En ce moment
 
 

Vous en avez marre des délais de rendez-vous chez l'ophtalmologue ? Cela va peut-être changer

Vous en avez marre des délais de rendez-vous chez l'ophtalmologue ? Cela va peut-être changer
 
 

Haidar ne comprend pas. Sa fille de deux ans et demi a mal à l'œil, il cherche un rendez-vous chez un ophtalmologue pour enfant, mais on ne lui propose pas de rendez-vous avant septembre. Neuf mois d'attente. Des délais qui posent questions mais qui pourraient bientôt être revus à la baisse.

Haidar ne comprend pas. Sa fille de deux ans et demi a mal à l'œil, il cherche un rendez-vous chez un ophtalmologue pour enfant, mais on ne lui propose pas de rendez-vous avant septembre. Neuf mois d'attente. Des délais qui posent questions mais qui pourraient bientôt être revus à la baisse. "N'y a-t-il plus de médecins ? Sont-ils en pénurie", s'interroge ce père de famille via le bouton orange Alertez-nous. "Non, avec 1000 ophtalmologues en Belgique, le pays est dans la moyenne européenne", répond le Docteur Oscar Kallay, vice-président du syndicat des ophtalmologues, le SOOS.

Sauf que par rapport à certains voisins, il y a tout de même une différence de taille, note Jean Hermesse, secrétaire général de la Mutualité Chrétienne. "Si je prends l'exemple de la France, il y a plus ou moins le même nombre d'ophtalmologues par habitant, mais à côté de cela il y a des optométristes qui ont des compétences reconnues pour toute une série d'actes. Par exemple pour des lunettes, il n'est pas obligatoire de passer par l'ophtalmologue. Donc la demande pour ces spécialistes est moins forte."

En Belgique, c'est la commission de planification du SPF (Service public fédéral) Santé publique qui détermine le nombre d'ophtalmologues formés en Belgique.

D'après les syndicats de médecins, il y a donc assez de spécialistes, mais d'après la mutuelle, ce n'est pas le cas ! "Il faut dire aussi que certains médecins tentent de protéger leur profession. Une forte demande leur permet de jouer sur les prix. Le malheur est que cela crée parfois une médecine à deux vitesses. Si vous téléphonez, on vous propose soit un rendez-vous rapidement mais en pratique privée, soit avec un plus long délai en horaires conventionnés et donc moins cher", ajoute Jean Hermesse.

S'il ne parle pas de pénurie, Oscar Kallay reconnait tout de même des délais d'attente assez longs. "C'est une plainte assez récurrentes des patients envers les spécialistes." A moins que vous ne souhaitiez un rendez-vous en urgence, vous devrez compter souvent plusieurs mois d'attente. Pour plusieurs raisons.


"Les patients se tournent trop vite vers des spécialistes"

L'une des raisons de cette longue attente, c'est le patient lui-même. "Souvent les patients se tournent trop vite vers le spécialiste. Alors qu'une visite chez le généraliste serait indiquée. Je pense à une collègue dermatologue. Des gens ont pris rendez-vous chez elle avant les vacances au ski pour savoir quelle crème appliquer..." cite Oscar Kallay.

Il y a donc les rendez-vous inutiles, mais aussi les rendez-vous... manqués. "5 à 10% des patients prennent rendez-vous et ne viennent pas. Ils ne prennent pas la peine de prévenir et bloquent la place pour quelqu'un d'autre", regrette Oscar Kallay. "Même un SMS de rappel la veille ne suffit pas à solutionner ce problème."

Le patient est également parfois exigeant selon le vice-président du syndicat des ophtalmologues. "Certains refusent de voir un autre praticien que celui qui leur a été directement recommandé. Dans le cas de groupement d'ophtalmologues, il arrive à des patients de décliner des rendez-vous plus proches, car ils ne veulent pas voir quelqu'un qu'ils ne connaissent pas."

"Il n'y a pas un manque d'ophtalmologues, mais un manque de structure"

Le patient n'est évidemment pas seul en cause. "Parfois certains médecins ne sont pas assez organisés, mais c'est la profession tout court qui manque d'organisation. En fait, il ne manque pas d'ophtalmologue mais de structure", reconnait le Vice-Président du syndicat. "Un ophtalmologue seul, dans son cabinet, ce n'est pas efficace, cela va évoluer en groupements d'ophtalmologues, assistés par des personnes formées en trois ans, des bacheliers."

La ministre de la santé Maggie De Block l'a annoncé "En 2018, les optométristes pourront aussi avoir leur place dans les professions paramédicales et donc reprendre certaines tâches, cela contribuera à diminuer les délais d'attente", explique Audrey Dorigo, porte-parole de la ministre.

Une nouvelle très bien accueillie par les praticiens. "L'avenir, ça sera un ophtalmologue entouré de deux ou trois bacheliers. Il y a toute une série de tâches qui peuvent être réalisées par des optométristes. Les examens oculaires et certaines réadaptations. Cela permettra à l'ophtalmologue de se consacrer aux actes techniques et de désengorger les files d'attente." Une solution qui permet aussi de faire des économies, d'après le syndicat. "Ophtalmologue, c'est onze ans d'étude, cela coûte cher à la société."

La Mutualité Chrétienne souligne aussi ce changement. "Une bonne chose. Il faut soulager les médecins des tâches bénignes, pour lesquelles ils sont surqualifiés. Cela dit, nous ne savons pas à quel point cela va désengorger les salles d'attente des ophtalmologues. Je pense tout de même que les Communautés devraient revoir les quotas. La solution aux files d'attente est double, soulager les ophtalmologues mais aussi en former davantage."


 

Vos commentaires