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Procès Henkinet: du jamais vu en Belgique!

 
 

Le procès de Rita et Benoît Henkinet a repris mardi matin devant la cour d'assises de Liège. Ce procès sera marqué par une situation inédite en raison de l'application d'une loi qui modifie le déroulement de la délibération du jury. Les 12 jurés seront désormais accompagnés de magistrats professionnels lors de la délibération sur la culpabilité.

La nuit du 1er au 2 mars 2013, Rita Henkinet avait mis fin aux jours de ses deux enfants handicapés, Arnaud (24 ans) et Audrey (26 ans). Cette ancienne infirmière de profession, âgée de 57 ans, avait fait absorber à ses enfants un cocktail de médicaments et les avait ensuite étouffés à l'aide de couvertures. Son frère Benoît est accusé de lui avoir apporté son aide.


Une règle qui change en cours de procès

Le procès sera marqué par une situation inédite. Une nouvelle règle de délibération portant sur le déroulement de la cour d'assises entre en effet en application le 29 février. A partir de cette date, les 12 jurés d'un procès d'assises devront être accompagnés des trois magistrats professionnels de la Cour lors de leur délibération sur la culpabilité. Seuls les jurés se prononceront sur la culpabilité. Mais les magistrats professionnels seront présents à leurs côtés pour assister à la délibération et les aider à rédiger ensuite un arrêt motivé.


Un rapport d'expert expurgé

Ce mardi matin, au début du second jour du procès, le ministère public a procédé à la lecture de son acte d'accusation. Le texte de l'avocate générale Marianne Lejeune a été expurgé des rapports de l'expert Walter Denys. D'après l'arrêt rendu lundi par la Cour, le médecin psychiatre ne s'était pas montré impartial à l'égard des accusés lors de la rédaction de ses rapports. Ses positions constituaient une atteinte à la présomption d'innocence.


Benoit découvre sa soeur inconsciente

Le ministère public a détaillé l'ensemble des éléments du dossier selon sa vision des faits. Mme Lejeune a évoqué la découverte des corps des deux enfants ainsi que de Rita Henkinet inconsciente par Benoît Henkinet. Elle a également évoqué le degré de handicap des enfants. Rita Henkinet considérait que ses enfants souffraient d'un lourd handicap et évoquait même régulièrement l'idée de les euthanasier. Mais ce diagnostic est contesté par les responsables du centre spécialisé où étaient placés les enfants. Pour Audrey, ils parlent d'une infirmité motrice et cérébrale, un autisme et un retard mental. Pour Arnaud, les spécialistes ont relevé un retard mental et un retard psychomoteur. Selon l'acte d'accusation, Benoît Henkinet était informé des projets de sa sœur. Il dénonçait des manquements dans la manière dont certains professionnels avaient soigné ses neveux. Il aurait accepté le principe d'une euthanasie en estimant que laisser les enfants en vie revenait à accepter qu'un processus de torture continue.


Une dame gentille et douce

Me Alexandre Wilmotte et Me Emilie Van Stechelman ont exposé les axes de leur défense. Ils ont décrit Rita Henkinet comme une dame gentille et douce qui aimait ses enfants. Après leur avoir donné la mort, elle aurait préféré mourir aussi. La défense a également souligné que Benoît Henkinet n'a posé aucun acte matériel et était absent lors des faits. Pour la défense, les débats se dérouleront autour de questions essentielles qui sont parfois éloignées des notions strictes du droit.

Les interrogatoires des accusés auront lieu ce mardi après-midi.


 

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