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Jean-Pierre ne peut pas déposer autant d'argent qu'il le souhaite chez Belfius: "Ils me disent que je dois faire payer mes clients avec des cartes"

Jean-Pierre ne peut pas déposer autant d'argent qu'il le souhaite chez Belfius: "Ils me disent que je dois faire payer mes clients avec des cartes"
 
 

La banque Belfius applique désormais une limite maximale de dépôt en cash sur les comptes, que ce soit via les guichets d'une agence ou un appareil Self Banking. Les raisons invoquées sont principalement la sécurité, tant des clients que des employés de la banque, et la lutte contre le blanchiment. Mais pour certains petits indépendants qui n'adhèrent pas au système Bancontact, ces limites posent des problèmes.

Jean-Pierre a vécu une situation inédite dans son agence bancaire Belfius. Alors qu'il allait déposer une importante somme d'argent perçue dans le cadre de son activité professionnelle, on lui a signifié qu'il y aurait désormais une limite mensuelle à ne pas dépasser. Une limite inférieure à ce qu'il avait l'habitude de verser sur son compte chaque mois. "Ils ne m'autorisent plus à déposer de l'argent liquide sur mon compte professionnel pour plus de 12.000 euros sur le mois", a-t-il indiqué via le bouton orange Alertez-nous.

Nous avons pris contact avec la porte-parole du groupe Belfius, qui nous a confirmé que la banque applique désormais une politique de limitation des dépôts espèces, tant aux guichets qu'aux appareils de Sel Banking. "D’une part, cette politique s’inscrit dans la continuité de la stratégie de digitalisation de la banque et vise à promouvoir des moyens de paiements électroniques, limitant dès lors les risques liés à la manipulation du cash comme les vols, pertes ou encore les fraudes", a expliqué Ulrike Pommee.

"D’autre part, la lutte contre le blanchiment de capitaux est une obligation légale pour chaque institution financière. Et dans ce contexte, la politique de limitation des dépôts cash accentue la volonté de Belfius de contrer le phénomène de blanchiment en contrôlant mieux les volumes de cash déposés sur les comptes", a-t-elle ajouté.


Des commerçants sans Bancontact, "cela existe encore"

Pour Rodolphe De Pierpont, porte-parole de Febelfin (Fédération belge du secteur financier), limiter les échanges en argent liquide s'avère en effet efficace pour lutter contre les activités illicites. "Il y a un lien, bien entendu, entre le fait de limiter les transferts en argent cash et le fait de compliquer la vie des criminels. Maintenant il ne faut pas pour autant faire l'amalgame de dire que toute personne qui manipule de grosses sommes en liquide est liée à une activité mafieuse. Tout dépend de la situation personnelle. Un petit pensionné qui manipule de grosses sommes d'argent, cela va vite paraître louche. Un commerçant qui fait encore beaucoup de transactions en cash, c'est tout ce qu'il y a de plus logique. Il ne faut pas oublier que des petits commerçants qui n'ont pas de terminaux Bancontact, ça existe encore".

Et justement, Jean-Pierre regrette d'être poussé à opter pour cette solution des paiements électroniques, sans qu'on ne lui laisse le choix. "Ils me disent que je dois faire payer mes clients avec des cartes ! Et que si je dois encore déposer de l'argent, je dois attendre le mois suivant une fois que j'ai atteint mon quota".


Une certaine souplesse avec des solutions au cas par cas ?

Chez Belfius, on tempère et précise que "les dépôts d’espèces restent tout à fait possibles mais des limites de dépôts sont prédéterminées en fonction du type de client, qu'il s'agisse d'une personne physique, d'une petite ou d'une grande entreprise. Et si les limites prédéterminées ne conviennent pas à un client qui éprouverait des besoins ponctuels ou récurrents de dépôts en espèces supérieurs à la limite prédéterminée, "il est invité à prendre contact avec son chargé de relation afin d’examiner quelles solutions pourraient lui être proposées".


D'autres banques pratiquent-elles des méthodes similaires ?

A l'heure actuelle, Belfius semble être la banque ayant pris la décision la plus radicale en Belgique.

Chez BNP Paribas, il existe bien quelques limites maximales, mais elles sont très largement supérieures. Théoriquement, la limite est de 200.000 EUR par jour et par carte et de 500.000 euros sur une période de 7 jours via les appareils Self Cash. Via les guichets, il n'y a pas de limite mais "la banque conseille cependant nos clients à prendre rendez-vous avec son agence lorsqu’il souhaite déposer des sommes importantes afin de pouvoir l’accompagner dans sa démarche", précise Valéry Halloy, porte-parole de BNP Paribas fortis.

"Bien entendu, avant d’effectuer la comptabilisation, le conseiller bancaire va s’assurer que ce dépôt ou transaction est en rapport avec le profil connu et légitime du client. Et également que ces avoirs ne proviennent pas d’activités criminelles ou que ces avoirs ne proviennent pas d’un rapatriement de l’étranger", ajoute-t-il.

Chez ING, aucune limite pour les versements. Via sa porte-parole Marie Huyghe, la banque précise toutefois que "il se peut que l’on refuse une transaction au cas par cas pour des raisons techniques ou pour des raisons de suspicions de fraude, par exemple". 


Saviez-vous que les paiements en espèces sont limités à 3.000 euros ?

Par ailleurs, toujours dans le cadre de la lutte contre le blanchiment des capitaux, il faut savoir que les institutions bancaires ne sont pas du tout les seules à limiter les transactions en espèces. En Belgique, lors d'un achat, le montant maximal est limité à 3.000 euros cash. Le reste devra être payé d'une autre manière.

Cette interdiction de payer plus de 3.000 euros en billets a d'ailleurs été récemment élargie. Auparavant limitée aux transactions entre consommateur et professionnel, elle est maintenant d’application pour la quasi-totalité des paiements et des dons, et ce pour l’ensemble du montant dû, même si le paiement se fait en plusieurs fois.

Il est, par ailleurs, interdit de se balader ou de traverser une frontière avec 10.000 euros ou plus sans déclaration. Il s'agit d'une infraction douanière pour laquelle des amendes sont prévues, même si cela concerne plus les cas où un voyageur quitte l'UE, et non son pays.


 

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