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Une famille en révolte à cause du décret inscription: la fille cadette n'ira pas au réputé Athénée Fernand Blum

Une famille en révolte à cause du décret inscription: la fille cadette n'ira pas au réputé Athénée Fernand Blum
 
 

Faire rencontrer un idéal de société (l'égalité de traitement pour tous les enfants, qu'il soit pauvre ou riche, belge ou étranger, éviter une sélection "à la gueule du client") et le désir légitime de chaque famille d'obtenir le meilleur pour son enfant et son avenir. C'est le but louable que tentent de réaliser les autorités publiques avec le fameux décret inscription en Wallonie et à Bruxelles (voir les objectifs du décret inscription). La mission est-elle atteinte dans sa deuxième face, à savoir le souhait des parents? Oui pour une majorité des 46.927 gamins qui sont entrés il y a quelques jours dans le secondaire en même temps qu'ils entrent dans l'adolescence. Ceux-ci ont bien intégré l'école que leurs parents, soulagés, voulaient pour eux. Mais le système parfait n'existe pas. Et il y a des "perdants". Une poignée au désespoir de n'avoir pu obtenir l'école qu'elle juge la meilleure pour leur enfant et qui sont toujours en attente. Ce mercredi 7 septembre, ils étaient encore une centaine à patienter sur des listes. La fille cadette d'une famille installée à Schaerbeek, fait partie de ces enfants restés sur le pas de la porte qui s'est refermée en même temps que la sonnerie s'est tue.

Cette famille turque de trois enfants, père électricien de 44 ans, mère au foyer, qui, comme dit la fille aînée ne "profite pas du système", ne peut se résoudre à voir la soeur cadette privée d'une école de bonne réputation. Elle ne peut se résoudre à accepter d'inscrire la jeune fille dans ces écoles certes toutes proches de la maison et où il y a encore de la place. Voici une histoire parmi d'autres de la confrontation entre l'intérêt général et l'intérêt particulier.


Presque

La plupart des élèves de première secondaire ont donc fait leur entrée dans la grande école depuis lundi. La plupart, pas tous. La fille cadette d'une famille de Schaerbeek habitant à l'avenue Rogier n'a pas encore d'école. Sa famille fait partie de ces familles qui n'ont pas obtenu l'établissement de leur premier choix, celui qu'elles avaient communiqué au mois de février dernier comme le veut la procédure.

Cela se joue à peu de chose: l'enfant est deuxième sur la liste d'attente de l'Athénée Fernand Blum, une école de Schaerbeek à la bonne réputation. Fin juin, il était encore en 16e position puis, avec espoir, la famille avait vu son nom remonter jusqu'à cette 2e place. Mais, cela fait dix jours que cela n'avance plus. Et la rentrée a sonné. Ce mardi, lendemain de rentrée, la soeur aînée, 22 ans, étudiante en commerce extérieur, a appelé une énième fois la directrice pour s'entendre répéter la même impasse. C'est terminé, la centaine de places en première secondaire est prise. Et comme on ne double plus en première secondaire, les portes sont fermées pour deux ans, enrage la soeur aînée.


88,5% au CEB

Un échec que la famille ne peut se résoudre à accepter. À une époque où le décret n'existait pas encore et où l'athénée Fernand Blum accomplissait une sélection sévère, leur fille aînée, une très bonne élève, était parvenue à y entrer avec le soutien du directeur de son école primaire. Mais pour la cadette, malgré ses 88,5% au CEB et alors qu'elle avait été mise dans l'école primaire (école 17) située juste à côté, cela ne passe pas. Les critères du décret inscription, parmi lesquels ne figurent pas les résultats scolaires en primaire, ne la favorisent pas: il y a au moins cinq écoles plus proches du domicile et aucun frère ou soeur n'est à Fernand Blum (l'aînée est sortie il y a quatre ans).


"Ces écoles ne sont pas réputées du tout"

Aller dans un établissement plus proche? Hors de question. La logique de la soeur aînée avec qui nous parlons est simple: "Ces écoles ne sont pas réputées du tout. Ou plutôt, oui, elles sont réputées mais négativement. Donc, on ne peut pas inscrire ma soeur là-bas", énonce-t-elle. Pour elle, priver sa petite soeur, première de classe en primaire, d'une bonne école secondaire s'apparente à une injustice, plus grande que l'injustice qu'il y aurait à ne pas donner la chance à un élève de faible niveau d'accéder à cette école au nom du principe de la mixité voulu par le gouvernement qui a mis en place le système en 2007. C'est aussi ce qu'a écrit en substance, au mois de juin dernier, le père à la CIRI (la commission chargée d’attribuer les places aux élèves qui n’ont pas obtenu immédiatement une place dans l’établissement de leur 1er choix - lire la manière dont procède la CIRI pour attribuer les places aux élèves). "Nous trouvons cela injuste que des élèves ayant réussi de justesse leur CEB et qui sont enclins à rater leurs études dans un tel athénée puissent y accéder alors que notre enfant qui, elle, a toutes les capacités intellectuelles requises pour y réussir n’ait pas le droit d’y avoir sa place!", estimait-il.


Une école primaire pour rien

Les parents sont d'autant plus amers qu'ils avaient choisi pour leur fille une école maternelle et primaire, l'école 17, adossée à l'école secondaire Fernand Blum, pour augmenter ses chances d'être prioritaires au moment de l'inscription en secondaire six ans plus tard. "Nous avons inscrit notre enfant à l’école 17 avec beaucoup de difficultés ! Nous avons dû appeler l’école tous les jours, plusieurs fois par jours afin d’obtenir une place en maternelle", avance le père dans sa lettre à la CIRI. Une école située plus loin que bien d'autres écoles primaires. Bref, ce choix contraignant n'aura pas été payant.

Que va faire la famille? Leur fille figure sur les listes d'attente de deux autres écoles qu'elle juge de bonne réputation (Jacqmain et Adolphe Max). Et si ça ne marche pas? Hors de question pour la famille d'envisager une école de faible niveau. Une opératrice de la CIRI aurait dit au téléphone à la soeur aînée qu'elle ne pouvait pas juger comme ça de la qualité d'une école. Mais pour cette dernière, le mauvais niveau de certaines écoles est un fait. "Quand je vois la population d'une de ces écoles avec des gens qui ont 25 ans et vont encore en secondaire, je ne vais pas envoyer ma petite soeur là-bas", tranche-t-elle. Même détermination du côté du père: "Nous sommes prêts à tout faire pour avoir notre place à l’Athénée Fernand Blum et si nous n’avons pas cette place dans cette école, notre enfant restera à la maison car elle y sera mieux éduquée", clame-t-il.


 

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