En ce moment
 
 

Enseignement en code rouge de la 3e à la 6e secondaire: la lettre d'un père inquiet

La lettre d'un père inquiet pour les élèves du secondaire: "J’entends partout dire que les cours en distanciel, ça ne va pas"
(c) AFP
 
CORONAVIRUS
 

Pour la deuxième année consécutive, les élèves du secondaire subissent un enseignement fortement perturbés par l'épidémie de coronavirus en Belgique. C'est surtout le cas pour ceux de la 3e à la 6e secondaire qui ne se rendent à l'école que la moitié du temps. L'autre moitié, ils restent à la maison, suivant des cours à distance et effectuant des travaux demandés par leurs enseignants. Ce rythme devrait persister jusqu'aux vacances de Pâques, la ministre Caroline Désir ayant annoncé le maintien du code rouge jusque-là.

Si la situation est moins grave que dans de nombreux autres pays européens où les élèves ne vont pas du tout à l'école, il n'en reste pas moins que les conditions d'enseignement sont loin d'être idéales et que l'inquiétude est vive chez de nombreux parents. L'un d'eux, père d'un élève en 4ème secondaire, a écrit une lettre au directeur de l'école. Cette lettre, qu'il nous a fait parvenir via le bouton orange Alertez-nous, résume à elle seule bon nombre de questions et de craintes, notamment sur le retard d'apprentissage accumulé, portées par des milliers de parents dans notre pays mais aussi bien au-delà de nos frontières.

Que va-t-il se passer en juin ?

Le témoignage d'un père inquiet pour la scolarité de son fils

"Je n'entends jamais parler dans les médias des cours déplorables que reçoivent nos ados dans les écoles secondaires. J'entends autour de moi que ce que vit mon fils est similaire dans toutes les écoles.

Personne ne se soucie de l'avenir, que va-t-il se passer en juin ? Beaucoup de redoublement avec des classes de certaines années surchargées ? Ou laisser passer les élèves avec des lacunes trop importantes pour pouvoir suivre correctement ?

Voici une copie d'un courrier envoyé à l'école de mon fils, je l'ai anonymisée afin de ne porter préjudicie à personne:

Bonjour M. le directeur, Je suis le papa d'un élève qui est cette année en quatrième secondaire. Je suis inquiet quant à la gestion des cours lors de cette crise qui s’éternise malheureusement.

En effet la moitié des cours sont en distanciel et dans cette moitié seule une partie des enseignants donnent réellement cours. Le reste du temps, l’élève est plus ou moins livré à lui-même.

Et lors des cours en visioconférence, l’élève est quand même livré à lui-même. S’il est distrait, l’enseignant ne le voit pas, l'ado perd le fil du cours et de fil en aiguille se laisse complètement dépasser.

J’en sais quelque chose je vis la même chose avec mon boulot lors des nombreuses réunions en visioconférence. Mes collègues me confirment également vivre les mêmes expériences. Je sais que ça ne doit pas être facile, mais le seul moyen de garder l’élève attentif est de rendre le cours interactif…

Hélas lorsque l’élève est en présentiel, l’enseignant n’en profite pas pour donner un cours de qualité et s’assurer que tout le monde suit. Ce n’est absolument pas le cas, tous les enseignants profitent de la présence des élèves pour les bombarder d’interros. La semaine dernière mon fils a eu 7 interros le même jour ! Même à l’unif un étudiant n’a pas autant de matières différentes à étudier pour le même jour. Quel est l'intérêt d’interroger autant les élèves, pourquoi ne pas en profiter pour travailler la matière ? À quoi bon avoir autant de notes, de plus en plus mauvaises de toute façon…

Autour de moi j’entends partout dire que les cours en distanciel ça ne va pas

On veut des cotes à tout prix, mais à année extraordinaire, "situation" extraordinaire, le plus important ne serait-il pas d’assurer un apprentissage de qualité et de garder les élèves dans les clous. Je m'étais déjà demandé en fin d'année 2020 pourquoi ils avaient comme d'habitude une semaine blanche alors qu'il aurait été judicieux de profiter de cette semaine pour revoir les matières non assimilées.

Même si l'année prochaine est normale comment vont-ils s'en sortir avec tout le retard engendré ?

Autour de moi j’entends partout dire que les cours en distanciel ça ne va pas, mais si on ne profite même pas de l’autre mi-temps pour travailler, qu’auront-ils au bout de cette année ? Qu’allez-vous faire en fin d’année ? Les élèves faibles (et cela devient hélas la majorité d'entre eux) vont-ils passer ? Si oui, ça va être la catastrophe l’année prochaine, on ne fera que reporter le problème.

Même si l'année prochaine est normale comment vont-ils s'en sortir avec tout le retard engendré ?

Je pressens des prétentions à la baisse, trop d'élèves seront dans le cas, mais quel avenir pour eux en supérieur ? J’ai de plus en plus peur que cette génération ne soit sacrifiée.

D’autant plus que rien n'est fait tant de la part de l’école que du politique pour trouver des solutions à cette situation. Et si vous les faites doubler comment aller vous faire avec autant de doubleurs ? Je me pose beaucoup de questions et je suis vraiment inquiet. J’espère vraiment que l’école va prendre des mesures afin de pallier les difficultés de mon fils ainsi qu’aux très nombreux camarades dans la même situation. Plus on avance, plus ils se désespèrent et plus difficile le retour à la normale sera pour eux..."


 

Vos commentaires