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"Je ne vais quand même pas allumer le chauffage et ouvrir la porte": Philippe dénonce une augmentation de sa facture de gaz parce qu’il n’a... "pas assez consommé"

"Je ne vais quand même pas allumer le chauffage et ouvrir la porte": Philippe dénonce une augmentation de sa facture de gaz parce qu’il n’a... "pas assez consommé"
 
 

Philippe, de Somme-Leuze, a poussé le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer une pratique qu’il juge "scandaleuse". Sa facture de gaz a subitement augmenté parce qu’il n’avait, selon lui, pas consommé assez. Il s’agit en réalité de frais liés à la location d’une citerne à propane. La société chez qui il est client depuis 2017 a en effet estimé que, suite à une consommation réelle trop faible, il était "justifié" d’augmenter le montant annuel de ce client. Pour Philippe, cette manière de faire pousse à la surconsommation.

Alors que tout le monde cherche la moindre économie pour ne pas plomber ses finances à cause des prix galopants de l'énergie, Philippe nous a alertés il y a quelque temps d'une pratique étonnante. Cet habitant de la région de Somme-Leuze a poussé le bouton orange Alertez-nous suite à une augmentation qu’il juge "anormale" de sa facture de gaz, car elle n'est pas du à celle du prix du combustible. "J’ai reçu une facture de chez Primagaz parce que je n’avais pas assez consommé de gaz. Je trouve cela scandaleux à l’heure actuelle où l’on doit faire attention aux énergies fossiles et à l’écologie de surfacturer un client parce qu’il n’a pas assez consommé", nous a-t-il écrit, scandalisé.

Client depuis 2017 au sein de cette entreprise de distribution de gaz butane et de propane, Philippe se dit "hyper écolo" et attentif à sa consommation de manière générale. "J’étais content d’avoir pu économiser sur le chauffage… Donc, en gros, je suis obligé de consommer pour ne pas être pénalisé. Je ne vais quand même pas allumer le chauffage et ouvrir la porte pour consommer plus", poursuit cet employé chez Infrabel.

Ils disent que c’est comme ça, il faut payer parce que c’est marqué dans le contrat. Ils m’ont dit qu’ils doivent s’y retrouver niveau frais

En cause ? Lors de la signature du contrat avec Primagaz, la société avait estimé que Philippe aurait une consommation annuelle de 2700 litres. Cette quantité n’a jamais été atteinte et c’est ce qui pose problème à Primagaz. L’entreprise a donc décidé d’augmenter sa facture pour la location de la citerne à gaz. "Je n’avais pas fait attention car je suis dans un nouveau bâtiment hyper isolé avec un très bon PEB. Et j’avais un grand stock de bois de chauffage à écouler donc je me suis chauffé au bois. J’ai donc utilisé le gaz uniquement pour l’eau chaude, le temps d’utiliser le reste du bois", nous explique-t-il.

Voyant sa facture pour la location de sa citerne passer d’approximativement 115 euros par an 181,50 euros, notre interlocuteur dit avoir pris contact avec Primagaz pour obtenir des explications. "Ils disent que c’est comme ça, il faut payer parce que c’est marqué dans le contrat. Ils m’ont dit qu’ils doivent s’y retrouver niveau frais… Donc il augmente la location de la citerne en fonction de ce qu’on n’a pas utilisé comme gaz. Les 181 euros sont fixés par eux et c’est eux qui décident s’ils diminuent ou pas plus tard…", déplore le Namurois.

Primagaz s'explique

Contacté par notre rédaction, Primagaz s’explique : "Nous mettons sur place des citernes à gaz propane et les approvisionnons en gaz. Pour le placement de la citerne elle-même, aucun frais est mis en charge. Après le placement, la citerne doit subir des entretiens et inspections périodiques par des sociétés indépendantes. Cet investissement de placement et les investissements réalisés pour les entretiens et inspections périodiques sont regagnés au cours de la durée totale du contrat via les consommations de gaz. C’est la raison pour laquelle, un montant de location/entretien est convenu avec le client à base d’une consommation annuelle estimée."

Nous sommes obligés de rehausser le montant annuel de location afin de pouvoir récupérer nos frais

La consommation annuelle est estimée sur base de plusieurs facteurs, nous précise Ilka Hendrickx, directrice commerciale chez Primagaz. "La taille du logement, l’application pour laquelle le gaz sera utilisé, la situation familiale, etc.", détaille-t-elle. En souscrivant un contrat auprès de cette compagnie de gaz, Philippe aurait indiqué utiliser le gaz pour le chauffage et l’eau chaude. "Sur la base de ces informations, le représentant commercial a fait une offre sur mesure et il a estimé la consommation annuelle à 2700 litres", souligne Ilka Hendrickx.

Étant donné que Philippe a chauffé son habitation au bois depuis son inscription chez Primagaz, cela explique la différence entre la consommation estimée et la consommation réelle. "La consommation est beaucoup plus faible que convenu. Par conséquent, Primagaz se voit obligé d’augmenter la location annuelle", poursuit notre interlocutrice avant de développer : "S’il y a un écart important entre la consommation estimée et la consommation réelle sur une période de plusieurs années et si la consommation réelle passe en-dessous d’une limite minimale, nous sommes obligés de rehausser le montant annuel de location afin de pouvoir récupérer nos frais."

Philippe dénonce une pratique qui "pousse à la surconsommation"

Philippe nous dit ne pas être en accord avec cette manière de faire. Pour lui, cette pratique pousse vraiment à la surconsommation. "Je suis hyper écolo donc c’est un truc qui m’exaspère vraiment", pointe-t-il. "C’est vraiment obliger les gens à consommer plus. On paye la location du récipient mais on ne peut pas pousser les gens à acheter et à consommer comme ça, c’est dégueulasse. Une fois qu’on a acheté et stocké notre gaz, on devrait pouvoir l’utiliser comme on le souhaite. Ici, ça va vraiment à l’encontre de tout ce qu’on prône actuellement : obliger à consommer pour payer moins…", s’indigne notre interlocuteur.

Mais chez Primagaz, on ne voit pas les choses de cette façon : "Je tiens à souligner que nous ne voulons pas punir ce client parce qu’il ne consomme pas la quantité de 2700 litres par an. Il est normal que chacun essaie de limiter sa consommation vu la situation actuelle. Mais dans ce cas-ci, il s’agit d’un écart structurel depuis 2017 et non relié à la hausse des prix de l’énergie", insiste la directrice commerciale.

Nous estimons qu’il est justifié d’augmenter les frais annuels conformément à nos conditions générales

Pour la firme, la différence était trop importante pour ne pas réagir. "Le client en question n’a commandé que 2200 litres depuis l’installation de la cuve en mai 2017, au lieu d’une consommation estimée de 2700 litres/an. Il n’a qu’une consommation de plus ou moins 550 litres/an. Vous voyez que cela est une grande différence et nous estimons donc qu’il est justifié d’augmenter les frais annuels conformément à nos conditions générales. De cette façon, le client peut continuer à utiliser la citerne et Primagaz garantit toujours les entretiens et les inspections obligatoires", conclut Ilka Hendrickx.

Outré par cette pratique, Philippe envisageait peut-être de mettre fin à son contrat. Mais celui-ci a une durée de 9 ans et ne prendra fin qu’en décembre 2025. Il aurait donc dû payer des indemnités pour une rupture anticipée de son contrat. "J’ai fini par payer… Même si je trouve que ça devrait changer."


 

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