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A la rencontre des étudiants sinistrés: plus de "notes" ni de "manuels" pour étudier, des maisons et kots détruits... comment s'organisent-ils?

A la rencontre des étudiants sinistrés: plus de "notes" ni de "manuels" pour étudier, des maisons et kots détruits... comment s'organisent-ils?
© Belga
 
 

Plus de trois semaines après les inondations, la situation reste très compliquée pour les sinistrés. Beaucoup ont tout perdu dans la catastrophe. Et les étudiants ne manquent pas à l'appel... Notre journaliste Bernard Lobet a rencontré Justine, étudiante en 2e année de médecine en province liégeoise. Elle raconte, pour RTL INFO, son quotidien depuis les inondations dévastatrices.

Cela fait plus de trois semaines que les inondations ont frappé le pays, et tout particulièrement la province liégeoise qui est l'une des plus touchées par la catastrophe. Maisons dévastées, routes abîmées, voiture détruites, affaires inondées... En province de Liège, beaucoup de sinistrés ont tout perdu. Et malheureusement, les étudiants ne manquent pas à l'appel: certains n'ont plus rien pour étudier depuis la catastrophe. Les maisons de leurs parents, de leurs proches, ou même, leurs kots, ont été dévastés. Il a fallu déménager, d'autres ont perdu leurs "notes" de travail. Manuels scolaires, ordinateurs, cahiers, cours... Comment font-ils pour travailler dans ces conditions? 

Une session d'examen dès le 16 août et un mémoire à rendre 

Surtout que, comme les autres étudiants du pays, ceux en province de Liège vont aussi devoir bientôt passer leurs 2èmes sessions d'examens à l'Université. Et avant, dès la semaine prochaine, les jeunes devront rendre un mémoire... Les devoirs universitaires sont relancés et ce n'est pas facile dans cette situation. 

A l’ULiège, la session d’examens du troisième quadrimestre commence le 16 aout et court jusqu’au 13 septembre. Certains étudiants de la faculté ont des examens à passer ou un mémoire à présenter dans les dix jours qui viennent... Et les inondations de la mi-juillet n'ont pas simplifié leur tâche. Certains ont dû quitter leur kot qui a été inondé. D’autres ont tout perdu allant de leurs notes aux manuels. Certains ont aussi perdu du temps à cause des inondations et quelques-uns ont du dormir à l’hôtel... Un quotidien difficile pour étudier correctement, expliquent-ils. 

Des étudiants relogés: "De la moisissure partout, pas d'électricité, pas d'eau"

Mais heureusement, la solidarité entre étudiants atténue les difficultés et remonte le moral de beaucoup d'entre eux. Le home du Sart Tilman accueille jusqu'au 15 aout quelques étudiants dont le kot a été rendu inhabitable par les inondations. Les bénéficiaires de ce logement souhaiteraient pouvoir rester tout le mois d'août pour plus de facilité dans leurs études.

Hervé en deuxième master de médecine vétérinaire a dû être relogé, son kot d'Angleur est inhabitable: "Y a de la moisissure partout, pas d'électricité, pas d'eau, pas de wifi... Et je suis en train de travailler sur mon mémoire alors c'est impossible pour moi de travailler dans ces conditions-là...", explique l'étudiant qui est relogé au home du Sart Tilman.

Une connexion internet est indispensable

Caroline est étudiante en deuxième année d'infirmière. Après 15 jours à l'hôtel ,elle est retournée chez elle à Chaudfontaine: "On a toujours pas internet donc déjà pour étudier c'est compliqué, tous les cours sont en ligne... Et parfois les examens, on a 60 questions pour 60 minutes, donc si on a un petit bug, c'est mort"

Mathilde, étudiante en dernière année de droit, a vu ses cours "noyés" lors des inondations 

A une semaine du début des sessions d'été, notre équipe s'est intéressée a ces jeunes qui ont été détournés de force de leur blocus parce qu'ils ont été victimes des eaux ou simplement solidaires d'un voisin ou d'un proche. Notre journaliste Bernard Lobet a rencontré Mathilde, étudiante en dernière année de droit à Esneux.

Lors des inondations, elle étudiait dans sa cuisine: "J'aurais jamais imaginé que ça monterait jusqu'à ma table, donc j'avais laissé mon cours de succession et mon code, je suis monté après avoir déblayé tous mes meubles. Puis quand je suis redescendue, impossible de passer, l'eau était jusqu'à mes escaliers", se explique-t-elle. "Je pense que la seule raison pour laquelle j'ai pleuré, c'est pour mon code de succession que j'avais acheté la veille... Tout noyé", se remémore Mathilde. "Ce qui est embêtant, c'est les synthèses, les prises de notes... Sans la solidarité, j'aurais pu abandonner mon diplôme", regrette-t-elle. 

Un doctorant explique toute l'importance des livres de droit pour les étudiants 

Xavier Miny, doctorant en droit à l'ULiège, explique toute l'importance de ces livres pour les étudiants: "Les manuels en droit, déjà, sont extrêmement importants pour les étudiants pour qu'ils puissent réussir leurs sessions. Ils ont en plus une disponibilité réduite puisqu'on ne les trouve pas dans toutes les librairies et ils présentent un coût certain", détaille le doctorant à notre journaliste. D'où l'idée de fournir les codes aux étudiants. Grâce à ce dispositif mis en place par la faculté de droit de l'Uliège, Mathilde a pu recevoir un nouveau code de succession, "prêté" par son professeur. 

Justine, étudiante en médecine, a 4 examens de repêchage à passer, et une maison sinistrée qui ne l'aide pas à se concentrer 

Justine est en 2ème année de médecine. Elle a 4 examens de repêchage à passer mais elle estime, quand même, avoir de la chance pour une personne sinistrée... "Les manuels je les ai toujours, j'ai réussi à les sauver", débute-t-elle. "J'ai une chambre où étudier même si j'ai du bruit autour de moi. Je suis au premier étage mais juste en dessous, j'entend mon papa qui casse tout parce qu'il faut le faire, et donc ça fait quand même pas mal de bruit", explique Justine. Difficile de travailler dans ces conditions donc, et de se concentrer.

"Ce qui me manque surtout c'est du temps, j'en ai perdu énormément pendant les deux semaines où j'ai aidé mes parents", juste après les inondations des 14 et 15 juillet dernier. "Moi j'étudie 40 pages par jour dans mon système d'étude. Et ici le programme que j'ai fait, je dois étudier entre 70 et 100 pages par jour", termine-t-elle. 

On souhaite bon courage à tous les étudiants! 


 

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