié de nos revendications passe, on cassera la moitié", a commenté Fabrice Ausloos pour illustrer la détermination des transporteurs.

Christophe Douny, transporteur routier, se dit assez confiant quant à l’issue des négociations: "Oui, je pense que ça va bouger. Nos revendications sont écrites dans le cahier et je pense que le ministre va l’acter. On est bien partis."


Magnette: les prélèvements sont plus élevés chez nos voisins

M. Magnette a confirmé privilégier la voie de la négociation, mais tenait aussi à rappeler les contraintes extérieures. Le principe de la taxation est européen et les montants uniformisés pour la Belgique sont moindres que dans d'autres pays, a souligné le ministre-président wallon.

Il rappelle que son gouvernement et le ministre Lacroix en particulier ont déjà tenu une vingtaine de réunions de concertation avec les organisations représentatives des transporteurs - dans lesquelles ne se reconnaît toutefois plus le Collectif des petits transporteur. "Nous continuerons à chercher des compensations économiques, mais il n'y aura pas d'exception" à la redevance, a-t-il ajouté, rappelant les contraintes de concurrence à l'échelle européenne. Ces nouvelles mesures de compensation devront être "soutenables" budgétairement et conformes aux règles UE, a-t-il conclu, appelant les transporteurs au "sang-froid".    

"La clé est dans la main du gouvernement. Ce sont eux qui décideront de notre sort. Soit ils nous donnent satisfaction, soit on bouche encore", conclut enfin Fabrice Ausloos.


 

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