Me Vincent Dusaucy a rejeté, au nom de ses clients parties civiles au procès plaidé devant la cour d'assises du Hainaut, les demandes de pardon lancées en cours de procès par Gaetan Minne, "l'un des pires criminels" qu'il ait croisé dans sa carrière, dit-il. L'avocat des deux enfants de Paulette Lachambre et du papa de Cynthia Van Reusel a demandé aux jurés de répondre "oui" aux onze questions posées. Enfin, l'avocat a défendu avec conviction la cour d'assises et son jury populaire.
Me Vincent Dusaucy s'est dit rassuré d'avoir pu plaider ce dossier devant une cour d'assises, "une institution démocratique en voie de disparition" qu'il a défendue avec conviction durant sa plaidoirie, et non pas devant un tribunal correctionnel où l'affaire aurait été plaidée en quelques heures.
"C'est un honneur d'avoir pu défendre le papa, le frère et la soeur de Cynthia Van Reusel", a commenté l'avocat qui est ensuite revenu sur les faits survenus le 22 juin 2015 à la rue de Zone à Marchienne-au-Pont. "Pas moins de 19 liens familiaux ont été détruits ce matin-là, sans oublier le traumatisme des voisins", témoins de l'horreur, "c'est du terrorisme familial", maugrée l'avocat.
Pour Me Dusaucy, il ne fait aucun doute que Gaetan Minne ait voulu la mort des siens le 22 juin 2015 au matin. "Il s'est enfermé dans ses ennuis, qu'il a cherchés seul à coups de Cara Pils. Après avoir bouté le feu, il a pris lâchement la fuite", ajoute l'avocat. "Ce procès nous aura rappelé une évidence, Cynthia a dû pleurer et souffrir atrocement après avoir subi menaces et violences. Quant à ses enfants, ils n'ont pas eu le temps de comprendre la bêtise humaine."
Au nom de ses clients, "qui ne sont pas animés par la vengeance", l'avocat a rejeté les demandes de pardon lancées par l'accusé lors du procès. "Insolvable, il ne déboursera aucun centime pour réparer le dommage, c'est la société qui va payer", a signifié l'avocat aux jurés. Me Dusaucy estime que l'accusé a grillé plusieurs chances que lui avait données la vie.
L'avocat a demandé aux jurés de répondre "oui" aux onze questions qui lui sont posées. "Il a fait souffrir tout son entourage, mais Cynthia est restée amoureuse, lui pardonnant tous ses écarts", poursuit l'avocat, déconcerté par l'aplomb de l'accusé qui a répondu "rien" quand le président de la cour d'assises lui a demandé ce qu'il faisait de ses journées.
Il s'est adressé à l'accusé après avoir lu une lettre écrite par Cynthia à l'occasion de son vingt-sixième anniversaire, "vos victimes vous ont tellement aimé M. Minne". Il a qualifié l'accusé de "l'un des pires criminels" croisés dans sa carrière.
Ce qui n'a pas empêché Gaetan Minne de menacer de mort celle qui l'aimait, lui promettant une danse avec Lucifer, avant de passer à l'acte. "Le piège était forcément mortel car il connaissait les lieux. Ils n'avaient aucune chance de s'en sortir, si ce n'est pour cette petite fille qui a été jetée dehors par sa maman dans un geste héroïque". Me Dusaucy a aussi été marqué par les déclarations des pompiers qui ont été obligés de reculer compte tenu de la violence des flammes.
"Mes clients ont la conviction que tout le monde dormait du sommeil du juste quand il a bouté le feu dans l'habitation. Le geste est ignoble et l'attitude de fuite l'est tout autant, partant même avec la carte de banque de la victime qu'il a utilisée pour retirer de l'argent à Tournai, finançant ainsi sa fuite. Les souffrances des victimes furent brèves mais insoutenables", a poursuivi Me Dusaucy.
Enfin, l'avocat estime que la cour d'assises a permis à l'accusé de faire des aveux partiels. "J'ai la profonde conviction que l'oralité des débats et la vidéo de quatre minutes réalisée par l'expert incendie ont permis ces aveux", conclut l'avocat, qui rejoint ainsi l'avocat général qui avait tenu des propos identiques en cours de procès.
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