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Procès Henkinet: les grands-parents paternels des victimes se constituent partie civile maintenant... 3 ans après les faits

 
 

Le procès de Rita Henkinet et de son frère Benoît Henkinet a repris lundi matin devant la cour d'assises de Liège. Un nouveau rebondissement est intervenu en début d'audience lorsque deux nouveaux avocats ont pris place sur les bancs des parties civiles pour représenter une nouvelle partie au procès.

La nuit du 1er au 2 mars 2013, Rita Henkinet avait mis fin aux jours de ses deux enfants handicapés, Arnaud (24 ans) et Audrey (26 ans). Cette ancienne infirmière de profession âgée de 57 ans avait fait absorber à ses enfants un cocktail de médicaments et les avait ensuite étouffés à l'aide de couvertures. Son frère Benoît est suspecté de lui avoir apporté son aide.

Alors qu'une semaine entière de procès s'est déjà écoulée, deux avocats ont déposé à l'audience une nouvelle constitution de partie civile. Me Jean-Luc Dessy et Me François Dessy représenteront désormais lors des débats les grands-parents paternels des deux victimes. Ils réclament un dommage évalué à 100.000 euros.

La défense, Me Alexandre Wilmotte, s'est étonnée de cette constitution de partie civile très tardive puisqu'elle intervient trois années après les faits et alors qu'une semaine complète de procès s'est déjà déroulée. La défense a souligné que les grands-parents n'ont jamais été mêlés à l'enquête. L'avocat s'est interrogé sur les véritables raisons de cette démarche des avocats apparus en cours de procès. De nouveaux devoirs, relatifs à cette constitution tardive, pourraient être sollicités par la défense.

Après avoir réalisé un second malaise vendredi soir en fin d'audience, Rita Henkinet a fait sa réapparition sur le banc des accusés.

Des psychologues ont débattu de la personnalité de Rita et Benoît Henkinet. Des spécialistes ont notamment évoqué la dynamique familiale qui existait entre les accusés. L'un des spécialistes a affirmé que Rita Henkinet avait uniquement voulu mettre fin à la souffrance de ses enfants.

Le psychologue Serge Garcet a décrit Benoît Henkinet comme un homme atteint d'une blessure narcissique. Son niveau intellectuel se situe dans la moyenne faible des personnes de son âge. L'accusé ne présente pas de psychose ou de maladie mentale. Mais il présente une personnalité avec une dimension de frustration et de revendication. Benoît Henkinet s'est alimenté des souffrances de sa sœur, ce qui a renforcé ses impressions de se situer dans un propre combat. "Il a fait de sa sœur le bras armé de sa propre cause", a indiqué l'expert. Benoît Henkinet a légitimé son point de vue et ne trouve pas de raison de le remettre en question.

Selon le psychologue Martine Bronckart, conseiller technique sollicité par la défense, Benoît Henkinet ne présente pas de trouble de la personnalité. Il a un aspect narcissique discret et retenu. Mais, contrairement à l'expert psychologue, le conseiller technique de la défense ne perçoit pas de revendication ou d'agressivité chez lui. "Il tire sa satisfaction dans l'aide de l'autre", a relevé ce psychologue.

D'autres psychologues sollicités par la défense ont analysé la dynamique et le fonctionnement de la famille Henkinet en évaluant leurs valeurs et leurs croyances. Selon les psychologues Picirelli et Maquet, spécialisés en analyse systémique, cette famille présente des valeurs de loyauté, de politesse, d'écoute et de dialogue qui constituent leur identité familiale. Ils vivent dans un système interdépendant et complémentaire. Cette famille, qui fonctionne de manière fusionnelle, a été traumatisée par les naissances des enfants handicapés. Selon ces spécialistes, ce n'est pas la vie de ses enfants que Rita Henkinet souhaitait supprimer mais leur souffrance.

L'expert psychologue Anne Massin a décrit Rita Henkinet comme une dame qui est dans le contrôle permanent. Elle est dans la valorisation narcissique de son combat personnel. Rita Henkinet donne l'impression qu'elle pense être la seule à se soucier de ses enfants et qu'elle sait de quoi ils ont besoin. Selon l'expert psychologue, Rita Henkinet évoque l'acte d'amour d'une mère bienveillante qui a eu le courage de le poser lorsqu'elle évoque les faits. Selon l'expert, l'accusée a mis en place des mécanismes de neutralisation morale pour se positionner par rapport à sa culpabilité. "Elle cherche ailleurs les causes de ce qui s'est passé. Elle dit avoir été poussée à commettre cet acte. Elle ne dit pas avoir donné la mort mais affirme qu'elle a éteint la souffrance", a relevé l'expert.

Le psychologue Martine Bronckart, conseiller technique de la défense, a souligné que Rita Henkinet se positionnait au-delà de l'aspect possessif envers ses enfants. "Elle était fusionnelle avec ses enfants", a-t-elle indiqué.


 

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