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Yémen: au moins 29 enfants tués dans une attaque, l'ONU veut une enquête "indépendante"

Yémen: au moins 29 enfants tués dans une attaque, l'ONU veut une enquête "indépendante"
Un enfant yéménite attend d'être pris en charge dans un hôpital après avoir été blessé dans une frappe sur la province rebelle de Saada, le 9 août 2018STRINGER
 
 

Au moins 29 enfants ont été tués dans une attaque ayant frappé jeudi leur bus sur un marché dans le nord du Yémen, a annoncé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), suscitant une vague de réprobations et une demande de l'ONU d'enquête "indépendante".

Un hôpital de la province de Saada soutenu par le CICR "a reçu les corps de 29 enfants âgés de moins de 15 ans et 48 blessés, dont 30 enfants", a annoncé l'organisation sur son compte Twitter, sans donner de détails sur la nature de l'attaque ayant touché le marché de Dahyan.

La coalition a reconnu avoir mené une frappe aérienne qui a touché un bus mais soutient que celui-ci ne transportait pas des enfants mais des "combattants Houthis", a déclaré à l'AFP son porte-parole, Turki al-Maliki. Sous commandement saoudien, la coalition a affirmé avoir mené une opération militaire "légitime" dans ce secteur rebelle.

Un photographe collaborant avec l'AFP dans la province a vu des enfants blessés pris en charge dans un centre de secours, pour la plupart ensanglantés. L'un d'eux était perfusé, recouvert d'une couverture de survie, avec un large bandage à la tête.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé à une enquête "indépendante", tandis que Washington a demandé à la coalition dirigée par l'Arabie saoudite une investigation "approfondie".

La région de Saada est le fief des rebelles Houthis, combattus par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite en soutien aux forces du président Abd Rabbo Mansour Hadi.

Un porte-parole du CICR dans la capitale Sanaa, également sous contrôle des Houthis, a averti que le bilan n'était pas définitif puisque les victimes ont été transportées dans des hôpitaux différents.

Les médias des rebelles Houthis ont pour leur part donné un bilan de 50 morts et 77 blessés, qui n'a pas pu être confirmé de source indépendante dans l'immédiat.

Cité par la chaîne de télévision rebelle Al-Massirah, un porte-parole du ministère de la Santé des Houthis a confirmé que le bilan était particulièrement lourd parce que l'attaque avait touché un marché fréquenté.

- "Enfants innocents tués" -

Selon l'ONG Save The Children, qui a condamné une "horrible attaque" et réclamé une enquête indépendante, les enfants ont été touchés alors qu'ils se trouvaient dans ce bus les ramenant à l'école après un pique-nique.

"De nouveau, de nombreux enfants auraient été tués ou blessés lorsqu'un bus scolaire a été attaqué dans le nord du Yémen. (...) Est-ce que le monde a vraiment besoin de voir davantage d'enfants innocents tués pour arrêter la guerre cruelle au Yémen?", a réagi le directeur du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) pour le Moyen-Orient, Geert Cappelaere.

La coalition a qualifié l'attaque qu'elle a menée d'"opération militaire légitime".

"L'attaque qui s'est produite aujourd'hui dans la province de Saada est une opération militaire légitime contre des éléments qui ont (...) tiré la nuit dernière un missile contre la ville (saoudienne) de Jizane, faisant un mort et des blessés parmi les civils", a indiqué la coalition dans un communiqué.

Cette dernière avait annoncé mercredi que la défense anti-aérienne saoudienne avait intercepté dans le sud du royaume un missile tiré par les rebelles Houthis dont les débris ont tué un Yéménite et blessé onze personnes.

Sur Twitter, l'organisation Médecins sans frontières (MSF) s'est dite "profondément attristée" par l'attaque de jeudi, soulignant que cette zone --où elle fournit un soutien médical-- est inaccessible depuis un mois pour des raisons de sécurité.

"Les civils continuent de payer le prix le plus élevé après trois ans de guerre au Yémen, des milliers d'entre eux ont été tués, blessés ou amputés", a déploré l'ONG.

- "Horrible attaque" -

Il y a une semaine, la coalition avait nié avoir lancé des attaques qui ont fait, selon le CICR, 55 morts et 170 blessés à Hodeida, dans l'ouest du Yémen.

Cette ville stratégique est contrôlée par les Houthis qui ont également attribué à la coalition la responsabilité de ces attaques. Mais celle-ci a démenti et accusé à son tour les rebelles de les avoir menées.

La coalition a été accusée à plusieurs reprises de bavures ayant coûté la vie à des centaines de civils.

Elle a admis sa responsabilité dans certains raids ayant tué des civils mais accusé les Houthis de se mêler aux civils ou de les utiliser comme boucliers humains.

Un argument répété jeudi après avoir affirmé dans un premier temps avoir visé des responsables de tirs de missiles sur l'Arabie saoudite.

"Cette opération a été menée dans le respect du droit humanitaire international", a-t-elle assuré, accusant les Houthis de recruter des enfants.

Les rebelles Houthis, issus de la minorité zaïdite (une branche du chiisme) qui s'estime marginalisée dans un pays majoritairement sunnite, sont soutenus par l'Iran mais Téhéran conteste leur fournir un appui militaire.

La guerre au Yémen a fait plus de 10.000 morts depuis le lancement de l'intervention de la coalition en mars 2015 et provoqué "la pire crise humanitaire" au monde, selon l'ONU.


 

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