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"Ils ont trouvé 85 mineurs enlacés les uns aux autres, ils ont vu la mort arriver": Sergio revit le drame du Bois du Cazier

 
 

Le 8 août 1956, peu après 8h du matin, une série d'incidents techniques couplés à plusieurs erreurs humaines ont provoqué un incendie meurtrier dans les galeries du charbonnage. 262 mineurs de 12 nationalités, dont une majorité d'Italiens et de de Belges, ont péri asphyxiés par les fumées toxiques. Une journée que Sergio Aliboni n’est pas d'oublier. Mineur, lui aussi, il travaillait sur un autre site et s'est rendu sur place ce jour-là.

A 8h10, le 8 août 1956, la sirène hurle à la mort. Dans les entrailles de la terre, des mineurs sont piégés. A ce moment-là, ils sont 275 dans la mine. La colonne de fumée se voit à des kilomètres. A 21 ans, mineur à Monceau, Sergio Aliboni comprend l’ampleur de la catastrophe et se rend sur place. "Les wagonnets emportaient les poutrelles puis arrachaient tous les câbles électriques, explique-t-il à nos journalistes Aurélie Henneton et Mickael Danse. C'était du feu instantané. Et on savait aussi pour les victimes que seul un miracle pourrait les sauver."


13 survivants

Sept mineurs sortent vivants le jour-même, puis 6 autres rescapés. Pas un de plus… Les sauveteurs viennent de France et d’Allemagne, mais ce n’est que le 23 août que les mineurs secouristes atteignent les 1.035 mètres sous terre. Il ne reste que des cadavres. Les malheureux sont remontés un à un, sur le dos de leurs compagnons.


"Ils savaient que c'était la fin"

"Ils ont trouvé 85 mineurs enlacés les uns aux autres, à genoux, continue Sergio Aliboni, l’un des fondateurs de l’Amicale des Mineurs des Charbonnages de Wallonie. Ils sont morts l’un après l’autre, ils savaient que c’était la fin pour eux. Ils ne savaient plus faire marche arrière, ils ne savaient plus aller de l’avant. Ils sont arrivés à la fin de la galerie. Ils ont vu la mort arriver."


200 veuves et 400 orphelins

Le drame fait 200 veuves et 400 orphelins. L’accident est une catastrophe nationale et internationale, puisque les victimes proviennent de 12 pays, majoritairement des Italiens. "L’homme n’avait aucune valeur. C’était le charbon, il avait plus de valeur que nous, plus de valeur que l’homme."

Sergio fait partie de ces mineurs qui sont passés de maison en maison pour annoncer les décès. Pas une famille n’a été épargnée. 


 

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