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"Surdiplômée", "sans expérience": Gaëlle, 25 ans, rame pour décrocher un job

"Surdiplômée", "sans expérience": Gaëlle, 25 ans, rame pour décrocher un job
 
 

Cette jeune Bruxelloise a postulé auprès de 400 employeurs depuis qu'elle a terminé ses études à l'université, il y a 8 mois. En vain. Au total, elle n'a décroché que 7 entretiens d'embauche.

Gaëlle ne désespère pas encore mais l'incompréhension de cette jeune diplômée en sciences politiques et sociales est grandissante. Âgée de 25 ans, elle a terminé ses études à l'ULB en juin 2016. Un master en poche et grandie de ses 6 années à l'université, elle est aujourd'hui confrontée à la réalité du terrain, bien éloignée de l'idée qu'elle s'en était fait.

"Je me souviens de mon premier jour à l'université, étudiante de 18 ans, émerveillée par le lieu, par son histoire et une énorme soif d'apprentissage, nous a-t-elle écrit via le bouton orange Alertez-nous.  J'allais pouvoir engranger tout le savoir nécessaire à mon entrée dans le monde du travail. Les années ont passé, semées de doute, de joie, de rencontres, d'enrichissement. On porte un autre regard sur le monde, on possède une nouvelle grille de lecture, on rend son mémoire, après tout ce temps, qu'est-ce  qu'on est fière !"

 

Une idée bien précise et une motivation hors pair

Le diplôme en poche, la jeune femme commence directement à postuler pour le boulot qu'elle avait imaginé pendant toutes ces années: "Je voulais être chargée de projet dans les domaines politique et social: l'égalité salariale dans les grandes sociétés, l'aide aux personnes handicapées, à l'insertion...", raconte-t-elle.

Mais l'entrée dans "la vie d'adulte" de Gaëlle ne se passe pas vraiment comme prévu. En 8 mois, elle envoie plus de 400 courriers de candidature, dont environ 150 spontanément. Chaque matin, c'est par les petites annonces qu'elle commence la journée: "Je prends mon petit déjeuner et c'est parti", annonce-t-elle fièrement.

La Bruxelloise scrute les offres d'emploi sur tous les sites web spécialisés, et via l'annuaire des entreprises de Belgique, elle repère où elle pourrait offrir ses service et postule spontanément. Sur sa liste des candidatures qu'elle a envoyée, on découvre qu'elle n'a pas peur de quitter Bruxelles si un boulot le lui demande. Elle a par exemple pris le parti d'offrir ses services auprès de toutes les administrations communales de Bruxelles et de Wallonie.

Pas assez d'expérience…

Mais ce sont bien souvent des lettres de refus qu'elle reçoit en retour: plus d'une centaine. Avec à chaque fois les mêmes arguments: "Vous êtes surqualifiée pour la fonction" ou "Vous n'avez pas assez d'expériences". C'est un cercle vicieux pour Gaëlle qui ne comprend pas ces arguments: "Comment puis-je en acquérir si vous ne me donnez pas ma chance ?", se demande-t-elle.

En quelques mois, et comparé aux nombreuses annonces auxquelles elle a répondu, Gaëlle n'a passé que 7 entretiens d'embauche.

Un seul lui a donné de l'espoir. "Ils ont au moins pris la peine de me rencontrer, de me faire passer l'entretien en prenant en compte le fait qu'on ne peut pas avoir de l'expérience si on ne nous donne pas une chance", explique-t-elle.

Mais alors que tout semblait bien pour ce job (on lui aurait laissé entendre qu'elle aurait vraisemblablement le poste), un coup de fil a brisé son rêve. "Le matin, ils étaient d'accord, puis l'après-midi, ils m'ont dit qu'ils n'avaient plus de budget!", déplore-t-elle. Mais elle relativise : "Là au moins, ils ont pris la peine de me rencontrer".

Trop qualifiée…

Autre expérience douloureuse pour Gaëlle: lorsqu'elle postule dans le département Ressources humaines d'une société de titre-services. La jeune femme reçoit une réponse négative inédite pour elle: "Elle voulait quelqu’un sur du long terme et s'est donc imaginée qu'avec mon profil, j'allais vite partir", explique la jeune femme.

En effet, quand ce n'est pas le manque d'expérience qui pose problème, c'est son diplôme. Le souci se pose aussi pour un poste d'assistant chargé de projet dans la promotion de l'aide aux personnes handicapées. Alors qu'elle se dit prête à être payée au barème inférieur, les employeurs  se disent qu'elle vient seulement chercher de l'expérience. "C'est à chaque fois eux qui présupposent que vous n'allez pas rester", ajoute-t-elle.

Ses amis rencontrent le même problème: "Vous dites être prêts à être payé comme bachelier alors que vous avez fait un master et on vous répond que vous êtes surqualifié. Les employeurs ont peur que ce genre de profil vienne juste chercher l'expérience pendant 2 ans puis s'en aillent ailleurs avec un salaire plus élevé", révèle-t-elle encore.

Pour toutes ces raisons et expériences malheureuses, la jeune diplômée se sent aujourd'hui dans l'impasse. Elle reste motivée malgré tout mais aimerait avoir la possibilité d'aller de l'avant.

"J'en connais plein qui se tournent vers le CPAS"

"Je veux vraiment trouver un emploi, je veux acquérir de l'expérience, et entrer dans le monde du travail", lance Gaëlle.

Pour l'instant, elle ne peut pas prétendre au chômage mais est consciente d'avoir la chance d'avoir des proches sur qui compter. "Si je n'avais pas mes parents, je ne pourrais pas subvenir à mes besoins, reconnait-elle. J'en connais plein qui se tournent vers le CPAS. Dans mon entourage, il y en a 4: leurs parents ne savent pas les aider".

Les conseillers d'Actiris jugés peu entreprenants

Comme ses comparses, Gaëlle rend régulièrement visite à son conseiller Actiris mais elle est souvent déçue du message qu'elle reçoit lors de ces entretiens. "Pour prétendre à ce job il faudrait que vous soyez ACS, c'est-à-dire inscrit depuis six mois au chômage", s'entend-elle dire. "Ou ton conseiller Actiris, qui n'a de conseiller que le nom, qui te dit du bout des lèvres que : '80 % des emplois, on les trouve par copinage'", lance-t-elle encore, déçue du manque d'encouragement qu'elle reçoit malgré une motivation sans faille.

"Encoder nos données et vérifier si on a bien envoyé le bon nombre de candidatures, c'est tout ce qu'ils font", regrette la jeune diplômée.

 

C'est dès l'université que cela se joue

Désormais, elle remet en question le manque de préparation à l'université pour affronter l'entrée dans le monde du travail. "Tout au long de nos études, on nous dit qu'on va trouver un job, que ce sera évident, qu'on n'a pas besoin d'expérience. Les stages ne sont obligatoires que depuis cette année", déplore-t-elle. Elle reproche des cours trop théoriques, et espère que d'autres étudiants, comme elle, sensibilisent la faculté aux difficultés à trouver un emploi avec ce diplôme en poche.

"J'aspire à ce que le monde politique, les entreprises et les universités se coordonnent afin de nous donner la possibilité d'accéder au marché du travail. Comment peut-on prétendre à une société plus juste, si on laisse les plus jeunes générations sur le carreau ?", se demande-t-elle encore.

Concrètement, elle souhaiterait davantage de connections entre les universités et les entreprises, afin que l'étudiant sache dès le début de son parcours "ce que les futurs employeurs attendent de nous", précise-t-elle.

"Nous sommes bien démunis face à une société qui ne semble pas vouloir nous donner la possibilité de prouver ce que l'on vaut et une université en décalage avec les attentes du monde du travail", déclare la jeune femme qui ne compte pas baisser les bras. 

Pour trouver un premier job, elle est prête à s'ouvrir à un autre domaine: elle s'est d'ailleurs inscrite à une formation en ressources humaines pour multiplier ses domaines de compétence.


 

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