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Cédric, commerçant francophone, victime de racisme à Ostende: "Un peu comme si on avait peint une étoile jaune sur ma vitrine"

Cédric, commerçant francophone, victime de racisme à Ostende: "Un peu comme si on avait peint une étoile jaune sur ma vitrine"
© RTL INFO/BELGA IMAGE
 
 

Samedi dernier, le mouvement nationaliste flamand Voorpost a placardé la boutique de Cédric avec son autocollant. Encore ébranlé par son vécu, il nous contacte via le bouton orange Alertez-nous.

Cédric, 50 ans, tient un pop-up store éphémère à Ostende. Il y vient tous les étés depuis quatre ans pour vendre des Lego et des Playmobil à la pièce. En hiver, il se rapatrie vers la capitale où il participe alors au marché de Noël. Originaire des Ardennes, Cédric se dit pourtant bien intégré à Ostende: "J’ai le contact très facile avec les gens".  

Tout se passait à merveille une fois de plus cette année, jusqu’à un samedi du mois de juillet. Trois hommes entrent alors dans la boutique en clamant en néerlandais: "Ici on est en Flandre, ici on parle flamand!". Cédric n’était pas présent, c’est un de ses amis ainsi que sa mère qui tiennent le magasin. Son ami essaye alors de comprendre la raison de la venue des fauteurs de troubles mais, déterminés à ne pas lui adresser la parole, ils placardent leur autocollant jaune et noir NEDERLANDS sur la vitrine de la boutique, le tout devant des clients. Ils partent ensuite d’eux-mêmes.


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"Ça me blesse dans mon humanité" 

Cédric ne reviendra sur place qu’après le week-end: "Heureusement que je n’étais pas là parce que je ne sais pas comment ça se serait terminé" dit-il. C’est la première fois que ce type d’intimidation a lieu, jamais auparavant il n’avait vécu pareille situation. Une fois le choc passé, la stupéfaction laisse place à l’incompréhension: "Depuis quatre ans je suis à Ostende et tout le monde me connait (…) Je ne suis pas bilingue mais je fais tous les efforts du monde avec les personnes qui parlent néerlandais, et puis je parle anglais". Cédric précise que chaque information inscrite sur sa vitrine est traduite en néerlandais ainsi qu’en anglais. "Pour moi c’est de la violence psychologique et de l’intimidation, ça me blesse dans mon humanité (…). J’ai été victime de racisme, un peu comme si on avait peint une étoile jaune sur ma vitrine" insiste-t-il.

Si je porte plainte, ce sera en français et les policiers ne vont peut-être pas apprécier

Pourtant, malgré l’acte commis, Cédric ne porte pas plainte: "Si je porte plainte, ce sera en français et les policiers ne vont peut-être pas apprécier". Il explique également avoir "peur de tomber dans un engrenage, du genre: je décolle un autocollant et ils viennent en coller deux le lendemain".  

La crainte s’installe ensuite, petit à petit, dans les jours qui suivent l’incident: "J’avais envie de fermer la boutique" nous confie-t-il. Il avoue craindre une attaque personnelle, "mais je me suis repris, on m’a dit ‘Tu vas pas leur donner raison, ce n'est qu’une bande de cons’"

Voorpost se distancie 

Profondément raciste et xénophobe, l'organisation Voorpost est connue pour ses idées extrêmes et son penchant vers la droite radicale. En effet, Voorpost exprime ouvertement sur Internet ses objectifs peu reluisants : l’unification de la Flandre et des Pays-Bas, la fin de "l’islamisation de nos sociétés", la lutte contre la théorie du "grand remplacement", etc…

Contacté via mail, Bart Vanpachtenbeke, le Président du mouvement, nous répond rapidement: "Nous ne tolérons pas les attaques personnelles", écrit-il. Les autocollants et les affiches de l’organisation peuvent être achetés en ligne et sont distribués lors d’évènements, Voorpost est donc dans l’incapacité de contrôler l’utilisation qu’en font les membres. Il ajoute: "Nous soutenons à 100 % le message figurant sur nos imprimés, mais nous ne sommes pas responsables de son utilisation abusive". 

Cédric est persuadé que ce genre d’incidents ne se produirait jamais en Wallonie: "Aucun wallon n’irait placarder ‘Le français d’abord!’ sur un magasin hollandais en Ardennes"

"Pour moi, c’est un problème politique, un problème scolaire et récurrent" insiste-t-il. Actuellement, il ne sait pas encore de quoi sera fait son avenir. "Je ne veux pas lâcher. J’aime cette ville, je me sens bien à Ostende" dit-il. "Chaque été, c’est un plaisir d’être là, j’exerce mon métier avec passion". Cédric ajoute néanmoins avec regret: "On est en 2022 et je pensais qu’on avait retrouvé une certaine solidarité… mais les vieux démons réapparaissent". 

Maga-Ostende
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