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Madrick a 26 ans, l'âge fatal à la SNCB: son abonnement devient 5 fois plus cher alors qu'il est toujours étudiant

Madrick a 26 ans, l'âge fatal à la SNCB: son abonnement devient 5 fois plus cher alors qu'il est toujours étudiant
 
 

Alors, ça fait quoi d'avoir 26 ans ? La majorité répondra "Ben pas grand-chose en fait". Mais pas ce navetteur...

Madrick est jeune. Mais plus au regard de la SNCB. Il a eu 26 ans le 30 août dernier, l'âge fatidique dans le monde foisonnant des abonnements et formules tarifaires de la société nationale des chemins de fer. En effet, cet étudiant en "infocom" (information et communication) qui doit accomplir chaque jour le trajet Tournai-Mons pour rejoindre le campus de son université (UCL Mons) est désormais trop vieux pour bénéficier de la carte train scolaire. Celle-ci permettait au jeune homme de jouir d'une solide réduction: 80% sur le prix d'un abonnement classique. Mais tout ça, c'est fini. Et il n'y a pas de transition en douceur. Madrick, 26 ans, ne peut plus se faufiler dans le moindre tarif préférentiel. C'est le prix plein que doit maintenant payer le Tournaisien en master: 1364 euros pour un abonnement annuel, soit… cinq fois plus que les 273 euros du forfait scolaire.

Parking + Train + bus

À cette somme rondelette, il convient d'ajouter l'abonnement de bus que le jeune homme doit prendre pour couvrir la distance entre la gare de Mons et le campus Fucam (il disposait d'une carte train combinée TEC). Son tarif augmente, là aussi, drastiquement: trois fois plus cher. S'ajoute enfin le parking SNCB où l'étudiant gare sa voiture, à Tournai: environ 20€/mois.

Le jeune navetteur fait face à une explosion soudaine de ses frais de déplacement alors qu'il n'a pas terminé ses études et n'a donc pas plus de rentrées financières qu'il y a un an.

"Je ne sais pas si cette pratique est vraiment légale. En effet, je suis étudiant, j'ai une attestation spécialement faite pour les abonnements de ce type", nous écrit-il via la page Alertez-nous. Il a dès lors décidé d'appeler le service clientèle de la SNCB pour se plaindre. "Mais ils m'ont gentiment envoyé me faire f…", regrette Madrick.

Pas de tarif étudiant indépendant de l'âge

La SNCB ne propose pas de tarif étudiant à proprement parler. La distinction du prix des abonnements se fait essentiellement sur base de l'âge. Et l'âge crucial quand on est un "djeuns", c'est 26 ans. Point à la ligne. Aucune échappatoire pour Madrick: "Malheureusement, cet étudiant devra prendre un abonnement classique qui devrait coûter l’équivalent de 2,84 euros par trajet", nous confirme la porte-parole de la SNCB.

Et "RIEN ne changera" aurait mentionné le service clientèle à Madrick. Vrai, rien ne changera?, avons-nous demandé à la porte-parole. Celle-ci nous a renvoyés à l'Etat. C'est en effet lui qui détermine la politique tarifaire de la SNCB à travers ce qu'on appelle le contrat de gestion. Pour rappel, c'est d'ailleurs aussi l'Etat, donc la population à travers les impôts, qui finance l'entièreté des réductions de prix du billet dont bénéficient notamment les jeunes (comme Madrick jusqu'il y a peu), ou encore les seniors, (et là Madrick devra encore patienter un peu)...

Politique tarifaire: l'Etat veut de la simplicité

Un échange avec la ministre de la Mobilité, Jacqueline Galant, s'avérait opportune. Nous nous sommes entretenus avec son attachée de presse, Axelle Pollet. Cette dernière nous a indiqué que l'Etat planchait justement sur un nouveau contrat de gestion qui fixera tous les tarifs, abonnements et réductions possibles. Petite parenthèse, le contrat de gestion précédent s'arrêtait en 2012. Il n'y en pas eu de nouveau depuis car la SNCB a entretemps été réformée et sa structure modifiée. On a donc prolongé l'ancien, un peu comme un gouvernement belge en attendant que les négociations aboutissent.

Le futur contrat de gestion devra être inspiré de la "vision stratégique" pour les quatre prochaines années de la SNCB. Cette vision a été dévoilée par la ministre Galant au mois de juillet dernier avec pour but de "placer les chemins de fer belges sur la route de la modernité au cœur même de l'intermodalité". Sachant que le rail coûte chaque année 453 euros au contribuable, Madame Galant y défend "une utilisation efficace et rigoureuse" des deniers publics.

Concernant les plans tarifaires, l'objectif visé est de SIMPLIFIER, nous résume l'attachée de presse. "La politique tarifaire se caractérise par un catalogue énorme d'offres qui se sont accumulées au cours des décennies", justifie-t-elle. Il y a donc la volonté de rendre les offres plus accessibles, plus lisibles, plus simples.

Madame Galant et son administration tablent sur l'évolution des modes d'achat notamment. Les consommateurs achèteront de plus en plus leurs billets ou abonnement par internet ou sur leur smartphone. Il faut que ces achats soient faciles à réaliser et pour cela que le catalogue des tarifs soit simple.

FEF: "Être étudiant est comme un job à temps plein qui n'est pas rémunéré"

Dans cet ordre d'idées, on doute qu'un tarif étudiant qui constituerait encore un tarif supplémentaire voit le jour dans le nouveau contrat de gestion. Au grand regret de Madrick. Mais aussi de la Fédération des Etudiants Francophones qui prône un tarif étudiant indépendant de l'âge dans les transports publics. "Être étudiant est comme un job à temps plein qui n'est pas rémunéré. Le transport public est un service public et la prestation individuelle doit donc être faite au tarif le plus bas possible. Nous demandons un véritable statut étudiant. Celui-ci doit donner droit à une réduction du prix des transports publics, quel que soit l'âge de l'étudiant", estime Brieuc Wathelet, le président de la FEF.

Lorsque nous abons discuté avec lui, Madrick hésitait entre continuer à prendre le train malgré tout ou opter pour la voiture. Dans les deux cas, le trajet lui coûtera beaucoup plus cher. Une raison d'avoir hâte de décrocher son diplôme.


 

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