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Jacques a perdu des centaines d'euros de la mutuelle car son fils a travaillé un mois comme étudiant: "Très mauvaise surprise"

Jacques a perdu des centaines d'euros de la mutuelle car son fils a travaillé un mois comme étudiant: "Très mauvaise surprise"
 
Inami, invalidité
 

Invalide depuis 5 ans, "bien malgré lui", Jacques a eu une mauvaise surprise cet été. A cause du job d'étudiant de son fils, il perd une bonne partie de son allocation d'invalidité. La Mutualité chrétienne nous a expliqué pourquoi.

Lorsqu'on bénéficie d'une allocation sociale en tant que chef de ménage, il y a des choses auxquelles il faut bien prêter attention. Notamment, les revenus des personnes à charge.

Jacques (prénom d'emprunt) vient d'en faire l'amère expérience. "Je suis malgré moi sur la Mutualité chrétienne depuis 5 ans, reconnu invalide à plus de 66% et VIPO (Personne Veuve, Invalide, Pensionnée ou Orpheline qui bénéficie de réductions pour les frais de santé et de transport en commun, NDLR)".

S'il a contacté la rédaction de RTL info via la page Alertez-nous, c'est parce qu'il doit faire face à "une mauvaise surprise": son allocation est passée, pour le mois de juillet, de 1250€ à 870€. Simplement parce que son fils, "qui prépare son avenir" en poursuivant ses études en informatique à Mons, a travaillé au Colruyt cet été…


"Je préférerais pouvoir encore travailler 10 ans"

Jacques est considéré comme "chef de ménage", dans sa maison de Lessines où il vit avec sa mère et son fils.

Cet ancien mécanicien automobile expérimenté a été "déclassé", comme il le dit lui-même, après de graves problèmes de dos, il y a cinq ans.

"Je suis inopérable. On m'a dit que c'était fini, pour moi, que je ne pourrais plus travailler. Ça a été très dur d'accepter la chose: je préférais pouvoir encore travailler 10 ans. J'avais beaucoup de qualifications et d'expérience, il y a de nombreux patrons qui seraient ravis de m'embaucher…"


"Aucune information"

En découvrant son allocation d'invalidité du mois de juillet, c'est la douche froide. "En temps normal, je m'en sors déjà tout juste" pour payer toutes les factures de la famille. Début août, une "très mauvaise surprise" a rendu les choses encore plus compliquées.

"Ils m'ont retiré 450€… J'ai été à la Mutualité Chrétienne de Tournai pour comprendre, et là, j'ai eu beaucoup de mal à obtenir des informations. On m'a dit que mon fils avait travaillé, et que donc je perdais de l'argent. J'ai demandé à comprendre, à voir la règle, la loi qui parle de ça. Une dame a simplement ouvert une farde, et m'a montré des barèmes. Elle m'a dit qu'avec ce que je touchais, mon fils ne pouvait pas gagner plus de 980€ par mois".

Jacques déplore également de ne jamais avoir été prévenu de cette règle. "On m'a dit que c'était une loi de 2013, mais personne n'a pu me la montrer… et je n'ai eu aucune information préalable… Je ne savais pas du tout que j'allais perdre de l'argent si mon fils en gagnait".

Il s'est renseigné sur internet: "Je n'ai trouvé nulle part d'information à ce sujet, ou sur un barème à ne pas dépasser". Ce père de famille s'estime donc "perdu" face à un système qu'il juge opaque: "personne ne peut me répondre".


"Je prépare l'avenir de mon fils"

"Le système punit mon fils", estime Jacques. Après trois ans d'étude en informatique, son fils a en effet décidé de faire un Master, et donc de continuer ses études à l'Université de Mons.

"Pour se faire un petit pécule, il a trouvé un job d'étudiant très éprouvant durant le mois de juillet. Il n'est pas très manuel, alors il était très fatigué après ses longues journées au Colruyt d'Ollignies".

L'argent qu'il a durement gagné, Jacques "compte bien tout lui laisser", mais déplore le fait que sa famille soit pénalisée "alors que je prépare l'avenir de mon fils", pour qui il a "beaucoup d'admiration".

Il est d'autant plus dépité qu'en septembre, le même cas de figure risque de se reproduire. "Mon fils s'est bien débrouillé, il a trouvé un job dans l'informatique à Bruxelles, il va gagner 2.200€" durant le mois d'août. "C'est presque le double de ce que je touche"…


Mutualité chrétienne: "Très complexe, beaucoup de facteurs"

Nous avons essayé d'en savoir plus sur les règles en la matière. D'emblée, Alexandra De Schauwer, collaboratrice "indemnités" à la Mutualité chrétienne, a avoué que le calcul des allocations d'invalidité était "une matière très complexe" dans laquelle "énormément de facteurs intervenaient", et où coexistaient "beaucoup de règles".

Pour faire simple, il faut retenir ceci: "Sur base des instructions de l'INAMI (Institut National d'Assurance Maladie-Invalidité), la Mutualité doit prendre en compte ce que gagnent les personnes à charge d'un chef de ménage".

Selon elle, "si la baisse est à 40%, c'est que les revenus du fils ont dépassé 1.500€", ce qui est le cas lorsqu'on travaille temps plein au Colruyt durant un mois, en tant qu'étudiant (il y a très peu de différences entre le brut et le net, car l'étudiant gagne peu sur une année complète).

Si son fils avait touché 932€ ou moins, il n'y aurait eu aucune incidence. S'il avait gagné entre 932€ et 1500€, cela aurait légèrement baissé l'allocation de Jacques (il aurait été considéré comme invalide à 55% au lieu de 66%). Vu que son fils a gagné plus de 1.500€, Jacques a reçu une allocation d'invalidité à 40%, soit dans son cas 870€ au lieu de 1.250€.

Un courrier au mois de juillet

La Mutualité, tous les ans au mois de juillet, envoie un courrier aux allocataires leur demandant "si la situation a changé, s'il y a des revenus supplémentaires, ou d'autres choses".

Alexandra De Schauwer rappelle que "dès qu'il y a un changement de situation" dans le dossier d'une personne bénéficiant d'allocation en tant qu'invalide, il est plus prudent de prendre les devants et de se renseigner.

"Nous conseillons d'aller dans un guichet" de la Mutualité, ou leur demander par téléphone, afin de savoir s'il y a un impact sur les primes. 

Le web est le système administratif belge sont assez complexes, mais des informations assez claires existent bel et bien. D'abord sur le site de la Mutualité chrétienne ("Vos indemnités d'invalidité"), mais ensuite, et surtout, sur celui de l'INAMI ("Travailleur en incapacité de travail avec personne à charge: Revenus maximum autorisés pour les personnes à charge")


 

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