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PEUR que tout le monde prenne ses congés après le confinement: certains employeurs demandent aux travailleurs de prendre congé en avril

PEUR que tout le monde prenne ses congés après le confinement: certains employeurs demandent aux travailleurs de prendre congé en avril
 
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Face à une situation aussi inédite et imprévisible qu'un arrêt quasi-total de l'activité économique mondiale, beaucoup d'entreprises cherchent des solutions pour ralentir leur propre activité, ou pour éviter un redémarrage raté dans quelques semaines. Explications.

Le coronavirus en Belgique affecte d'une manière historique l'activité économique dans son ensemble. Rares sont les secteurs qui ne souffrent pas financièrement des mesures de confinement prises à l'échelle mondiale.

Nous avons reçu comme demande de prendre entre 5 et 10 jours de congés payés avant le 30 avril

Les secteurs les plus affectés mettent leurs employés au chômage temporaire (1,25 million de travailleurs en Belgique). D'autres peuvent continuer leurs activités mais bien entendu, la gestion quotidienne du travail est à l'image de la situation économique: très instable. Sans oublier le télétravail forcé qui ne remplace pas, pour certaines positions, une présence au bureau.

Dans ce chaos économique, certains employeurs poussent les travailleurs à prendre des jours de congés dans les prochaines semaines. C'est le cas d'un employé de Solvay, fleuron de la chimie belge actif à l'international, qui préfère rester anonyme pour des raisons évidentes. "Nous avons reçu comme demande de prendre entre 5 et 10 jours de congés payés avant le 30 avril. Est-ce légal?", s'interroge-t-il. "Car d'après les chefs de service, ce serait quand même très mal vu de ne pas le faire".

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"Réduire l'activité"

Dans un courrier générique adressé au personnel, on peut lire que plusieurs départements de l'entreprise Solvay ressentent déjà les impacts de la crise : "2/3 de notre business est touché, et on s'attend à une érosion importante due à la fermeture des sites de nombreux clients, et à la baisse de la demande dans les prochains mois".

L'entreprise chimique ne va cependant pas si mal. Jeudi 9 avril, elle a annoncé que le bénéfice serait impacté en 2020 mais que des dividendes seraient tout de même versés aux actionnaires.

Cependant, entre autres mesures de réorganisation interne de l'activité et de la fiscalité, l'entreprise Solvay "encourage fortement tous les employés de prendre volontairement 5 à 10 jours de congés d'ici la fin du mois d'avril". Ce qui lui permettrait de "réduire l'activité", écrit-elle :

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Tout le monde pourrait prendre ses congés en même temps, ce qui poserait problème

Que dit Solvay ?

Nous avons contacté l'entreprise, qui répète que "c'est sur base volontaire uniquement, on n'oblige personne", explique Brian Carroll, du service de communication. L'explication principale de cet "encouragement" serait liée à l'organisation, au planning des prochains mois.

"Tout le monde est en télétravail jusqu'en mai, et certains n'ont peut-être pas besoin de travailler actuellement". Quand l'activité reprendra normalement, "donc quand tout le monde reviendra", ce sera pratiquement l'été et "tout le monde pourrait prendre ses congés en même temps, ce qui poserait problème".

Ce ne serait donc pas une question financière ? "Je ne sais pas, ce point doit encore être clarifié", nous a répondu le porte-parole de Solvay.

La FEB appelle "à la solidarité"

Nous avons frappé à la porte de la FEB, la Fédération des Entreprises de Belgique, qui est en pleine ébullition ces jours-ci, pour savoir si des consignes avaient été données pour encourager le personnel à prendre des jours de congés durant cette période troublée et – pour certaines entreprises – entraînant une réduction partielle de l'activité.

Je peux imaginer que beaucoup d'entreprises se posent des questions sur les vacances des mois de juillet et d'août

"Non, pas du tout, c'est lié à la politique des ressources humaines des entreprises", nous a expliqué Monica De Jonghe, directrice générale de la FEB, qui nous confirme – et ce n'est pas ce que Solvay a fait – qu'"aucun employé ne peut être obligé de prendre des congés". 

Néanmoins, vue la situation inédite, "je peux imaginer que beaucoup d'entreprises se posent des questions sur les vacances des mois de juillet et d'août". Le risque, et Monica De Jonghe rejoint le porte-parole de Solvay, "c'est que quand l'activité va enfin reprendre, le personnel ne sera pas là !".

Être solidaire pour les sauver

La FEB "doit encore discuter avec les partenaires syndicaux", mais une des idées est de "prolonger la période durant laquelle les employés sont encouragés à prendre congé". Habituellement, c'est durant les mois de juillet et d'août, car traditionnellement, l'activité est au ralenti. "On cherche des solutions pour que lors de la reprise, il n'y ait pas de problème de productivité car une majorité des travailleurs est en congé!".

Quant à la "forte recommandation" de prendre congé en avril dont nous a parlé un travailleur de Solvay, la directrice de la FEB dit "Pourquoi pas ? C'est une réflexion personnelle, mais le télétravail, ce n'est pas toujours génial: certains ont du mal à travailler, et d'autres n'ont pas assez de travail. Alors pourquoi ne pas prendre congé ? Mais c'est à chaque entreprise de négocier avec ses employés".

Une entreprise a donc parfaitement le droit de le demander, et même de recommander fortement, la prise de congé. Libre à l'employé d'accepter ou de refuser. 

Monica De Jonghe conclut en avouant que cette période "est une catastrophe pour les entreprises: on espère qu'il n'y aura pas trop de faillites". Il faut donc, selon elle, "être solidaire pour les sauver".


 

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