En ce moment
 
 

Serkan, un père de famille en colère: le quartier de l'école de ses enfants à Schaerbeek devenu infréquentable à cause des toxicomanes?

Serkan, un père de famille en colère: le quartier de l'école de ses enfants à Schaerbeek devenu infréquentable à cause des toxicomanes?
 
 

Serkan, 36 ans, s'inquiète d'un changement dans le quartier de l'école des ses trois enfants, à Schaerbeek. Il remarque de plus en plus de personnes visiblement sous influence de stupéfiants. Elles n'hésiteraient pas à consommer au vu et au su de tous les riverains. Il en a alerté les autorités compétentes, mais rien ne change selon lui.

Serkan est un papa inquiet. Ce Bruxellois nous a joints via le bouton orange Alertez-nous à propos d'un sentiment d'insécurité qui règnerait dans un quartier de la commune de Schaerbeek. En cause: la présence de toxicomanes de plus en plus importante. "A la jonction de la chaussée d'Haecht et de la rue Seutin, il y a un attroupement de cocaïnomanes qui s'injectent des substances illégales sous les yeux des enfants ce qui constitue un réel danger", lâche l'homme de 36 ans.

Des mères de familles prises à partie

En déposant à l'école ses trois enfants le matin dans le quartier de la place de la Reine, Serkan dit observer régulièrement des personnes qui importunent, mendient de manière insistante voire menaçante auprès de mères de familles de passage; en plus de prendre des drogues à la vue de tous. "Ils agressent les femmes, les enfants pour avoir de l'argent. Ils sont prêts à tout. Ils n'ont rien à perdre pour la plupart. Des mamans sont démunies de toute défense, ce sont des proies faciles pour eux", ébruite-t-il. Une présence "permanente, matin comme soir."

J'ai dû intervenir physiquement

Peu avant la fin de l'année scolaire, les faits décrits se seraient intensifiés au point que les choses ont dégénéré: "J'accompagnais mes enfants à l'école. Un des toxicomanes, qui à mon avis était en manque, s'est mis à agresser trois mamans d'élèves sous mes yeux pour leur usurper de l'argent", relate Serkan qui poursuit: "J'ai dû intervenir physiquement. Je me suis battu avec ce monsieur. En plus, il avait quelque chose en main, je ne sais pas trop quoi. J'ai mis ma vie en danger pour sauver ces trois femmes. De gens se sont aussi interposés. Heureusement, le gars a pris peur. Il s'en est allé."

Serkan dit ne pas avoir alerté la police ce jour-là après son altercation. Pourquoi ? Le père de trois enfants dit être fatigué d'avoir déjà informé la commune et la police de la présence de ces toxicomanes dans le quartier ces derniers mois, sans qu'il n'y ait eu la moindre réaction visible. "Rien n'a été fait", affirme-t-il.

Une population précarisée 

Contacté par notre rédaction, la commune de Schaerbeek dit être au courant des problèmes liés au quartier de la place de la Reine. Ceux-ci lui sont remontés via les gardiens de la paix, entre autres, qui opèrent dans le secteur. La commune évoque "une occupation problématique de l'espace public" par une population précarisée, SDF mais aussi toxicomanes. Le problème s'est intensifié depuis la crise Covid.

Pour y remédier, la commune essaie d'apporter "une réponse adaptée à chaque problème", explique Alice Dobrynine, conseillère police et sécurité de la bourgmestre de Schaerbeek, Cécile Jodogne:

  • Pour la présence importante de SDF, la commune a fait appel à un opérateur régional, l'ASBL Transit: "Ce sont des professionnels de la santé publique. Ils font des approches, des rondes, etc. Certaines personnes ont été prises en charge et ont pu être relogées. Pas toutes." L'asbl Transit travaille en concertation avec un autre acteur, plus local celui-ci, l'asbl Latitude Nord".
  • Pour ce qui est des problèmes d'insécurité et de toxicomanie, la présence de la police a été augmentée pour apporter plus de visibilité notamment, explique-t-on à la commune. Audrey Dereymaecker, porte-parole de la zone de police Nord, confirme: "La présence de la police est plus importante. Nous invitons les personnes sous influence à évacuer les lieux."


Double augmentation

La police dit avoir été mise au parfum des problèmes d'insécurité à l'endroit mentionné par Serkan, début du mois de mai suite à un signalement de la direction d'une école du quartier car un SDF harcelait des parents d'élèves. Une fois sur place, la police a repéré l'homme à un arrêt de bus mais il n'était visiblement pas sous influence de la boisson ou de quelques stupéfiants. Il s'agit du dernier fait officiellement recensé par les forces de l'ordre dans le quartier. Pourtant, les plaintes ont bel et bien augmenté dans ce quartier lors du dernier confinement constate-t-on à la police de la zone Nord. Autre augmentation remarquée : celle des personnes sous l'influence de stupéfiants dans le quartier.

Les policiers dressent des PV mais il n'y a pas de suivi au niveau de la justice car c'est considéré comme de la petite délinquance

La commune de Schaerbeek regrette par ailleurs que le travail de sa police ne soit pas toujours suivi au niveau du Parquet. "Les policiers ont des difficultés à traiter ces choses-là. Ils constatent, dressent des PV mais il n'y a pas de suivi au niveau de la justice car c'est considéré comme de la petite délinquance. C'est extrêmement décourageant", lâche Marc Weber, porte-parole de la bourgmestre de Schaerbeek. Par ailleurs, deux réunions rassemblant membres de la commune, de la police et représentants des habitants du quartier se sont tenues au mois de mars et de mai dernier pour évoquer la situation. Les habitants ont pu exprimer leur sentiment d'insécurité et évoquer l'insalubrité visible.

Un contrat de quartier à évaluer

Plus globalement, en plus de la présence d’acteurs sociaux (asbl Transit, Latitude Nord) et des forces de l’ordre, la commune compte également sur un contrat de quartier pour redynamiser la zone. Celui-ci prévoit une série d'animations et de concerts dans les mois à venir pour faire "basculer le quartier dans une dynamique plus positive et une occupation plus appropriée de l'espace public", explique Alice Dobrynine. Les effets du contrat de quartier, déjà mis en place, n'ont pas encore pu être mesuré. "Ça va se faire sur le long terme", précise-t-on.

Ils ne cherchent que de l'argent pour se droguer

De son côté, Serkan craint le pire. "Tout peut arriver. Vous avez affaire à des gens qui sont déconnectés de la société. Des dégénérés mentaux. Ils ne cherchent que de l'argent pour se droguer constamment. Ils attendent un cas comme Mounia qui a été tuée sauvagement?"

Le père de famille fait référence au meurtre d'une mère de famille (Mounia) dans la commune voisine d'Evere. Le 30 mai dernier, vers 19h40, une femme âgée de 36 ans, mère de trois enfants, a été agressée alors qu'elle promenait son bébé en poussette, au croisement de la rue des Deux Maisons et de l'avenue du Cimetière de Bruxelles. Elle a reçu des coups au moyen d'un objet tranchant au niveau du cou et est décédée à l'hôpital des suites de ses blessures. Le motif de l'agression n'a pas encore été établi. Un suspect, âgé de 26 ans, est toujours en détention préventive.


 

Vos commentaires