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FAUSSE INFO sur le coronavirus: un brevet européen existe depuis 2004 mais l'INVENTION concerne un ancien vaccin

FAUSSE INFO sur le coronavirus: un brevet européen existe depuis 2004 mais l'INVENTION concerne un ancien vaccin
 
CORONAVIRUS
 

Le célèbre Institut Pasteur, en France, aurait "inventé" une nouvelle forme de coronavirus en 2004, selon les personnes peu informées qui partagent un document sur les réseaux sociaux. Si ce 'brevet européen' est authentique (nous en avons retrouvé la trace), les interprétations quant à son existence sont farfelues et complètement fausses. Explications.

Comme chaque évènement majeur et d'envergure internationale, la pandémie de Covid-19 n'échappe pas à son lot de fake news, donc d'informations mensongères servant généralement des théories du complot ou ceux qui veulent semer panique et chaos en temps de crise. 

Les fake news se multiplient depuis quelques semaines, et nous en avons déjà évoquées plusieurs, notamment la mort "dissimulée" d'un adolescent aux Cliniques Saint-Luc de Bruxelles.

Cette semaine, c'est un Brevet Européen qui est partagé sur les réseaux sociaux. Il évoque "l'invention d'une nouvelle souche virale du coronavirus" dans les années 2000.

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Un coronavirus inventé par les Français ?

Ce document de 320 pages en français circule sous la forme d'un fichier .pdf. Il s'agit d'un fascicule de brevet européen daté de 2004 mais publié en 2010, dont la première page porte le titre 'Nouvelle souche de coronavirus associé au SRAS et ses applications'. Elle mentionne les 'Inventeurs' de ce brevet, et on retrouve des noms très connus du monde francophone: le CNRS (le centre national de recherche scientifique français) et l'Institut Pasteur, notamment.

La suite ? 319 pages décrivant une "invention" en des termes scientifiques peu évocateurs pour le grand public. Invention liée à "une nouvelle souche de coronavirus associé au syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), issue d’un prélèvement à Hanoi (Vietnam)" ainsi que "ses applications, notamment en tant que réactifs de diagnostic et/ou comme vaccin", peut-on lire en page 3.

De quoi alimenter les théories du complot: le coronavirus, inventé par des scientifiques français ? "On nous ment depuis le début, le brevet du virus existe depuis 2003", nous a écrit Sébastien via le bouton orange Alertez-nous. "Si vous voulez voir d'où vient le covid 19, allez voir ce brevet européen qui circule sur Facebook", poursuit Tony.

Un document authentique

Tout comme le brevet américain que nos confrères du journal Le Monde (les Décodeurs) ont analysé, celui qui nous intéresse aujourd'hui est un document… parfaitement authentique (voir première page ci-dessous).

Nous en avons retrouvé la trace, non pas sous forme de .pdf, mais dans le répertoire des brevets de l'Office Européen des Brevets, sur ce site. C'est sous l'onglet Description, et uniquement après avoir changé la langue en anglais, que nous avons retrouvé les 320 pages du document partagé sur les réseaux sociaux.

La seule fake news vient donc des commentaires, des interprétations émises par certaines personnes parfaitement ignorantes du milieu de la recherche et des brevets. A leur décharge, on admettra que les mots 'brevet' et 'inventeurs' sont étonnants quand on évoque une découverte liée à une maladie ou un virus.



Pourquoi parle-t-on d'invention ?

Nous avons contacté l'Institut Pasteur, en France. Il est bien entendu choqué d'être lié à des fausses informations circulant sur les réseaux sociaux et le mettant en cause. "L’Institut Pasteur n’a pas inventé le COVID-19 ni le virus à son origine, le Sars-CoV-2", nous a-t-on expliqué.

S'il y a la notion d'invention dans le brevet dont on a parlé, c'est parce que "l'Institut Pasteur a inventé un candidat-vaccin, en 2004, contre un précédent coronavirus, appelé SARS-CoV-1".

Pour bien comprendre, il faut remonter pratiquement 20 ans en arrière, nous a expliqué l'Institut. "En 2002, un premier coronavirus SARS-CoV-1 a émergé en Chine, responsable d’une épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS en français, SARS en anglais). En 2003, cette épidémie s’est étendue à plusieurs pays dans différents continents".

A l’époque, "les équipes de l’Institut Pasteur se sont mobilisées, en proposant plusieurs stratégies vaccinales, dont un candidat-vaccin basé sur la 'plateforme du vaccin contre la rougeole' (le vaccin contre la rougeole peut être recombiné et utilisé comme un véhicule pour induire une réponse immunitaire contre d’autres agents pathogènes, ici SARS-CoV-1)".

En 2004, "ce candidat-vaccin contre SARS-CoV-1 a fait l’objet d’une déclaration d’invention (DI). Le brevet déposé concernait bien le SARS-CoV-1 (responsable de la maladie dite SRAS en 2002-2003), qui est très différent de SARS-CoV-2 (responsable de la maladie dite Covid19 en 2019-2020)".

Ce brevet "décrit la découverte du virus puis l’invention d’une stratégie vaccinale contre ce virus, et NON l’invention du virus lui-même".

Des recherches qui seront peut-être utiles cette année

Voilà donc l'explication des termes 'brevet' et 'invention'. Pour la petite histoire, sachez que "ce candidat-vaccin contre SARS-CoV-1 n’a pas été expérimenté chez l’homme car, quand il était prêt, l’épidémie était heureusement terminée, et il n’y avait plus de patients sur lesquels proposer de le tester".

Enfin, il est important de comprendre que "le savoir-faire développé en 2003 contre SARS-CoV-1, et le candidat-vaccin breveté en 2004, sont actuellement appliqués par les scientifiques concernés pour un projet en cours de vaccin potentiel contre SARS-CoV-2 (responsable de Covid-19), notamment en utilisant la plateforme rougeole".

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