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En France, un Noël chrétien entre "espérance" et vigilance post-attentats

En France, un Noël chrétien entre "espérance" et vigilance post-attentats
Des policiers devant le Sacré-Coeur à Paris, le 14 novembre 2015PATRICK KOVARIK
 
 

Les chrétiens de France s'apprêtent à passer un Noël particulier: la vigilance sera renforcée à l'entrée des églises, où l'affluence s'annonce importante, les autorités religieuses voyant dans cette fête un signe d'"espérance" après les attentats.

Jeudi soir et vendredi, des dizaines de milliers de messes (catholiques), cultes (protestants) et divines liturgies (orthodoxes) seront célébrés dans tout le pays pour fêter la Nativité de Jésus.

"Il y aura du monde à Noël, et peut-être davantage cette année, en raison de ce que nous vivons", prédit le porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Olivier Ribadeau Dumas. "Les dimanches qui ont suivi les attentats du 13 novembre, nous avons eu plus d'affluence dans nos églises. Les gens avaient besoin de retrouver une intériorité, de réfléchir à la vie en société", explique-t-il à l'AFP.

Un peu plus d'un mois après les attaques jihadistes qui ont fait 130 morts, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a réitéré auprès des préfets les conseils de sécurité émis en avril après l'attentat déjoué de manière fortuite à Villejuif (Val-de-Marne). Arrêté dans ce dossier, Sid Ahmed Ghlam, un Algérien de 24 ans, est soupçonné d'avoir fomenté un acte terroriste contre une ou plusieurs églises en région parisienne.

La circulaire appelle à "une vigilance toute particulière" lors des célébrations de Noël qui "pourraient constituer des cibles d'une exceptionnelle force symbolique". De fait, les références antichrétiennes abondent dans la propagande de l'organisation Etat islamique (EI). Dans son communiqué revendiquant les attentats du 13 novembre, le groupe jihadiste avait présenté Paris comme la capitale portant "la bannière de la Croix en Europe".

Parmi les "recommandations" figurent le "contrôle visuel" aux entrées des lieux de culte, "l'ouverture des vestes et manteaux" et le "signalement" à la police de tout "comportement inhabituel".

- Fête du "prince de la paix" -

La France compte 45.000 églises catholiques - un certain nombre sans activité cultuelle -, auxquelles s'ajoutent 4.000 temples protestants et 150 édifices orthodoxes.

"En fonction du positionnement des lieux de culte, des gardes statiques, des patrouilles dynamiques peuvent être mises en place, elles le seront par les forces de sécurité", a affirmé mardi le ministre de l'Intérieur à la sortie d'une rencontre avec des représentants des cultes. Bernard Cazeneuve a aussi évoqué la condamnation de certaines portes des églises "pour garantir un meilleur filtrage".

"Il faut en même temps dire aux Français la vérité: il y a dans notre pays un peu moins de 300.000 policiers et gendarmes, il y a 77.000 écoles, il y a des milliers de lieux de culte, il y a des milliers d'institutions. Donc c'est par des patrouilles dynamiques, des mesures de précaution prises par les institutions religieuses elles-mêmes que nous parviendrons à assurer la sécurité, et tout est fait pour que la sécurité soit garantie", a poursuivi le ministre.

Au nom de la CEF, l'évêque de Pontoise, Mgr Stanislas Lalanne, s'est félicité que "des mesures de prudence, de vigilance soient prises - et nous y participons".

"Je crois que c'est important que dans la nuit de Noël, où l'on fête le +prince de la paix+, les chrétiens puissent se rassembler, prier ensemble", a-t-il souligné.

Dans leurs traditionnels messages de Noël, les responsables chrétiens n'oublient pas la dimension d'accueil que revêt cette fête.

"Après l'effroi et le malheur causés par un terrorisme ignoble, comment annoncer cette lumière" de la Nativité ?, s'interroge le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France. En relayant à travers Noël "le message d'une espérance imprenable", répond-il.

Le "Monsieur islam" de l'épiscopat, le Père Vincent Feroldi, veut quant à lui voir une opportunité dans la concordance, rarissime, entre Noël et le Mawlid, la fête de la naissance du prophète Mahomet, célébrée cette année entre le 23 et le 25 décembre.

Il en espère un accueil mutuel entre chrétiens et musulmans, afin de "donner à nos contemporains un signal majeur sur le vivre-ensemble".


 

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