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"Nous sommes inquiets pour leur santé mentale": Sophie et Bruno réclament la réouverture des clubs canins, spécialement pour les chiots

"Nous sommes inquiets pour leur santé mentale": Sophie et Bruno réclament la réouverture des clubs canins, spécialement pour les chiots
©Alertez-nous
 
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Depuis que le confinement a débuté, les chiens n'ont plus de séances de dressage ou de sociabilisation. Et cela pourrait être très problématique pour les jeunes chiens qui ne connaissent pas encore les codes.

Le confinement pourrait avoir des conséquences néfastes sur les jeunes chiens s'ils ne reprennent pas rapidement la socialisation. C'est ce qu'estiment Sophie et Bruno Barras, tous les deux éleveurs et bénévoles dans un club canin, l'ASBL Veille et Protège, à Chastre dans le Brabant wallon.

Ils nous ont contactés via le bouton orange Alertez-nous afin d'interpeller sur les risques que comporte un confinement qui durerait trop longtemps.

"Nous sommes inquiets pour la santé mentale et la socialisation des chiots. Ils ont absolument besoin de croiser d’autres gens et d’autres chiens de toutes les races afin de ne pas développer de craintes ou d’agressivité", nous a écrit la bénévole.

Elle aimerait pouvoir accueillir à nouveau les chiots le plus rapidement possible : "Nous pensons qu’il est indispensable de rouvrir les clubs canins et d’y autoriser les cours en plein air en respectant les distances nécessaires. Le confinement des chiens engendrera une hausse de l’agressivité des chiens et une hausse des abandons", poursuit-elle.

"À distance, ce n'est pas l'idéal"

La panique des propriétaires de chiots face à leur animal qui grogne pour la première fois, le couple l'a déjà entendue. "On a déjà des membres qui ont des chiens qui aboient et grognent par manque de contact humain", explique Bruno. Il a mis en place un "call center" pour répondre aux questions de leurs affiliés et les conseiller, "mais à distance, ce n'est pas l'idéal", déplore-t-il.

Il insiste : il est bénévole et ce n'est donc pas pour des raisons financières qu'il veut rouvrir rapidement, c'est uniquement pour le bien-être des animaux.

Et ce qu'il faut bien comprendre pour cerner sa demande, c'est l'importance de la socialisation du chiot avant 6 mois. "Avant, on avait tendance à attendre qu'un chien ait 6 mois pour commencer, mais c'est trop tard", estime l'éleveur.

Le confinement augmente l'anxiété du chien envers les étrangers

"La peur engendre de l'agressivité"

"Pour les chiots qui n'ont pas eu de socialisation, les rencontres avec d'autres personnes vont développer de la méfiance. Et la peur engendre de l'agressivité chez un chien. Il est donc primordial que les chiots entre 0 et 6 mois rencontrent d'autres chiens, d'autres personnes, soient manipulés par d'autres pour qu'ils comprennent les codes", expliquent les éleveurs.

Sophie et Bruno, qui s'occupent d'une cinquantaine de chiot au club, ont l'habitude de voir débarquer des maîtres qui ont un jour eu un coup de cœur pour un chiot, et puis qui ne savent pas comment s'y prendre.

"Ils sont parfois perdus, ils pensent qu'un chien s'éduque comme un enfant. Et la première fois que le chien grogne, ils ont peur, ils ne savent pas comment réagir. J'ai peur que ça donne lieu à des abandons pour les chiots qui avaient tout juste débuté la socialisation", ajoute Sophie.

Le comportement du maître influe énormément sur celui du chien, insiste le couple, notamment en cette période de confinement. Par exemple, s'il va promener son animal sur le Ravel, cela peut engendre des situations probématiques. "Si le chien voit le maître stresser pour les distances sociales par exemple, il va ressentir ce stress. Le maître est dans sa bulle et le chien se met en autoprotection", explique Bruno.

"Le confinement augmente l'anxiété du chien envers les étrangers", ajoute-t-il. Il craint d'avoir "une génération de chiens à guérir".

Une mise en contact avec d'autres chiens nécessaire

En fait, pour être éduqué correctement, un chiot doit être confronté à des difficultés afin d'apprendre à réagir. Pour ces éleveurs, ils vivent principalement aujourd'hui des situations uniquement confortables : "Ils ont tous les conforts de la protection, explique Bruno. Par exemple le jardin, la laisse, la voiture", tout ça les rassure.

Les deux éleveurs réclament donc la réouverture de leur centre. Ils ont d'ailleurs tout prévu pour que cela soit possible en respectant strictement les règles nécessaires.

"Les chiens pourraient être en contact et jouer ensemble, ce qui ne font plus du tout maintenant en raison du risque de mauvaises réactions", expliquent les éleveurs. Normalement, ils travaillent avec des groupes jusqu'à 10-15 chiots. Là, ils se limiteraient à des groupes de 5 avec un instructeur. Tout se passe à l'extérieur, sur un terrain prévu à cet effet. Dans leur organisation, les maîtres ne sont pas en contact entre eux : ils restent à l'écart et c'est l'instructeur qui intervient auprès des chiots si besoin. De cette manière, le risque de contacts entre les personnes est écarté.

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Qu'en dit la ministre du bien-être animal ?

La demande de Sophie et Bruno a été entendue par le cabinet de la ministre wallonne du bien-être animal, Céline Tellier. L’Union Royale Cynologique Saint-Hubert a d'ailleurs interpelé la ministre à ce sujet afin que la reprise des sessions et de socialisation soit remontée au niveau fédéral.

"Il appartient à l’autorité fédérale de déterminer les activités qui pourront reprendre étant donné l’évolution du contexte sanitaire", nous précise-t-on.

Les mesures les plus urgentes ont été prises pour "d'une part, autoriser les adoptions afin d’éviter la saturation des refuges. Et d’autre part, autoriser la vente d’animaux, notamment de chiens issus d’élevage, afin de permettre la socialisation des chiots dans leur famille", précise encore le porte-parole de la ministre.

"Un équilibre doit être trouvé entre un respect strict des mesures sanitaires en vigueur et la poursuite des activités relatives au bien-être animal", nous rappelle-t-on enfin.

Une réouverture des centres de dressage et de socialisation n'est pas encore à l'ordre du jour, mais l'appel de Sophie et Bruno est lancé : "C'est rattrapable mais il ne faut pas que ça dure plus longtemps".

Les gens ont beaucoup plus de temps à consacrer leur chien. Donc, ça permet de faire disparaitre certains troubles comportementaux

Les aspects positifs du confinement pour les chiots

De son côté, Adeline Westerling, comportementaliste et coach canin, constate que le confinement a aussi certains avantages pour les chiens. Tout d'abord parce qu'il y a eu davantage d'adoptions de chiens durant cette période. Elle l'a constaté grâce aux consultations virtuelles qu'elle organise. "J'ai eu beaucoup de demandes de conseils relatifs au choix des races à adopter. Des gens m'appellent aussi car ils viennent d'adopter un chiot et veulent savoir comment débuter son éducation. D'ailleurs, quand on m'appelle en urgence, c'est souvent pour aborder les bases de la socialisation", explique-t-elle.

Elle note aussi que depuis le début du confinement, les maîtres sont davantage présents pour leur animal. "Les gens ont beaucoup plus de temps à consacrer leur chien. Donc, ça permet de faire disparaitre certains troubles comportementaux : ils sont plus promenés et ressentent moins la solitude. Le chien est beaucoup plus respecté dans ses besoins", ajoute la comportementaliste.

Pour être sociabilisé, un chien doit être mis en contact avec différentes personnes et des contextes variés : il doit être en contact avec des personnes âges, des enfants, mais aussi des bus, des chevaux ou encore à ses congénères. "Si on veut sociabiliser son chien à tout, le confinement est problématique", admet-elle. Elle donne l'exemple des centres commerciaux ou encore des terrasses de café et restaurants où les maîtres ne peuvent pas se rendre. Mais il y a quand même des possibilités de le faire.

"C'est quand même au maître à faire un gros boulot en priorité en l'emmenant partout afin qu'il ne développe pas de peur par rapport à l'inconnu", insiste la spécialiste.

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Les conseils de la comportementaliste

Elle recommande dès lors aux maîtres de chiots de les promener longuement : "Surtout, prendre le temps de laisser le chien profiter de la balade, d'être en contact avec ses congénères dans la mesure du possible, le laisser sentir les odeurs, etc. On ne respecte pas assez les besoins du chien en général donc c'est l'occasion".

Autre recommandation : lui faire faire des exercices physiques, "surtout pour les races qui ont spécialement besoin de beaucoup se dépenser (border collie, berger malinois, etc.)", ajoute Adeline Westerling. Elle conseille aussi de leur donner de quoi mastiquer et stimuler leur odorat : tapis de léchage ou de fouille, jeux ou encore un "os bien charnu" à aller chercher chez le boucher.

Elle conseille aux maîtres de jeunes chiots de ne pas lésiner sur "les papouilles" avec l'animal, mais toujours dans le respect de celui-ci : "ne pas le caresser s'il est dans son panier par exemple ou encore, ne pas mettre sa main dans sa gamelle. Enfin, ne pas caresser le dessus de la tête, car cela peut être une source de stress pour le chien qui ne voit pas à cet endroit", note-t-elle encore.

Un petite apprentissage de la solitude, même si ça a déjà été fait, doit être fait car là, pour l'instant, ils ont un peu la vie de rêve

L'angoisse de la séparation

Tout comme Sophie et Bruno, les deux éleveurs, elle pointe enfin une difficulté à laquelle les maîtres vont devoir se préparer : l'angoisse de la séparation lorsque le confinement prendra fin.

Adeline Westerling conseille d'utiliser le temps qu'on a actuellement pour le préparer à la solitude. Pour cela, "il ne faut jamais dire au revoir à son chien quand on part. Il faut dissocier le départ du maître avec quelque chose d'émotionnel. Un petite apprentissage de la solitude, même si ça a déjà été fait, doit être fait car là, pour l'instant, ils ont un peu la vie de rêve", conclut-elle.


 

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