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Des seringues de toxicomanes jonchent le sol d'une rue du centre de Liège: "Un gros problème pour le quartier" (vidéo)

 
 

Ricardo habite la rue Basse Sauvenière, à Liège. Cette petite ruelle est le théâtre d'un spectacle nocturne peu reluisant. La nuit tombée, des toxicomanes se shootent avant de laisser sur le sol leurs seringues. Une situation que la police dit connaître.

"Un jour, quelqu’un va finir par se blesser avec une seringue", nous écrit Ricardo (prénom d'emprunt). Ce Liégeois nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour attirer notre attention sur la situation d'une petite ruelle fort peu fréquentée parallèle au boulevard de la Sauvenière: la rue Basse Sauvenière. 

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Des seringues à même le sol

Ricardo habite le quartier depuis un an, mais ces derniers temps, un manège d'un genre particulier se produit quotidiennement. Des toxicomanes y viennent consommer leurs substances illicites au pied des habitations. "Parfois, ils sont dix. Ils bloquent le passagelaissent des seringues par terre remplies de sang ou font leurs besoins.La présence de petite cuillère métallique est aussi dénoncée. Ricardo précise qu'il ne s'est cependant jamais senti en insécurité.

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Ce qu'il pointe du doigtc'est la saleté et la dangerosité que représente la présence de seringues qui jonchent le sol: "Hier, j'ai  faire demi-tour tellement il y avait de seringues parterre. Avec l'été, nous marchons en sandales aussi. Et les chiens ? C'est très sale, pourtant le lieu est très joli", déplore-t-il.

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Au coin de la rue, on retrouve un restaurant: "Pane e Vino". Le responsable confirme les dires de Ricardo. "Ça n'arrête pas. C'est un gros problème pour le quartier. On a eu la paix un moment, mais là depuis deux mois, c'est incessant", surenchère-t-il. Le gérant explique que lui et ses employés sont obligés d'allumer leur lampe de poche quand il faut rejoindre leur véhicule en fin de service. Par crainte de marcher sur des seringues. De manière générale, le patron déplore une situation catastrophique pour un quartier prisé des touristes. Il précise que le parking sous-terrain est obligé de se doter d'un garde pour faire face aux toxicomanes.

Ricardo et le restaurateur disent avoir déjà contacté les forces de l'ordre pour signaler la problématique. En vain. Une situation d'autant plus difficile à accepter pour Ricardo que la Ville de Liège est dotée d'une salle de consommation de drogue à moindre risque (salle de shoot). Elle est située seulement à un jet de pierre de la rue de Ricardo. "Pourquoi les toxicomanes préfèrent-ils venir à la rue Basse Sauvenière?", s'interroge-t-il, sans pour autant trouver réponse à sa question. 

La Ville de Liège, de son côté, donne cette réponse: "La salle n'est pas ouverte tout le temps. Elle possède des horaires spécifiques. La salle n'est qu'une partie de la réponse aux problèmes de toxicomanie", explique Laurence Comminette, porte-parole du bourgmestre Willy Demeyer. La Ville de Liège dit être au courant des problèmes liés à la rue Basse Sauvenière. "Notre éducateur de rue y est déjà passé plusieurs fois pour prendre contact avec la population. Il y repassera prochainement. (...)  C'est vrai que c'est extrêmement dérangeant pour les riverains et la ville. Ça ne nous amuse pas du tout. Mais la ville n'a pas de prise sur tout."

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Pour la ville de Liège, l'émergence d'une toxicomanie visible est le fruit de tristes événements: "Pour l'instant, on observe à Liège comme partout en Belgique, une progression de la consommation de la cocaïne par injection. La police, dans ses fonctions de proximité, a été mise à rude épreuve: attentats, covid, intempéries, etc. On enchaîne les périodes extrêmement compliquées", conclut Laurence Comminette.

Une rue connue des services de police

De son côté, la zone de police explique que "le service de la Paix public effectue quotidiennement des patrouilles dans toutes les rues du centre, la rue Basse-Sauvenière en fait donc partie et continuera à l'être régulièrement." La présence de consommateurs de drogues dures à cet endroit est donc connue des services de police. "Par contre, nos statistiques ne relèvent pas de fait récent de deal à cet endroit", précise Benoît Ferrière, du service communication de la zone de police de Liège. 

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Par ailleurs, face à la consommation de drogue sur la voie publique, la police de Liège se dit confrontée à deux comportements principaux: "S'il est en manque et trouble l'ordre public, il est arrêté. S'il n'a pas encore consommé ou s'apprête à le faire, les policiers saisissent ses stupéfiants et dressent un PV. Nos policiers doivent encore tenir compte d'un facteur important : le toxicomane, est-il en train de consommer ou se pose-t-il quelque part après avoir consommé ?" Un jugement à l'appréciation de l'agent. 

Cibler le trafic de drogue

De manière plus large, le ministère public liégeois dit prendre le problème de toxicomanie très au sérieux. Preuve en est, une circulaire du Procureur du Roi a été émise récemment (1er avril 2022) au sujet des dealers de rue, pour une poursuite accélérée. Son nom: "Targetting Street Deal" au centre-ville de Liège, comprenez "cibler le trafic de drogue".

L'objectif est "de donner une réponse rapide, efficace, mais juste", explique Catherine Collignon, première substitute du procureur du Roi de Liège, avant de poursuivre "le but est aussi désengorger le travail des juges d'instruction, des chambres du conseil, et des services de police avec des devoirs qui se sont avérés inutiles par l'expérience que nous en avons."

Une analyse au cas par cas

Concrètement, toutes les personnes prises en flagrant délit de trafic de stupéfiants seront traduites en un temps record devant un tribunal correctionnel. À certaines conditions et au cas par cas: "On s'est rendu compte que lorsqu'une personne était en aveu rapidement, les devoirs d'enquête qui étaient faits par le juge d'instruction confirmaient souvent ce qu'ils disaient." Mais de préciser: "Attention, une partie de ces dossiers ne se prêtera pas à ce traitement rapide. Si j'intercepte quelqu'un qui dit 'c'est ma première transaction', mais que son téléphone n'arrête pas de sonner, alors on se rendra compte que sa déclaration n'est pas en concordance avec les éléments. Alors là, on va passer par l'instruction classique.", précise Catherine Collignon qui conclut : "On prend le problème à bras-le-corps. Tout le contraire d'une justice expéditive."


 

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