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Philippe, atteint d’un cancer, n’avait plus que 100 jours à vivre: "J’ai survécu, c’est incroyable!"

 
 

Philippe se considère comme une sorte de miraculé. Il y a un an, son médecin lui annonçait que sa vie était menacée, en raison de son cancer incurable. 100 jours à vivre. C’était son pronostic. Mais une opération chirurgicale au cerveau lui a permis de passer ce cap. Une réussite médicale qui donne encore plus d’énergie et d’espoir à cet homme courageux pour continuer à se battre contre la maladie.

Atteint d’un cancer généralisé, Philippe Maes était confronté à une fatalité sombre. C’était il y a un an."Il me restait 100 jours à vivre. C’est ce que mon oncologue m’avait annoncé fin janvier de l’année dernière. Il m’avait dit que mon espérance de vie tournait entre trois et cinq mois", indique ce Bruxellois qui habite dans le Brabant flamand. Après avoir appris cette terrible nouvelle, ce père de six enfants avait décidé d’extérioriser ses craintes et de raconter son quotidien en tenant un journal de bord. Il nous avait alors contactés pour témoigner de ses difficultés quotidiennes, tout en faisant preuve d’un optimisme teinté d’un humour plein de légèreté.

"C’était la seule chance de s’en sortir"

Aujourd’hui, Philippe a une nouvelle fois écrit à notre rédaction via notre page Alertez-nous pour annoncer un événement inespérée."Entre-temps, grâce à des docteurs formidables de l’UZ Leuven, j’ai survécu ! Ils ont opéré les deux métastases qui s’étaient développées dans le cerveau avec une réussite incroyable. L’une était du côté de la vue et l’autre de la partie mobilité." Vu que son état de santé s’était fortement dégradé au printemps dernier, cette intervention chirurgicale était apparue comme inévitable pour éviter le pire. "Début mai, j’ai décidé, en accord avec mon médecin et ma famille, de faire l’opération malgré les risques", explique le quadragénaire."Une intervention au cerveau est toujours très délicate. La difficulté est de ne pas léser les tissus sains situés à côté de la tumeur. Si cela se produit, vu que le cerveau est notre centrale de commande, les conséquences peuvent aller de la perte de l’usage de la parole, à la paralysie, voire à l'épilepsie", indique Jean-Benoît Burrion, directeur médical adjoint à l’Institut Jules Bordet, un hôpital bruxellois entièrement consacré aux maladies cancéreuses.

L’intervention est donc malgré tout programmée le 14 mai à l’hôpital universitaire de Louvain, dans le Brabant flamand. "L’opération a duré six heures, deux fois trois heures par métastase. Maintenant, j’ai deux cicatrices sur la tête mais on s’est habitués à cela. C’était la seule chance de s’en sortir puisque les pronostics étaient justes. Fin mai, c’était fini", souligne-t-il.

"Je me croyais encore une fois sauvé"

Si cette opération n’avait pas eu une issue positive, Philippe ne serait vraisemblablement plus là. Aujourd’hui, ce père de famille ne peut donc que se réjouir de ce succès médical. Surtout qu’il ne souffre pas de séquelles importantes."Au niveau de la vue,  à part devoir porter constamment des lunettes, je n’ai aucun problème. Au niveau de la parole, j’ai de temps en temps quelques inversions de phrases. Mais au niveau de la mobilité, je n’ai vraiment pas de souci, même si évidemment je ne peux pas faire les 20km de Bruxelles.  Par contre, je ne peux plus conduire suite aux crises d’épilepsie", assure Philippe.

A partir du mois de juin, après deux semaines de convalescence, son état de santé s’est nettement amélioré, et lui a permis de retrouver le sourire. Mais son combat contre le cancer, qui a débuté en 2010 suite à la découverte d’un mélanome malin en phase avancé, n’est pas pour autant terminé."Comme dit mon médecin, on n’en guérit pas. Le cancer est toujours présent", souligne-t-il.  Et, selon Jean-Benoît Burrion de l’Institut Bordet, les risques de récidives avec un mélanome sont toujours importants. La maladie s’est d’ailleurs à nouveau rapidement manifestée."Au mois de juillet, j’ai eu de nouvelles métastases à l’épaule gauche que l’on a opérées sous anesthésie générale. Mais  elles ne m’ont pas laissé de séquelles. Donc, j’étais content. Je me croyais encore une fois sauvé", se souvient-il.

Retour au travail et nouvelle métastase

Rempli d’une nouvelle énergie qui dope son moral, Philippe a décidé quelques mois plus tard de reprendre son emploi dans un magasin. "Je suis tellement content d’être retourné au travail  depuis le 18 novembre. Normalement, jusque fin décembre j’étais en arrêt de travail pour maladie. Mais j’ai demandé de recommencer et mon patron a été super sympa. Mon équipe me manquait et personne ne m’avait encore remplacé. J’ai donc cassé mon certificat de maladie. Le médecin conseil m’a dit que si je le sentais, c’était à moi de choisir. Il faut dire qu’ils ont rarement des personnes qui  viennent demander de casser un certificat, elles viennent plutôt en général pour le prolonger. Ils étaient donc un peu étonnés de ma démarche mais je ne voulais pas rester seul à la maison à me tourner les puces", explique-t-il.

Peu de temps après, alors que Philippe était dans une phase positive bercée par son retour au magasin,  une nouvelle métastase a été décelée dans son corps. Comme pour lui rappeler que son cancer n’avait pas disparu."Au mois de décembre, j’ai senti une boule à la cuisse gauche. On a décidé, en accord avec mon médecin, de ne pas l’opérer parce qu’elle ne me gênait pas à cet endroit-là et de l’utiliser comme  évaluation. Donc, concrètement, on a fait une radio et un scan pour évaluer la taille de cette nouvelle métastase et on a décidé de la garder comme échantillon", explique Philippe, qui a déjà dû subir sept opérations depuis la révélation de sa maladie. 

Un tout nouveau médicament en phase de tests

Grâce à son caractère fort et son naturel joyeux, le Bruxellois tente toujours malgré tout de garder un cap positif. Depuis début janvier,  il suit une nouvelle chimiothérapie qui est programmée toutes les trois semaines pendant deux ans."Il s’agit du traitement MK-3475. Un nom un peu barbare pour une étude qui vise à soigner le cancer", explique Philippe. Il s’agit en effet d’un tout nouveau médicament en phase d’essais cliniques et qui n’est pas encore commercialisé."Cet anticorps monoclonal est actuellement à l’étude, surtout en France et aux Etats-Unis. Il est réputé d’assurer une rémission complète dans au moins 50% des cas pour le mélanome métastasé. Ça a l’air très efficace. C’est l’avenir", assure Jean-Benoît Burrion de l’Institut Bordet.  

Les espoirs en cette molécule d’immunothérapie  sont donc énormes pour soigner les patients atteints d’un mélanome métastatique, comme Philippe."J’ai déjà eu trois injections de ce traitement. Et ce qui paraît maintenant vraiment miraculeux, c’est qu’apparemment la boule a disparu ! Cela n’a toutefois pas encore été confirmé par scan, parce qu’il n’est prévu que fin mars. Mais auparavant quand on touchait, on sentait nettement une troisième boule. Je rigole toujours avec cela en disant qu’avant j’avais trois c... et maintenant j’en ai plus que deux. Ce qui parait plus normal", ironise le quadragénaire.

"Ce n’est plus 100 jours à vivre, maintenant c’est vivre à du 100km/h" 

En attendant d’avoir cette confirmation, il continue ses séances de chimiothérapie. Philippe reste en effet conscient que son cancer n’est toujours pas terrassé. Il redoute d’ailleurs d’obtenir un mauvais résultat. Mais l’important, selon lui, est de rester positif et surtout de profiter pleinement du moment présent."En tout cas, on a augmenté  mon espérance de vie. On espère avoir trouvé un traitement. Mais est-ce que ce médicament va guérir totalement le cancer. Cela, on ne le sait toujours pas. Donc, ce n’est plus 100 jours à vivre, maintenant  c’est vivre à du 100km/h", lance cet homme courageux avec un sourire perceptible dans la voix. Pour profiter pleinement de son épouse et de ses enfants, il a d’ailleurs déjà décidé de prendre congé pendant deux semaines le mois prochain.

Julie Duynstee


 

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