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Dany et sa femme, invalides, touchent 1900€ des mutuelles: "J’aimerais savoir comment nos dirigeants s’en sortiraient"

 
 

Dany, 45 ans, est un habitant d'Hastière (Province de Namur) furieux contre la récente annonce du gouvernement d'exclure d'ici 2015 des milliers de chômeurs. S'il reconnait ne pas être au chômage, mais invalide, pour lui, il s'agit du même combat, celui des fins de mois difficiles.

"A l'heure où on parle de suppression de chômage, ne serait-il pas plus intelligent de diminuer les gros salaires?", s’interroge Dany, un habitant de Hastières, qui nous a contactés via notre page Alertez-nous. Récemment, on apprenait que 55.000 personnes (32.000 en Wallonie) risqueraient de faire, les frais dans moins d'un an, de la nouvelle politique d'insertion de l'ONEM, qui limite les allocations d'insertion professionnelle à 3 ans depuis le 1er janvier 2012. Dany ne veut pas se plaindre, mais dénoncer ces futures exclusions du chômage.

"Je dois parfois finir avec 50 euros par mois"

"Avec 1200 euros par mois, j’aimerais savoir comment nos dirigeants s’en sortiraient", se demande Dany, 45 ans, qui nous précise qu’il n’est pas au chômage, mais qu’il est couvert par sa mutualité, car il est invalide à 66% depuis 2009. Il souffre d'un pneumothorax, c'est-à-dire d'un décollement de la plèvre, la membrane qui entoure les poumons (la plèvre est composée de deux feuillets quasiment collés l'un à l'autre. Si de l'air s'introduit entre les feuillets, il entraîne un décollement de la plèvre). Et il nous détaille sa comptabilité: "Je touche donc 1200 euros par mois, et ma femme 680 euros. Nous sommes tous les deux invalides et dans l’incapacité de travailler. Nous en avons pour 608 euros de loyer, 300 euros de course, le tout avec un enfant à charge. Un deuxième est en route d’ailleurs." A ce décompte, il faut ajouter les frais liés aux soins de santé: "Je peux en avoir jusqu’à 400 euros avec ma femme par mois", nous assure-t-il. Dany et sa compagne disent avoir du mal à joindre les deux bouts: "Je dois parfois finir avec 50 euros par mois", dit-il.

"Mon métier, c’était ma passion"

Pour mieux saisir comment Dany en est arrivé là, remontons dans le temps. En 1991, l’Hastiérois a 22 ans et est un jeune intérimaire. Sans diplôme, avec une seule petite expérience dans la tapisserie et la peinture, il décide alors de débuter comme chauffeur-routier. Et c’est le coup de foudre pour ce métier. Durant plus de 15 ans, il va sillonner les routes d’Europe pour son plus grand bonheur: "J’ai fait tous les pays européens, mais aussi les pays de l’Est, la Russie, etc. Mon métier, c’était ma passion. Si je pouvais reprendre un jour, je serais aux anges. C’est un métier dur, mais beau."

En 2006, Dany ressent des douleurs à l’épaule. Il croit à une banale origine musculaire mais après consultation, le couperet tombe. Il souffre d’un pneumothorax gauche qui nécessite une opération chirurgicale. Remis sur pied, Dany reprend le travail. Mais, trois ans plus tard, les douleurs sont de retour. Pneumothorax encore. Du côté droit cette fois. Le routier est obligé de jeter l’éponge. Il estime aujourd'hui qu'il y a peu de chances qu'il puisse reprendre son métier un jour. Le médecin-conseil de la mutualité lui a encore récemment fait savoir qu’il serait invalide encore deux ans au moins. Après quoi, une réorientation professionnelle sera alors nécessaire. Que compte-t-il faire ? "On verra à ce moment-là", nous dit Dany.

Le projet de mariage repoussé

En attendant une éventuelle réorientation professionnelle, depuis que Dany a arrêté son métier et est devenu invalide, sa vie revient à subir la maladie mais aussi les fins de mois difficiles: "Quand on souffre d’une maladie à long terme, c’est chacun pour soi. On doit se débrouiller tout seul", dit-il. Heureusement pour lui, l'ancien routier peut compter sur sa famille. "J’envisage l’avenir du mieux que je peux car j’ai une famille. J’en ai pris des portes dans la gueule, mais heureusement j’ai toujours eu une famille." Dany est papa d’un bébé de 16 mois et sa compagne attend un deuxième enfant dans quelques mois. "Nous comptions nous marier cette année avec ma compagne, mais le projet est repoussé à cause des problèmes de santé." Sa compagne est également invalide, car épileptique. "Elle touche 680 euros par mois de sa mutualité." Les journées de Dany s'étirent, monotones et accablantes: "Je ne fais rien de mes journées, la maladie m’exténue. Les médicaments m’endorment et je suis obligé de faire des siestes pour récupérer. La nuit, il m’arrive de ne pas trouver le sommeil tellement les douleurs sont aiguës."

Pour la suite, l’Hastiérois espère rapidement obtenir une date pour une opération qui ôterait sa douleur: "Le 14 avril prochain je réaliserais un  scanner et je saurai quoi", espère Dany.


 

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