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"Je suis face à un sérieux problème": les distributeurs de billets disparaissent, Marc ne pourra bientôt plus réaliser une opération basique envers ses clients

 
 

Marc est commerçant dans le centre-ville de Bruxelles. Si sa boutique se porte bien, il a décidé de pousser sur le bouton orange Alertez-nous pour une autre raison : à cause de fermetures successives de distributeurs de billets, ce Nivellois ne sera bientôt plus en mesure de pouvoir rendre la monnaie en petite coupure. "Les banques en distribuent de moins en moins, or j'en ai besoin pour faire le compte", explique-t-il.

Propriétaire d'un magasin de jouets près de la Grand-place de Bruxelles, Marc, commerçant depuis plus de 30 ans, se retrouve face à un problème qu'il n'aurait pas imaginé il y a quelques années encore. "Il y a 30 ans, tout le monde payait en liquide, mais petit à petit les cartes ont pris le pas sur la monnaie physique".

S'il affirme ne "rien avoir contre les paiements par carte", Marc souhaite tout de même alerter sur la pénurie de petites coupures qu'il voit arriver. "Beaucoup de personnes règlent par carte", explique-t-il. "Mais pour ceux qui souhaitent payer en espèces, il faut bien que je leur rende la monnaie. Or, il est de plus en plus difficile de se procurer des petites coupures".

Marc dénonce une volonté des banques de réduire au maximum l'accès au cash, et encore plus aux petites coupures. "On sait qu'il y a une volonté des banques et du gouvernement d'en finir avec l'argent liquide. Pourtant, les commerçants comme moi, on en a encore besoin".

"Les petits billets sont importants"

En effet, même si Marc admet que "80% des achats effectués dans sa boutique sont réglés par carte", il doit cependant continuer à pouvoir rendre la monnaie. "Lorsque des touristes viennent avec de grosses enveloppes qu'ils ont préparé pour leur voyage par exemple. Le cas le plus concret est que lorsqu'un achat coûte environ 35 euros, je dois pouvoir leur rendre 15 euros sur un billet de 50".

"Ce sont des billets que j'utilise souvent, et malheureusement les banques en proposent de moins en moins. J'ai trouvé dernièrement une banque qui distribuait encore des petites coupures, j'en ai donc retiré un stock, mais viendra le moment où je n'en aurai plus…", explique-t-il.

Les possibilités de retirer de l'argent liquide s'affaiblissent

Marc a donc le sentiment qu'il est de plus en plus difficile de se procurer des petites coupures, et il a sans doute raison. Depuis plusieurs années, le nombre d'agences en activité ne cesse de baisser. S'il y en avait encore 7.360 il y a dix ans en Belgique, le nombre a été divisé de moitié en 2021.

(c) Febelfin

De la même manière, le nombre de distributeurs de billets a, lui aussi, baissé de manière conséquente ces dernières années. On en dénombrait presque 9.000 il y a 10 ans, contre "seulement" 5.400 l'année dernière.

(c) Febelfin

Cependant, selon Febelfin, la volonté des banques n'est pas de passer au "zéro cash". "La volonté du secteur financier n'est pas d'aller vers une société sans cash, mais avec moins de cash", explique Charline Gorez, porte-parole de Febelfin. "C'est notamment pour cela qu'on avait notamment plaidé pour que les consommateurs aient le choix entre payer avec un moyen électronique ou en cash, ce qui est possible désormais avec la nouvelle loi de juillet 2022".

Des "points cash" qui dépannent… légèrement

Pour combler le manque de distributeurs, plusieurs banques se sont jointes pour mettre en place des "Point Cash" où les gens peuvent venir retirer des billets… Mais uniquement de 20 et de 50 euros, pour l'instant.

"Ça permet de dépanner, mais le fait est que le problème ne change pas pour les petites coupures, ces points n'en délivrent pas". Chose à laquelle Batopin, le réseau qui s'occupe de ces points cash, a réfléchi.

"Nous nous sommes basés sur les coupures les plus utilisées, et donc les plus demandées", explique Vincent Bayer, porte-parole du réseau. "En l'occurrence, les billets les plus demandés sont ceux de 20 et de 50, mais nous sommes à l'écoute, et nous pourrons évoluer".

Pour les distributeurs, la réflexion est la même. "Les billets de 20 et de 50 sont largement les plus utilisés, donc les agences les privilégient. Mais il reste possible de trouver de plus petites coupures dans certaines agences", note Charline Gorez.

En effet, si pour l'instant, ce sont ces deux billets qui sont disponibles, une phase de test est mise au point avec des coupures de 10 euros. "Dans quelques points, on propose actuellement des billets de 10. Le test est encore en cours donc nous n'avons pas de résultat pour l'instant, mais en fonction des résultats, nous pourrons voir si on en propose dans d'autres points cash également".

Si le nombre restreint de ces points cash est également au cœur des débats, le porte-parole tient à rassurer. "Nous sommes une jeune entreprise, nous ne sommes actuellement qu'à 37% du développement du réseau. D'ici 2024, on compte installer 2240 points cash dans le pays".


 

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