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Eva perd tout dans l’incendie de sa maison à Jumet et son assureur refuse de l'indemniser: "C’est à devenir folle!"

Eva perd tout dans l’incendie de sa maison à Jumet et son assureur refuse de l'indemniser: "C’est à devenir folle!"
 
 

Il y a environ un an et demi, la vie d’Eva bascule. Sa maison située à Jumet est détruite par un violent incendie. Tout est transformé en cendres. Et le drame ne s’arrête pas là. Son assureur refuse sa demande d’indemnisation. Une décision contre laquelle elle veut continuer à se battre.

"Je suis désespérée. Ma maison a été ravagée par un incendie et j’ai tout perdu", confie Eva, une mère de famille qui nous a contactés via notre page Alertez-nous. Il y a une dizaine d’années, cette Carolo de 39 ans achète une villa à Jumet, dans le Hainaut. Elle y entrevoit alors une vie pleine de joie avec sa famille. Le destin en a toutefois décidé autrement.

Fin novembre 2014, elle part seule en vacances en Espagne. "Je suis partie chez la cousine de mon compagnon. A ce moment-là, on était séparés. Le vendredi, il est venu prendre les enfants pour passer quelques jours chez leur grand-mère. Je lui ai proposé d’entreposer ses outils professionnels au rez-de-chaussée dans la maison", explique la maman de trois enfants. Zakaria travaille alors comme indépendant en tant que jointeur de câbles téléphoniques. "Il avait l’habitude de laisser son matériel et ses marchandises dans sa camionnette, mais des voleurs s’y sont introduits à plusieurs reprises", assure-t-elle.


"Il ne reste plus qu’une ruine. Tout a cramé"

Le lundi, trois jours plus tard, Eva reçoit un appel inattendu pendant son séjour à Malaga. Un expert de sa compagnie d’assurance lui apprend une terrible nouvelle. Un incendie s’est déclaré dans sa maison dans la nuit de samedi à dimanche. "Le feu était tellement violent que les pompiers ont dû intervenir à deux reprises. Même les fenêtres de mes voisons ont été endommagées. Il ne reste plus qu’une ruine. Tout a cramé", déplore-t-elle. Plus de meubles, plus de vêtements, plus de photos, plus de souvenirs. Sa maison n’est plus qu’un tas de cendres et de briques noires. "Quand j’ai appris cette nouvelle, je me suis effondrée. J’ai dû m’asseoir par terre et je tremblais", se souvient cette ancienne femme de ménage, déjà fortement fragilisée par un événement choquant. "Cinq mois plus tôt, j’ai été témoin avec mon fils d’un braquage à main armée avec violence dans un supermarché. Cela m’a traumatisée. Depuis lors, je prends des antidépresseurs. Et là, avec cet incendie, je me dis que le sort s’acharne", souffle-t-elle.

Que s’est-il passé ? Impossible de le savoir. L’origine du sinistre reste inconnue. "Le parquet est descendu sur place mais visiblement il n’y a pas assez d’éléments pour déterminer la cause du drame. Je ne sais pas si c’est accidentel ou criminel", indique la mère de famille. 

Eva débarque donc de Malaga en sandales avec son sac de voyage. Avec ses trois enfants, elle est relogée dans un hôtel. Sa fille cadette est alors âgée de 6 mois. "Je n’avais plus d’argent, plus rien. Juste les affaires dans ma valise et dans les sacs des petits." Les conséquences sont donc importantes. La famille est privée de toit. Et Zakaria perd son travail."Comme tout son matériel a été détruit par les flammes, il a dû déposer le bilan", regrette Eva.


Son assurance refuse de couvrir l’incendie

Comme le veut la procédure, son assureur lui demande ensuite d’expliquer les circonstances de l’incendie."Un manager m’a affirmé que mon dossier allait être débloqué pour bénéficier plus rapidement d’un fonds pour au moins acheter des vêtements pour mes enfants. Ils ont aussi pris en charge les frais de l’hôtel jusqu’au 15 décembre. Et puis, plus rien. Je n’ai finalement pas reçu un cent", s’offusque Eva, qui est contrainte de trouver refuge avec ses enfants dans un foyer familial à Verviers.

Son assureur refuse en effet de couvrir l’incendie car elle n’a pas signalé le stockage dans son habitation des outils de son compagnon. Or, d’après le rapport d’expertise, du matériel à finalité professionnelle était entreposé dans le bâtiment assuré. "Etant donné que notre compagnie d’assurance ne couvre que les risques exclusivement liés à l’habitation personnelle, nous avons refusé d’intervenir pour dédommager le sinistre", indique Thierry Constant, responsable de la communication chez NN Insurance Belgium.

"C’est vraiment une excuse bidon ! Et pourtant, j’y ai cru. En février de cette année, un expert est venu évaluer les dégâts pendant quatre heures. Et un mois plus tard, mon assureur m’a signalé que je ne serai pas indemnisée", indique la trentenaire. "Et pour couronner le tout, comme je suis propriétaire, je dois payer mon prêt hypothécaire jusque 65 ans !"


"On se bat et puis cela tombe comme un coup de massue sur la tête"

Pour contrer cette décision, Eva entame une procédure en justice devant le tribunal de commerce de Charleroi. Début mai, le jugement tombe. Sa requête est considérée comme non-fondée car elle n’a pas respecté les conditions de son contrat d’assurance. Eva avait l’obligation de déclarer le stockage des outils qui constitue, pour l’assureur, une aggravation du risque. "Nous n’aurions en aucun cas pu accepter de couvrir ce risque si nous avions été informés correctement de l’usage des lieux", argumente l’assureur. "Il existe une législation qui oblige le preneur d’assurance à déclarer spontanément les éléments qui permettent à l’assureur d’apprécier convenablement le risque", confirme Wauthier Robyns, porte-parole d’Assuralia.

La mère de famille est donc condamnée à payer les frais de justice. L’assureur doit, lui, rembourser les primes payées. "Pendant près de deux ans, on se bat et puis cela tombe comme un coup de massue sur la tête. Je ne comprends plus rien. C’est une histoire à dormir debout. C’est à devenir folle. J’ai l’impression d’être un petit poisson dans un bocal de requins", dénonce-t-elle.

Son assureur déplore ce "triste dossier" et insiste sur l’importance d’une description correcte du bien à assurer. "Toute modification, même occasionnelle, de son contenu par exemple, doit être notifiée à l’assureur car certaines situations ne sont pas toujours couvertes par la police en vigueur", souligne Thierry Constant.


Eva refuse de baisser les bras: elle va en appel

Malgré cette décision judiciaire défavorable, Eva ne veut pas baisser les bras. La mère de famille compte faire appel, « même si c’est encore de l’énergie et de l’argent ». Depuis l’incendie, sa situation financière est devenue très précaire. Aujourd’hui, elle vit avec ses enfants et Zacharia dans un logement social à Spa. Et les revenus du ménage sont maigres. "Suite à une pathologie au cœur, je suis invalide depuis 5 ans. Je reçois donc 1.000 euros par mois et mon prêt coûte 430 euros. Ce n’est juste pas possible. Je suis d’ailleurs en médiation de dettes depuis novembre 2015. Et comme je ne parviens plus à payer le prêt hypothécaire, j’ai les huissiers sur le dos", confie la trentenaire.

De son côté, Zacharia reçoit des allocations de chômage. Il devrait toutefois décrocher bientôt un mi-temps dans un restaurant Quick. "Ce n’est pas suffisant, mais on n’a pas le choix, si on veut nourrir les enfants. C’est mieux que rien", estime Eva. Dans l’espoir d’obtenir de l’aide, elle a également posté une vidéo relatant son histoire dramatique sur Youtube.

Aujourd’hui, malgré les obstacles inévitables, son rêve est de pouvoir reconstruire sa maison et retrouver sa vie d’avant.


 

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