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Krystal ressent toujours fatigue et essoufflements, 4 mois après le Covid: "Si je cours 3 mètres, c’est comme si j’en avais fait 20"

Krystal ressent toujours fatigue et essoufflements, 4 mois après le Covid: "Si je cours 3 mètres, c’est comme si j’en avais fait 20"
 
 

Krystal fait partie de ces malades qui continuent à subir des conséquence du Covid-19 des mois après leur diagnostic. Entre fatigue persistante et difficultés respiratoire, cette habitante d'Auvelais espère retrouver le cours d'une vie normale.

"J’ai contracté le covid deux fois, la dernière fois en novembre. Aujourd'hui j’ai toujours de grosses séquelles aux poumons aux moindres efforts", nous écrit Krystal via le bouton orange Alertez-nous.

Photographe indépendante depuis maintenant 10 ans, Krystal a toujours mené une vie très active. Pour sa profession, elle se déplace régulièrement dans les écoles à proximité de la commune de Sambreville, se rend à des mariages, et réalise aussi des portraits d'enfants en bas âge. Un métier qu’elle décrit comme exigeant mais dont elle est passionnée. "Il faut savoir gérer la pression, savoir monter le matériel relativement vite et tout ça doit se faire à 100 %", explique-t-elle. Une profession qui correspond à son tempérament de femme "hyperactive et pleine d’entrain".

Mais cette énergie lui manque à l’heure actuelle, raconte-t-elle. Cette jeune dame de 37 ans déclare être en permanence épuisée et à bout de souffle, alors que 4 mois sont passés depuis sa deuxième infection par le coronavirus. "La première fois, c’était pendant la période de Pâques. J’étais simplement dans un état grippal: très fatiguée, de la lourdeur dans les muscles et un peu de fièvre", décrit-elle. A cela s’ajoute un symptôme peu connu, le syndrome des pieds bleus (les orteils deviennent légèrement bleus voire noirs). Quelques jours lui suffisent pour être rétablie.

Mais le 16 novembre, quand elle contracte une deuxième fois la maladie, elle développe des symptômes plus graves et plus durables. "Ça a commencé par des violents maux de tête, comme des migraines, puis nez bouché, une toux assez sèche. Ensuite, plus de goût ni d’odorat. Tout s’est enchaîné : plus moyen de respirer, une compression de la poitrine et par moment des sensations comme si on écartelait mes côtes". Pendant cette période, manger devient presque une épreuve. En 15 jours, elle perd 7 kilos. "J’étais en mode cadavre", nous dit-elle à bout de souffle. Son mari et sa fille, qui eux n’ont pas été testé positifs, sont inquiets et craignent de la perdre définitivement. Pour autant, Krystal refuse de se rendre à l’hôpital.

Un état qui affecte son quotidien

Pour retrouver sa respiration, son médecin généraliste lui conseille de suivre un traitement particulier. Elle utilise dans un premier temps un puff (de type Ventolin comme celui utilisé par des asthmatiques) puis prend quotidiennement pendant un mois et demi du medrol, un médicament à base de corticoïde. "Mais une fois que j’ai arrêté, j’ai de nouveau eu des essoufflements", déplore-t-elle. Aujourd’hui, ces symptômes sont persistants et cet état l’affecte dans son quotidien. "Je me réveille pendant la nuit car je me rends compte que je ne respire pas et je dois reprendre ma respiration", confie-t-elle.

Le moindre effort la fatigue et depuis la reprise de son activité de photographe le 8 mars, elle a donc dû adapter ses horaires de travail. "Avant j’avais 4 séances d’affilées sur une journée. Dorénavant, j’essaie de n'en avoir qu’une seule sur la journée ou une séance très tôt le matin et une l’après-midi. Ce qui me permet de nettoyer le studio mais ça me demande de l’énergie. Je suis exténuée comme si j’avais travaillé toute une semaine", confie-t-elle.

Le sport faisait également partie intégrante de son quotidien. Habituellement, cette jeune femme de 37 ans, pratique trois fois sur la semaine un sport collectif. De la zumba à la boxe dynamique ou encore à la natation, elle a toujours privilégié un entrainement cardio. Bien que la situation sanitaire l’en empêche encore aujourd’hui, elle se sent physiquement incapable de reprendre. "Si je devais courir 3 mètres dans ma rue, c’est comme si j’en avais fait 20", assure-t-elle. Affaiblie, elle n’en est pas moins déterminée à retrouver le cours normal de sa vie.

Peu d’informations scientifiques existent par rapport à cas spécifiques

Mais quelles sont ces séquelles aux poumons décrites par Krystal ? Nous avons posé la question à Jean-Christophe Goffard, infectiologue à l’hôpital d’Erasme. "C’est une question que l’on se pose tous", commence-t-il par répondre. "Dans l’épidémie SARS-CoV-1 (NDLR: coronavirus responsable de l'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui a sévi de 2002 à 2004), on s’est rendu compte que certaines séquelles pulmonaires pouvaient durer pendant des années, parfois jusqu’à 10 ans. Avec le Sars-CoV-2 (virus du Covid-19), on a moins de données, c’est encore en développement", poursuit-il.

Il y a quelques jours, une étude de l'Université d'Anvers a démontré qu’un patient sur 4 pouvait souffrir des séquelles pendant plusieurs mois; c’est ce qu’on appelle le "covid long". Les séquelles revenant le plus souvent sont notamment la fatigue et la perte de condition physique. Des troubles cognitifs altérés et des pertes de la concentration sont aussi des symptômes fréquents qui persistent pendant plusieurs mois.

Lorsqu’un patient a des difficultés respiratoires, cela signifie que les poumons ont été agressés par le virus en bouchant notamment les alvéoles pulmonaires. Mais les connaissances en la matière sont encore très limitées. La littérature scientifique est encore peu consolidée vis-à-vis de ces cas long. En Belgique, le centre fédéral d’expertise des soins de santé se penche sur cette question. En décembre 2020, il a lancé une étude de plus long terme sur les besoins et le suivi de cas particuliers. Tout citoyen peut encore y participer en remplissant ce questionnaire en ligne. Le Dr. Goffard se veut tout de même rassurant: "C’est un phénomène plutôt rare. Peu de patients ont des atteintes respiratoires autre que la toux". Mais il précise que la prise en charge adéquate d’un patient doit reposer sur l’écoute du médecin et la reconnaissance de ce "covid long".

Refaire du sport sous surveillance médicale

Que faire si l’on souffre de ces symptômes sur le long terme ? Pour l’instant, la revalidation respiratoire semble fonctionner car elle permet d’entraîner l’endurance physique. Refaire du sport sous supervision médicale est par ailleurs encouragé par les médecins. "Il vaut mieux être avec quelqu’un pour ne pas se mettre en danger. De cette manière, un médecin pourra mesurer la fatigue musculaire du patient, vérifier son rythme cardiaque et s’assurer que le taux d’oxygène dans le sang soit suffisant", explique le Dr. Goffard.

Des conseils que Krystal veut suivre attentivement. D’ici quelques jours, la jeune femme va prendre contact avec un pneumologue. Malgré son état d’essoufflement et de fatigue persistante, elle relativise et ne perd pas espoir quant à son rétablissement. "Je me dis que si je dois faire le reste de ma vie avec des poumons atteints, je m'y ferai car je suis quand même contente d’être sur pied, et de me dire qu’il y a pire que moi", assure-t-elle.


 

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