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A Bruxelles, vous avez 30 minutes pour sortir vos poubelles: "J'ai toujours loupé le camion"

 
 

Le nouveau calendrier des collectes de déchets 2014 fait grincer des dents à Bruxelles. Sur plusieurs artères commerçantes, les riverains doivent sortir leurs poubelles entre 18h00 et 18h30. Pas évident pour tout le monde...

La propreté publique dans les rues bruxelloises fait couler beaucoup d'encre. Pour Bruxelles-Propreté, la tâche n'est pas des plus simples. Il faut débarrasser la ville de tonnes de déchets tout en jonglant entre les désiderata des 19 communes et en évitant d'encombrer la circulation. Bref, un casse-tête pour mettre en place un système de collectes dans toute la région, tout en rentabilisant au maximum les camions du service public (et donc éviter que certains véhicules restent à l'arrêt).

Mais pour certains riverains, sortir les poubelles devient aussi un casse-tête. En effet, sur plusieurs artères commerçantes, les habitants ne peuvent sortir leurs poubelles qu'entre 18h et... 18h30. "Ce n'est pas tout à fait exact. Les habitants peuvent sortir leurs sacs plus tard si le camion n'est pas encore passé. En fonction de la circulation, l'heure précise de la collecte est un peu aléatoire", a indiqué Etienne Cornesse, porte-parole de Bruxelles-Propreté joint par notre rédaction. La tranche horaire peut donc parfois s'étendre jusque 19h00, voire 19h30 si le camion a pris du retard dans les embouteillages. Mais ça, ce n'est pas une certitude...

18h00-18h30: "Je n'y serai jamais !"

Nous avons ainsi recueilli plusieurs témoignages de personnes qui habitent sur la chaussée de Waterloo, qui traverse Uccle, Ixelles et Saint-Gilles, et passée sur l'horaire de collecte 18h00-18h30 début 2014. "Je suis commerçant et travaille à quelques kilomètres d'ici. Au mieux, je ferme mon magasin à 19h00. Comment voulez-vous que je sois là à temps? Même si leur camion est en retard, je n'y serai jamais", a confié Rodrigo.

Bart, qui habite un peu plus haut sur la chaussée, est employé. Mais il rencontre le même problème. "Je finis à 18h30. A cette heure-là, en pleine heure de pointe, je mets presque une heure pour rentrer. Depuis début 2014, j'ai toujours loupé le camion. Les poubelles s'entassent sur mon balcon", a-t-il indiqué.

"Le monde des bisounours, ça n'existe pas"

Face à ce problème, le porte-parole de Bruxelles-Propreté a mis en avant le fait qu'il était impossible de contenter tout le monde. "Le monde des bisounours n'existe pas. En tant que service public, on doit faire en sorte de contenter un maximum de personnes. Mais vous savez, on a trois régimes différents: les sacs blancs, les sacs bleus et jaunes, et les sacs verts. En fonction de cela et des desiderata des communes, on établit le calendrier. Mais tenir compte de tous les avis des 19 communes, des horaires de travail des riverains tout en veillant à ne pas ralentir la circulation ou réveiller les gens parce qu'on passe la nuit, ce n'est pas possible", a-t-il ajouté.

Comment faire ?

Et donc dans le cas précis des collectes qui s'effectuent entre 18h00 et 18h30, quelle est la solution proposée par Bruxelles-Propreté aux riverains incapables d'arriver à leur domicile avant le camion ? "Le jour des collectes, ils peuvent peut-être essayer de quitter leur lieu de travail un peu plus tôt", a-t-il confié. "Impossible ! Vous m'imaginez mettre mes clients dehors plus tôt, fermer mon magasin à 18h00 au lieu de 19h00, pour sortir mes poublelles ?", a réagi Rodrigo. "Bruxelles-Propreté peut toujours en toucher un mot à mon employeur pour qu'il me libère plus tôt. Moi ça ne me dérangerait pas de finir 45 minutes plus tôt. Mais je doute que mon patron estime que ce soit une raison valable", a plaisanté Bart.

Younes, qui habite sur la chaussée de Waterloo et gère un snack dans le quartier, trouve aussi cette proposition peu réalisable. "Vers 18h00 commence le rush du soir. Même si les clients ne sont pas encore nombreux, ils commencent à arriver et il faut tout préparer. Mon snack se situe à plus ou moins un kilomètre. Rentrer chez moi, sortir les poubelles et revenir me prendrait grosso modo une demi-heure. A ce moment de la journée, c'est inenvisageable", a-t-il expliqué.

Bruxelles-Propreté insiste: "Contenter tout le monde, c'est impossible"

"Je vous dirai la même chose que précédemment. Un calendrier idéal, qui arrange tout le monde, ça n'existe pas", a insisté le porte-parole de Bruxelles-Propreté. "Après, dans un ménage, on n'est pas seul. Si on travaille jusque 19h00, ce n'est pas toujours le cas du conjoint. Pareil pour ceux qui qui ont des co-locataires, comme les étudiants ou les jeunes. Si l'un rentre après le passage du camion, ce n'est sans doute pas le cas de tous", a encore indiqué Etienne Cornesse.

Reste que, parmi nos témoins, ces nouvelles solutions proposées par Bruxelles-Propreté ne sont pas convaincantes. Bart et Younes sont des personnes isolées, et Rodrigo tient son commerce avec... sa compagne, qui habite avec lui. "Pourquoi, s'ils passent en fin de journée, ne pouvons-nous pas sortir nos sacs en partant travailler ? Cela permettrait à tout le monde de se débarrasser de ses ordures", s'est encore interrogé Rodrigo. Nous avons posé la question à Etienne Cornesse, qui a expliqué que "sur une artère telle que celle-là (commerçante ou à forte fréquentation), on ne peut pas laisser des sacs poubelle toute la journée. Notre objectif est quand-même de rendre les rues de Bruxelles propres. Pour les passants, ce ne serait pas agréable de se retrouver au milieu des ordures. Et, croyez-moi, là aussi il y aurait de nombreux riverains mécontents", a-t-il conclu.

Objectif loupé ?

Malheureusement, nous avons pu constater vendredi matin (photos) que ce que Bruxelles-Propreté tentait d'éviter (des sacs qui trainent en rue toute la journée) était finalement le résultat de ce nouvel horaire de collectes. En effet, tous les mardis et vendredis, des riverains sortent leurs sacs après le passage du camion. Ces sacs restent donc en rue pendant 3 ou 4 jours, jusqu'à la prochaine collecte. Effet pervers: quand une chaussée est parsemée de sacs blancs, jaunes ou bleus quasi 7 jours sur 7, une certaine anarchie prend le dessus, et plus personne ne sort ses sacs aux heures demandées. "Depuis le début de l'année, c'est de pire en pire. Il y a des poubelles partout, tout le temps", a confié Rodrigo. Un espoir demeure néanmoins: "Nous avons des équipes qui patrouillent sur le terrain et nous entretenons un dialogue avec la commune. Parfois, en fonction des besoins et des possibilités, un secteur bascule dans une autre tranche horaire", a conclu Etienne Cornesse.


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" Vais négocier un 4/5 pour pouvoir sortir les poubelles vu que je travaille au-delà de 19h et que je vis seule ..." (Emilie)

 

Arnaud Vankerckhove (@arnaudrtlinfo)


 

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