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"Votre voiture nous intéresse": Jean-Pierre récolte des centaines de ces cartes qui pullulent sur nos autos

 
 

Les cartes de visite déposées sur une voiture et proposant à son propriétaire de la racheter sont fréquentes. Cette technique, qui n'est pas interdite en tant que telle, est utilisée par des acheteurs qui ont une entreprise déclarée auprès de l'administration mais aussi par des personnes qui préfèrent la discrétion... Les transactions avec ces dernières présentent des risques récemment soulignés par Federauto. Cependant, la plupart des gens jettent ces cartes. Mais Jean-Pierre, lui, les collectionne.

Ces petites cartes de marchands de voitures, vous les avez sûrement déjà remarquées, épinglées dans le caoutchouc de la vitre côté conducteur de votre voiture. Sur celles-ci, un message souvent identique: "Votre voiture nous intéresse. Si vous voulez la vendre, maintenant ou plus tard, contactez-nous vite. Nous achèterons cash et à bon prix. Même avec beaucoup de kilomètres, même sans contrôle technique ou accidentée". Si vous souhaitez revendre votre véhicule, ces marchands se disent prêt à vous répondre, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Jean-Pierre a déjà récolté des centaines de cartes

Jean-Pierre nous a contactés, via notre page Alertez-nous. Cet habitant de Woluwe-Saint-Lambert n'en peut plus de voir ces cartes gésir sur le trottoir de sa rue, car elles sont systématiquement jetées par les conducteurs non intéressés. "Ca pollue les rues. Dans tous les pieds d’arbres de la rue dans laquelle j’habite, il y a de ces cartes que les nettoyeurs enlèvent et jettent, mais il y en a très souvent. [...] De plus, parfois ces cartes sont plastifiées, et risquent de boucher les égouts", nous explique-t-il. Alors pour tenter de dissuader les adeptes de cette méthode de continuer à garnir les vitres des voitures, il les collectionne (voir photo): "Je dois en avoir pour les 3 ou 4 dernières semaines, environ 200, rien que pour une rue".

Le bourgmestre Maingain: "Une véritable exploitation humaine"

Dans sa commune, le bourgmestre a déjà pris des mesures afin de mettre fin à ce qu'il qualifie de "fléau". Olivier Maingain (FDF) a mis en place une surveillance par les gardiens de la paix, qui lorsqu'ils sont confrontés au phénomène, appellent systématiquement les patrouilles d'intervention de la police pour un contrôle d'identité. Un travail qui n'est pas aisé, puisque les distributeurs se déplacent rapidement d'une commune à l'autre. "Les personnes contrôlées sont rarement les mêmes à chaque contrôle, donc chaque fois on se dit que les employeurs, entre guillemets, parce que tout cela, c’est de la main d’œuvre non déclarée, sont bien organisés pour trouver de la main d’œuvre sans doute à vil prix, souvent exploitée parmi les plus fragilisés, donc des gens qui n’ont pas le droit au séjour et qui tentent ainsi un petit revenu, mais c’est totalement illégal et de surcroit,  c’est une véritable exploitation humaine", explique le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert.

Federauto met en garde

Cette méthode, dite "de la carte de visite", suscite de la méfiance. La Confédération belge du commerce et de la réparation automobiles et des secteurs connexes (Federauto) pointait récemment les risques liés à l'achat ou la vente d'un véhicule d'occasion par des particuliers peu scrupuleux, ces cartes de visite dénotant un procédé rarement utilisé par les professionnels du secteur. Le risque majeur réside dans le fait que les acheteurs peuvent falsifier les papiers et usurper votre identité, nous a indiqué Jean-François Dinant, porte-parole de Federauto, Il nous a précisé toutefois que la pratique en tant que telle, le fait de déposer une carte de visite sur un véhicule à des fins commerciales, n'était pas interdite. Le numéro d'entreprise (code TVA) devrait toutefois être mentionné.

Où se trouve votre garage?

Notre rédaction a tenté d'appeler plusieurs de ces numéros, en prétextant voulant revendre un véhicule. La moitié de nos appels a débouché sur un répondeur automatique non personnalisé. Les autres vers un interlocuteur qui nous a posé quelques questions de base sur le modèle, l'année de mise en circulation, le nombre de kilomètres et le type de carburant, avant de nous demander un prix. L'un des acheteurs potentiels nous a proposé 2000€. Lorsque nous avons demandé à deux de ces marchands où se trouvait le garage, s'il était possible de s'y rendre, impossible d'obtenir une réponse, l'interlocuteur préférant se déplacer pour voir le véhicule.

Une méthode pour faciliter le vol?

Jean-Pierre attirait également notre attention sur de possibles actes de malveillance. Certains riverains craindraient qu'il s'agisse d'une méthode afin de repérer, grâce à l'accumulation ou non de ces petites cartes, les mouvements des automobilistes. Tant du côté de la zone de police Montgomery qu'à la police fédérale, on nous indique qu'il ne s'agit pas d'un phénomène inquiétant: "S'ils veulent vraiment voler une voiture, ils savent y faire en quelques minutes, ils n'ont pas besoin de ça. Nous n'avons pas connaissance d’un réseau criminel opérant de la sorte", explique Tine Hollevoet, porte-parole de la police fédérale.

Un jeu pour éviter les nuisances?

Jean-Pierre pense avoir trouvé la solution pour éradiquer la "méthode de la carte de visite", du moins dans son quartier. Il aimerait proposer un concours: les enfants devraient ramasser ces cartes (comme il le fait lui-même), et ceux qui en ramèneraient le plus, gagneraient par exemple des entrées à la piscine communale: "S’il n’y a plus le but que la publicité soit faite, et que les cartes sont immédiatement prélevées par les enfants et puis ramenées à la commune qui les jettera à la poubelle, le but n’était plus atteint, j’espère que ces sociétés ne viendront plus nous polluer avec leurs cartes", explique-t-il.

Nous avons exposé l'idée à M Maingain, qui salue le travail civique proposé: "On peut réfléchir à une formule de ce genre, je ne l’exclus pas, mais ce que je cherche d’abord, c’est de faire en sorte que ce phénomène ne se propage plus aussi fréquemment".

Déborah Van Thournout avec Fabrice Cecchi

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