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"Scandalisée", Karen estime que les avaloirs mal entretenus ont contribué aux inondations: qui est responsable de leur nettoyage?

"Scandalisée", Karen estime que les avaloirs mal entretenus ont contribué aux inondations: qui est responsable de leur nettoyage?
 
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Les images d'égouts refoulant l'eau le long des routes belges auraient-elles pu être évitées lors des dernières intempéries ? C'est ce que pense Karen, qui se rend de Nivelles à Braine-le-Comte tous les jours pour son travail. Elle estime que les avaloirs ne sont pas assez entretenus. La Région wallonne, elle, évoque "des circonstances exceptionnelles".

Le début du mois de juin a été dramatique pour de nombreuses personnes en Belgique. Des centaines de maisons ont été dévastées par les intempéries, la plupart du temps parce que les cours d'eau n'ont pas pu contenir les pluies diluviennes, sont sortis de leur lit et ont envahi rues, caves, garages et même les rez-de-chaussée.

Les météorologues sont formels: la quantité d'eau tombée a dépassé plusieurs records vieux de dizaines d'années, un peu partout en Belgique. Un phénomène exceptionnel, donc.

Si l'on ajoute à cela le fait que notre pays est densément peuplé, et donc densément bâti, il était inévitable que l'eau ravage plusieurs quartiers, voire des villages entiers. Contre ces deux constats, les autorités semblent bien impuissantes.


"Tous les égouts refoulent"

Mais pour Karen, qui a contacté la rédaction de RTL info via notre bouton orange Alertez-nous, il y a "une autre raison aux quartiers inondés": le manque d'entretien des avaloirs. Il s'agit de ces blocs de fonte rectangulaire, enterrés et placés le long des routes. Ils font office de siphons pour faire passer l'eau qui ruisselle dans les égouts, avec une grille par-dessus pour empêcher les grosses crasses d'y tomber.

Cette assistante sociale de 26 ans effectue régulièrement le trajet entre Braine-le-Comte et Nivelles, sur la N533. Mardi 7 juin, alors que la Belgique est copieusement arrosée, elle constate "une fois de plus" que les avaloirs sont bouchés et refoulent. "Ce n'est pas nouveau, il n'y a rien qui est fait pour l'entretien de ces avaloirs, je vois ça partout, sur les grandes routes et dans les villes", estime-t-elle.

"Certains sont débouchés tant bien que mal par des habitants, et ce n'est pas normal, car on paie des taxes", poursuit-elle. Karen a déjà constaté que parfois, les avaloirs "n'étaient nettoyés que d'un seul côté de la route".

L'occasion de se pencher sur l'entretien de ces avaloirs: qui en est responsable ?

La Région est responsable des routes "nationales"

La route empruntée par Karen est une "nationale", même si ce terme n'a plus beaucoup de sens car ce sont les régions qui sont responsables de toutes les "N".

"La Région wallonne est responsable de l'entretien de ces routes, et cela ne signifie pas uniquement la réparation des trous, ou le remplacement de l'asphalte", nous a expliqué Laurence Zanchetta, porte-parole de la Direction générale opérationnelle (DGO) Routes et Bâtiments.

"On nettoie également les voies, on balaie périodiquement, surtout en automne, pour éviter que les feuilles obstruent les avaloirs ou rendent glissante la chaussée".

La Wallonie est divisée en 42 districts, chacun étant responsable d'environ 200 kilomètres de routes. "La plupart du temps, il y a un bail d'entretien avec une société externe", qui se charge du nettoyage.


"Une à deux fois par an": ce n'est pas assez

Difficile de connaître la périodicité précise de ces entretiens. "Sur autoroute, c'est une à deux fois par an minimum. Pour le reste du réseau, c'est au cas-par-cas, il n'y a pas de règle. Il y a cependant des gardes-routes qui sillonnent leurs 200 km de district et signalent tous les problèmes, tels que les animaux écrasés, les panneaux de signalisation trop sales, l'éclairage public défaillant, et éventuellement les avaloirs obstrués".

On s'en doute, il est impossible d'avoir un œil, un agent, à côté de chaque avaloir pour veiller à ce qu'il soit dégagé en permanence. La Région reconnait donc que "il y a probablement des endroits où on peut être mis en cause", où l'avaloir était obstrué avant l'arrivée des pluies diluviennes.

Mais il faut faire avec les moyens du bord, et l'on sait que les économies se font désormais à tous les niveaux de pouvoir.

df
Des circonstances exceptionnelles…

La porte-parole de la DGO Routes et Bâtiments précise que "ce qu'on a vécu était exceptionnel". Les météorologues ont en effet relevé des quantités de précipitations anormalement importantes en 24h.

"Quand la pluie tombe aussi fort, aussi longtemps, une fois que les champs ne savent plus absorbés l'eau, ce sont d'immenses coulées de boue qui dévalent nos routes. Et à ce moment-là, on a beau avoir des avaloirs dégagés, la quantité de crasses est telle que tout est bouché en peu de temps".

On ne sait donc pas y faire grand-chose: nos avaloirs et nos égouts ne sont simplement pas faits pour ça. La porte-parole conclut par une métaphore bien à propos: "C'est comme si une baignoire débordait, on qu'on perçait un trou de la taille d'une aiguille pour la vider".


… mais il faudrait plus d'entretiens

Le son de cloche est un peu différent du côté de Fondatel, un fabricant d'avaloirs belge. "L'eau peut toujours s'écouler par nos avaloirs, même lorsqu'il pleut énormément. Mais il faut les nettoyer régulièrement", nous a-t-on expliqué.

En cas de coulée de boue sur l'avaloir, celui-ci se bouchera rapidement, mais ce n'est pas toujours le cas. Tous les avaloirs ne sont pas situés en contre-bas d'un champ. "En ville, on recommande de nettoyer les avaloirs une fois par mois". Est-ce le cas ? Impossible à dire…

"Mais si on est près d'un champ, il faut le faire beaucoup plus souvent", précise Fondatel. Il est fort à parier que ce soit encore moins le cas.


Et du côté des communes ?

Selon Karen, le problème ne concerne pas que les routes nationales, mais également "les routes des centres-villes".

Nous avons demandé à un bourgmestre comment étaient entretenus les avaloirs des voiries communales. "Nous avons une hydrocureuse (une grosse citerne avec une pompe, remorquée par un tracteur, NDLR) qui tourne toute l'année, quartier par quartier, mais qui peut intervenir localement en cas de besoin", nous a expliqué Alain Fauconnier, le mayeur de Braine-le-Château, une commune du Brabant wallon d'environ 10.000 habitants, épargnée lors des dernières intempéries.

Son but est d'aspirer les avaloirs. L'hydrocureuse peut simplement aspirer l'eau pour vider l'avaloir et les crasses éventuelles qui s'y trouvent, ou y souffler de l'eau avant d'aspirer, pour nettoyer l'avaloir. 


 

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